En réponse à un avis favorable à lui adressé par la Cour constitutionnelle, le président Alpha Condé, à travers un décret lu sur les ondes des médias publics ce vendredi 11 janvier, a prorogé le mandat des députés.
Peu avant cet acte, l’avocat et ancien ministre de la Sécurité et de la Protection civile, s’est penché sur la situation, vu que l’avis de la Cour constitutionnelle était suffisamment relayé par les médias. Et voici le commentaire de Me Abdoul Kabèlè Camara à ce propos :
« Vous savez, c’est une question délicate. On est allé très vite. Mais, que disent les dispositions légales, constitutionnelles? Le président de la République assure le bon fonctionnement des institutions. Pourquoi voulons-nous toujours proroger le mandat des institutions? C’est la jurisprudence maintenant en Guinée. Chaque institution, dont le mandat est arrivé à terme, on appuie sur un bouton. On proroge le mandat. La saisine de la Cour constitutionnelle est prévue par l’article 30 de la loi sur la Cour constitutionnelle: le président de la République a cette autorité. Mais, dans la situation des députés, la prorogation du mandat des députés se fait dans des circonstances particulièrement graves. C’est subordonné à une condition: la gravité particulière de la situation. Est-ce qu’aujourd’hui, sincèrement, nous vivons une situation particulière grave pour autoriser l’Etat à saisir la Cour constitutionnelle et proroger le mandat des députés? », s’interroge l’avocat qui ajoute qu’on est ni en situation de guerre, ni en temps d’une quelconque pandémie qui puisse empêcher les citoyens de voter.
Dans le même sillage, le président du RGD a indiqué que les élections présidentielles, législatives et locales sont prévues par les lois et règlements de la République, avec la durée des mandats également fixée. Partant donc du principe selon lequel gouverner c’est prévoir, le conférencier s’est demandé pourquoi l’Etat ne se dote-t-il pas des moyens qu’il faut pour organiser les élections à date. « Pourquoi faut-il tout le temps user d’artifices pour proroger le mandat et dire qu’on n’est pas prêt », a-t-il posé en guise d’équation.
« Pour moi, c’est une grave erreur. C’est un déficit que seul l’Etat peut justifier, parce que la condition de gravité ne peut être justifiée par qui que ce soit », a défié Abdoul Kabèlè Camara.