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Leçons de Démocratie : l’Afrique Face au Modèle de Transition de Joe Biden

Il est une vérité tragique qui se dessine, telle une ombre menaçante, sur le continent africain : la folie de l’exercice du pouvoir à vie. Cette obsession, partagée par nombre de présidents octogénaires, transcende le simple désir de gouverner. Elle s’inscrit dans une psyché collective où le pouvoir devient une fin en soi, détaché de toute considération pour le bien commun ou le progrès social et économique.

La science politique et la psychologie offrent des outils pour comprendre cette dynamique pernicieuse. La théorie de l’hubris, développée par le psychiatre David Owen, décrit comment le pouvoir prolongé peut altérer la cognition des dirigeants, les plongeant dans une illusion d’invincibilité. Ces leaders, souvent comparés aux rois solitaires perchés sur leurs trônes, en viennent à croire qu’eux seuls détiennent la clé de la stabilité et de la prospérité de leurs nations. Pourtant, cette croyance est une chimère destructrice.

Prenons l’exemple de Paul Biya, président du Cameroun depuis plus de quatre décennies. À 91 ans, il incarne l’archétype du dirigeant africain qui refuse de lâcher les rênes du pouvoir. Sous son règne, le Cameroun a stagné, prisonnier d’un marasme économique et social. La jeunesse, qui représente l’avenir du pays, est désillusionnée, contrainte de chercher des perspectives ailleurs. L’économie est en berne, la corruption rampant gangrène chaque institution, et les infrastructures vitales tombent en ruine. Cette stagnation n’est pas une simple coïncidence ; elle est le fruit d’une gouvernance obsolète et rigide, incapable de s’adapter aux défis contemporains.

Un autre exemple saisissant est celui de Denis Sassou Nguesso, président du Congo, dont le règne cumulatif dépasse les trois décennies. Malgré les richesses pétrolières du pays, la population congolaise reste majoritairement plongée dans la pauvreté. Les revenus issus des ressources naturelles bénéficient à une élite corrompue, tandis que les services publics sont négligés. Le pouvoir de Sassou Nguesso est marqué par une répression sévère de l’opposition et une manipulation des processus électoraux, anéantissant toute possibilité de transition démocratique.

La sociologie nous enseigne que le pouvoir à vie engendre une forme de paralysie institutionnelle. Max Weber, dans son analyse des types d’autorité, décrit comment le pouvoir charismatique peut dégénérer en domination bureaucratique, étouffant toute innovation. Dans ce cadre, les dirigeants octogénaires deviennent les fossoyeurs de leurs propres nations, fermant la porte à toute forme d’alternance politique et empêchant l’émergence de nouvelles idées et de leaders potentiels.

Le refus de l’alternance politique est aussi une trahison des principes démocratiques et des aspirations populaires. En se maintenant indéfiniment au pouvoir, ces présidents érigent des régimes autoritaires, souvent soutenus par une répression brutale. Les manifestations pacifiques sont réprimées dans le sang, les voix dissidentes réduites au silence par la peur et l’intimidation. Cette violence institutionnelle, loin de stabiliser le pays, alimente un cycle de méfiance et de révolte qui fragilise davantage la société.

Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de la Guinée équatoriale depuis 1979, est un autre exemple de cette tyrannie du pouvoir. Malgré les immenses réserves de pétrole, le pays affiche des indicateurs de développement humain parmi les plus bas au monde. La richesse nationale est accaparée par le clan présidentiel, tandis que la majorité de la population vit dans la misère. Les droits humains sont systématiquement bafoués, et toute opposition est étouffée. Le règne d’Obiang Nguema est une illustration parfaite de la manière dont le pouvoir à vie peut devenir une malédiction pour un pays.

L’impact économique de cette folie du pouvoir est dévastateur. Les politiques économiques archaïques, souvent dictées par des intérêts personnels ou des alliances douteuses, plongent les pays dans une spirale de sous-développement. L’absence de vision stratégique, combinée à une corruption endémique, décourage les investissements étrangers et locaux. Les secteurs clés tels que l’éducation, la santé et les infrastructures sont négligés, privant les populations des outils nécessaires pour sortir de la pauvreté.

Il est temps de briser ce cycle infernal. La solution réside dans une prise de conscience collective et une mobilisation pour le changement. L’Afrique regorge de potentialités inexploitées, de jeunes talents prêts à innover et à bâtir un avenir meilleur. Pour ce faire, il est impératif d’instaurer des systèmes politiques qui favorisent l’alternance, la transparence et la responsabilité. Seule une rupture nette avec les pratiques du passé permettra de libérer l’énergie créatrice de ces nations et de les guider vers un développement durable et inclusif.

En cela, les potentats africains feraient bien de suivre l’exemple humble et courageux de Joe Biden, président des États-Unis, qui, à 81 ans, a décidé de retirer sa candidature à la prochaine présidentielle de novembre 2024. Cette décision, dictée par la sagesse et la reconnaissance des limites imposées par le temps, contraste fortement avec l’entêtement des dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir malgré les ravages causés à leurs pays. En renonçant à briguer un nouveau mandat, Joe Biden montre que le véritable leadership consiste à savoir quand passer le relais, offrant ainsi à son pays une chance de renouveau et de dynamisme politique.

En conclusion, la présidence à vie est une aberration qui ne sert qu’à satisfaire l’ego démesuré de quelques individus, au détriment de millions de vies. L’Afrique mérite mieux que d’être enchaînée à des leaders fossilisés par le temps. Elle mérite des dirigeants visionnaires, capables d’inspirer et de conduire leurs peuples vers un avenir de prospérité et de justice sociale. La folie du pouvoir doit céder la place à la sagesse de l’alternance, pour que le continent puisse enfin réaliser son immense potentiel.

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