Aujourd’hui, de nombreux citoyens de Lelouma évoluent dans des petites entreprises locales. Ils constituent incontestablement l’une des couches sociales les plus importantes et occupent une place de choix dans la localité. Du menuisier au chaudronnier en passant par le maçon, le boulanger, le peintre ou encore le tailleur, l’électricien et le plombier, c’est autant de citoyens qui, chaque jour, mettent leurs compétences et leur savoir-faire au service des particuliers. C’est un secteur qui représente un grand pourcentage de l’économie au niveau local.
Cependant, tout ce beau monde exerçant dans ces différents corps de métiers évolue comme mentionnés ci-haut dans des activités différentes.
Du coup, ce sont des profits qui sont chaque année perdus à travers les appels d’offres car la plupart des entités ne possèdent même pas d’agrément.
De la désorganisation de ces petites entreprises
A Lélouma, les associations regroupant ces particuliers n’ont pas fait long feu. Elles n’existent que par le nom car non fonctionnelles. Aussitôt installés, les membres délaissent peu à peu les activités desdites associations.
Maître Boubacar Diallo, menuisier de profession est le vice-président de la fédération « artisanale » de Lélouma qui devrait regrouper toutes les entités dans le secteur informel. Il revient ici sur ladite fédération depuis son installation jusqu’à nos jours.
« En 2003, nous avons jugé nécessaire de mettre en place ici à Lélouma une fédération des artisans. L’objectif était de rassembler les différents corps de métiers autour d’un seul idéal. A l’époque, nous étions 79 personnes. Il y avait des menuisiers, des maçons, des plombiers, des carreleurs, des tisserands, des peintres, des forgerons… Bref tous les métiers étaient représentés. (…). Mais aujourd’hui, nous ne sommes que près de 13 personnes qui continuent tant bien que mal à faire le minimum pour ne pas que ça s’étiole complètement. Mais franchement, le bureau ne fonctionne plus comme on l’aurait souhaité. Parce-que même pour les rencontres mensuelles, il n y a que deux ou trois personnes qui se présentent », déplore t il.
Sur la même lancée, Thierno Sadou Diallo, chaudronnier de son état se rappelle de la mise en place de la fédération des « ouvriers » qu’il avait même participé à implanter mais qui, aujourd’hui n’est plus fonctionnelle. » Il y a eu des associations pour nos différentes corporations ici à Lélouma. Il fut un moment où certains de mes amis ouvriers et moi nous nous sommes mis à fond pour mettre en place une fédération des artisans de Lélouma. Avec beaucoup d’efforts, nous avions à l’époque pu mobiliser tous les artisans autour d’un seul idéal. Ça avait bien débuté. On se retrouvait de façon mensuelle pour pencher nos plaies et proposer d’éventuelles solutions. On profitait en même temps de ces rencontres pour verser une somme dans la caisse. Mais avec la maladresse de certains de nos responsables, petit à petit, les gens se sont découragés et on arrête de verser leurs contributions et on a finalement tout abandonné au sein de la fédération », regrette le chaudronnier.
Dans la foulée, Djoûbairou Diallo, ingénieure et maître maçon soutient que les artisans, les autres corps de métiers évoluent en rangs dispersés et que leur fédération n’existe que par le nom.
« C’est vrai que nous, hommes de métiers, on s’appelle lorsqu’il y a nécessité de faire telle ou telle activité. Mais dire qu’il y a une association qui nous réunit ici et qui œuvre vraiment dans le sens de l’intérêt commun de tous, en ce que je sache, c’est non. Car la fédération qui était là n’a presque plus d’adhérents. En clair, ça ne fonctionne pas. Et ce, au détriment du secteur qui perd des profits à chaque fois. Le secteur n’est pas réglementé. Les prix se fixe à la hâte. Le non-respect des normes dans la construction, le manque de professionnalisme de certains qui se réclament de tel ou tel autre métiers. C’est autant des choses qui ne profitent ni aux travailleurs ni à nos clients »,-s’insurge le maçon.
Avant de poursuivre: » il y a toujours des appels d’offres dans la construction. Mais on ne peut même pas postuler. Car ne possédant pas d’agrément. L’ État, les ONG ne peuvent pas confier ces genres d’activités à un simple particulier. Il faut que nous les ouvriers, qu’on ouvre les yeux et qu’on se mobilise pour mettre en place une structure digne de nos activités ici à Lélouma pour qu’on puisse mieux bénéficier des fruits de notre travail. Et cela ne peut se réaliser qu’à travers une fédération solide. Si non, c’est peine perdue », lance Djoûbairou Diallo communément appelé Maître Mané.
Pour d’autres « artisans » interrogés sur la question, d’aucuns pensent que le manque d’informations et la gestion opaque desdites associations sont entre autres les possibles causes de la dislocation dans le secteur. Car pour la plupart d’entre eux, il n’y a pas eu le résultat escompté.
Et selon toujours le vice-président de la fédération, les acteurs locaux de ces métiers veulent du résultat dans l’immédiat: « vous savez, ce n’est pas le jour de la chasse qu’on dresse les chiens. Certains parmi nous veulent être assistés dans l’immédiat et sans efforts. C’est ce qui aussi cause problème. C’est un travail de longue haleine. Parfois, quand il y a des missions venues d’ailleurs, on voit même des ouvriers dont on n’a pas connaissance se réclamer du secteur. Mais quand il s’agit des choses sérieuses, on ne voit presque personne », rapporte-t-il.
Quelle solution pour inverser la tendance?
Le vice président de ladite fédération compte » passer par la sensibilisation pour une prise de conscience collective de tous les corps de métiers pour une union locale solide. Faire comprendre aux uns et aux autres l’importance de nous donner la main. Parce-que, quelle qu’en soit la force d’une personne, deux, c’est toujours mieux. Du coup, si nous voulons le progrès dans notre secteur, nous devons nous unir et de nous entraider. En perspective, nous allons passer par la sensibilisation et autres principes pour nous réunir autour d’un seul idéal », a-t-il promis.
Enfin, Boubacar Diallo sollicite auprès de la mairie et de la préfecture plus d’implication et d’appui aux acteurs évoluant dans le secteur informel pour que ces derniers et les citoyens puissent tous en bénéficier et y tirer profit.