Plus de six mois après, c’est finalement ce lundi 7 janvier 2019 que le gouverneur de la ville de Conakry, le général Mathurin Bangoura est passé devant le TPI (Tribunal de Première Instance) de Kaloum pour «abus d’autorité» interdisant une marche des FSG (Forces Sociales de Guinée).
Au sortir de la salle d’audience, l’avocat de la partie civile, Me. Salifou Béavogui a déclaré que cette comparution du général Mathurin Bangoura est une avancée significative dans la construction de l’Etat de droit en Guinée.
« Depuis le 25 juillet 2018, le gouverneur de la ville de Conakry, le général Mathurin Bangoura a été cité par les membres de FSG qui lui reprochent l’interdiction d’une marche légalement autorisée par les autorités communales de Dixinn et de Matam. Après plusieurs renvois du dossier, le gouverneur de la ville de Conakry a été enfin bien conseillé, cette fois-ci, il a effectivement comparu ce marin à la barre. Le général Bangoura s’est soumis aux questions de toutes les parties conformément à la procédure. Il faut préciser que les faits sont incontestables, plausibles et établis.
La commune de Dixinn tout comme celle de Matam avaient autorisé la marche des FSG pour le 23 juillet 2018 de 8 heures à 18 heures avec l’itinéraire rond-point de la Tannerie en passant par le Pont de Kénien, le carrefour Belle-vue pour prendre fin à l’Esplanade du stade de 28 Septembre. Juridiquement, les FSG étaient dans leur droit de manifester qui avaient pour but, d’exiger la baisse du prix du carburant à huit mille francs guinéens.
C’est à veille de la marche que le gouvernorat de la ville de Conakry s’est fendu d’un communiqué interdisant cette marche, une décision qui est contraire à notre constitution. Dans ses prérogatives, le gouverneur de Conakry, en tant qu’autorité de tutelle, ne peut que confirmer ou infirmer une interdiction. Mais il n’a aucun droit d’interdire une manifestation surtout autorisée par les autorités à la base. Lorsque les communes ont autorisé la marche, en tant qu’autorité locale compétente, le gouverneur ne peut que sécuriser en tant que responsable du conseil de sécurité de la ville. C’est la raison pour laquelle, les forces sociales l’ont attaqué en justice. Donc, c’est une responsabilité pénale qui est personnelle et qui doit être dissociée de sa fonction…», a-t-il déclaré.
Pour sa part, Ibrahima Diallo chargé des opérations des Forces Sociales de Guinée a laissé entendre que personne n’est au dessus de la loi faisant allusion de cette comparution du gouverneur de la ville de Conakry.
« Nous avons compris à travers cette comparution du gouverneur de la ville Conakry, le général Mathurin Bangoura que nous sommes tous égaux devant la loi. Vous avez vu le général Mathurin Bangoura coincé à la barre, ses avocats et lui-même n’ont aucun argument. Nous avons adressé le courrier aux trois communes notamment Matoto, Matam et Dixinn. Les deux derniers ont répondu favorable. Quant à la commune de Matoto, elle n’a pas daigné nous répondre. C’est pourquoi, quand l’avocat a demandé au général Mathurin Bangoura qu’est-ce qui veut dire si on ne répond pas à une demande. M. Bangoura a clairement dit dans la salle d’audience que si une demande de manifester n’est pas répondue, qu’elle est autorisée. Ce qui veut dire qu’on ne devait pas nous empêcher au carrefour de la Tannerie qui était notre point de ralliement. C’est quand il s’agit de faire la marche dans toutes les cinq communes la capitale que gouverneur de la ville de Conakry doit recevoir un courrier. Mais ses avocats lui ont induit dans les erreurs parce que pour cette marche, nous n’avons adressé ni de courrier à la commune de Ratoma et encore moins à la commune Kaloum. Seules les trois communes sur les cinq étaient concernées et heureusement les autorités de deux communes nous ont répondu favorablement. C’est un procès pénal, le gouverneur Mathurin Bangoura sera condamné et il va se retrouver à la Maison centrale », affirme-t-il.