Parmi les innombrables problèmes dont souffre la population mondiale aujourd’hui, l’accès à un logement de qualité est sans doute l’un des plus préoccupants. Selon l’ONU-Habitat, 1 milliard et 600 millions de personnes dans le monde vivent dans des logements inadéquats. Parmi ces personnes, 15 millions sont expulsées de force chaque année, notamment à cause du prix du logement qui devient insupportable pour la plupart, mais aussi en raison des occupations parfois irrégulières des domaines habités. La Banque mondiale estime quant à elle à 285 millions le nombre d’africains qui n’ont pas accès à un logement décent, cela représente 2/3 de la population urbaine d’Afrique. Malheureusement, la Guinée ne fait pas exception à cette réalité qui constitue aujourd’hui pour le pays un fléau aussi grave que la pandémie du coronavirus ou de la fièvre hémorragique à virus Ébola. Pourquoi ? Parce que le fait d’être privé d’un logement adéquat expose l’individu à un cadre de vie favorable aux contaminations communautaires et donc à l’expansion du virus et le développement d’autres types de maladies.
Outre ces raisons, il faut surtout indexer le manque d’engagement de l’État qui jusqu’à présent, en dehors des déclarations verbales infructueuses et malgré l’élaboration d’un plan national de développement économique et social (PNDES), ne fait rien encore de concret sur le terrain pour résoudre la crise du logement dans la capitale et dans les principales villes du pays. Bien au contraire, le gouvernement guinéen s’est plutôt employé dernièrement à saisir ce qu’il appelle les « domaines de l’État » en procédant à des expulsions forcées de populations installées depuis des décennies, détruisant leurs maisons et les laissant pour compte sans aucun dédommagement pour la majorité d’entre elles. En vérité, une telle attitude gouvernementale relève de la pure injustice et d’un dysfonctionnement total des institutions démocratiques dans la mesure où les populations qui sont déshéritées de leurs biens ont été installées « légalement » dans ces lieux grâce à la complicité d’une administration corrompue. Le président de la République l’avait d’ailleurs reconnu lui-même dans une déclaration à la nation datant du 22 novembrede l’année dernière, où il affirmait que « si beaucoup de gens ont construit sans autorisation c’est la faute de l’administration… c’est la faute au ministère de l’urbanisme. » Dans ces circonstances quelle est le fondement légitime de ces déguerpissements par la force ?
Ceci dit, un fait plus déplorable encore à relever dans cette opération du gouvernement est de voir que ces démolitions de maisons ne sont pas accompagnées par un projet de restructuration immédiate ou tout au moins à très court terme de ces quartiers démembrés. Conséquence : ces espaces vides créés au milieu de la ville sont laissés dans tous leurs états, sans périmètre de sécurité, entre poussières toxiques et amoncellements de débris ferreux qui peuvent s’avérer dangereux pour la sécurité des habitants qui les côtoient et pour les passants. Or, le véritable enjeu serait d’avoir au préalable une planification en amont de telles opérations qui permette de savoir quel genre de projet faire à la place des lieux laissés vacants et dans délai le faire.