Lin Ming, ingénieur en chef de la section de l’îlot et du tunnel du pont
En voiture sur le pont Hong Kong-Zhuhai-Macao (HZMB), quand je vois le lointain, mer et ciel se fondent. Quand le projet de HZMB s’achèvera finalement en fin d’année, je vais quitter ce pont qui m’avait accompagné jour et nuit. Je pense souvent à chaque moment pendant les 15 ans précédents. Ma joie, ma tristesse et ma colère étaient étroitement liées avec ce projet du siècle qui a transformé la barrière naturelle en route.
“Ce pont, symbole de renouveau et source de confiance, nous a permis de réaliser nos rêves et de nous unir.” “Ce pont montre l’esprit de travail dur d’un pays qui construit une route face aux montagnes et érige un pont face aux rivières pour les traverser. Il met en valeur la force globale, la capacité d’innovation autonome et la détermination de se hisser au premier rang du monde de la nation chinoise.” Je me rappelle souvent les mots du secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois Xi Jinping lors de l’inauguration du pont. Ces mots expriment le plus bel éloge de ceux qui ont participé à la construction et les attentes les plus sincères sur ceux qui contribuent à la construction de la nouvelle ère.
Le HZMB est long de 55 kilomètres. Les îles artificielles et les tunnels immergés sont les parties clés. C’est le premier tunnel avec des tronçons immergés en pleine mer de la Chine et le seul tunnel immergé en profondeur dans la mer dans le monde. Face aux frais exorbitants de 150 millions d’euros demandés par les sociétés de conseil étrangères, nous avons décidé de relever les défis techniques nous-mêmes grâce à l’innovation autonome.
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Ce choix signifie que la construction sera parsemée de difficultés. Le déploiement des quatre techniques essentielles dans la construction des îles et des tunnels, c’est-à-dire “la construction rapide des îles”, “les éléments de structure semi-rigides”, “les fondations composites” et “les travaux et l’installation des tubes en eau profonde et dans les tranchées profondes”, a toutes rencontré des obstacles. La construction rapide des îles est la première étape de la construction des îles et des tunnels. Le premier défi technique consistait à fixer 120 cylindres d’acier avec un diamètre de 22 mètres chacun en profondeur sur le fond marin pour former 2 cercles enfermés. Lors des essais sur la Baie de Bohai, les cylindres d’acier ne pouvaient pas être installés même si l’équipe a tout essayé. Cet obstacle a inquiété énormément tout le monde, à tel point qu’ils se demandaient si l’innovation autonome leur permettrait de construire le pont eux-mêmes. Après la vérification, ils ont compris que les roues dentées du marteau ont été bloquées. Une fois le problème résolu, les essais ont été accomplis avec succès. Des techniciens, très sérieux et réservés d’habitude, se sont mis à pleurer. À ce moment-là, j’ai compris davantage l’importance de l’innovation autonome.
Le pont a grandi grâce à l’innovation et à l’attention aux détails. La partie la plus importante de la construction du pont consistait à installer 33 tubes immergés, dont chacun pèse 80 000 tonnes, sur le fond marin. Chaque tube a été installé dans des circonstances différentes. Lors de l’installation du 28e tube, les courants océaniques, beaucoup plus complexes que prévus, ont fait osciller le tube gigantesque de 80 000 tonnes. Il fallait l’ajuster sans cesse de façon précise pour l’installer correctement. L’ajustement nécessitait l’aide des plongeurs, qui d’habitude faisaient 3 tests pour finir ce processus. Mais l’installation du 28e tube a nécessité plus de 200 tests. Le nombre record de tests a permis une installation parfaite et précise.
Aujourd’hui, de gigantesques équipements d’ingénierie maritime ont été installés de façon ordonnée sur l’océan. Des tubes pesant 80 000 tonnes ont été soulevés par des grues pour être placés sur le fond marin de façon précise. Nous sommes capables de construire des mégaprojets comme si nous fabriquions des produits sur les chaînes de production. Je n’arrive même pas à exprimer ma fierté avec les mots. La construction et l’inauguration du HZMB ont été ma source de bonheur et du sens de gain : dans la construction de la nouvelle ère qui se développe très rapidement, des ingénieurs de notre génération sont à la hauteur de ce que l’on attend de nous !
Le projet de HZMB s’achèvera bientôt, mais nous continuerons à construire des mégaprojets dans la nouvelle ère. Nos ingénieurs travaillent assidûment pour construire le tunnel de 14 kilomètres sous l’estuaire de la Rivière des Perles qui fait partie de la ligne ferroviaire Shenzhen –Jiangmen, le tunnel sous-marin à la Baie de Dalian et le pont Shenzhen – Zhongshan (province du Guangdong). Avec beaucoup d’enthousiasme, ils travaillent pour réaliser le rêve chinois.
(Li Gang, journaliste du Quotidien du Peuple, a réalisé l’interview et a finalisé l’article.)