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L’AVCB à Alpha Condé : œuvrer « pour qu’enfin les familles des victimes fassent leur deuil ».

« Notre vie et celle de nos enfants sont faites de pleurs, de douleurs, de cauchemars de déchirements tant étaient effroyables  le sort inhumain qui était réservé à nos pères. Ils n’ont pas eu le droit à la justice. »

En 1971, a eu lieu en Guinée une série de pendaisons. Parmi les victimes, figurent des anciens prisonniers du tristement camp célèbre, le Camp Boiro. Pour célébrer ce triste anniversaire, victimes, enfants et petits-fils, munis d’une banderole où figurent quelques prisonniers disparus, ont organisé, ce vendredi 25 janvier 2019, une marche à Conakry pour dénoncer le silence des autorités et réclamer justice.

Regroupés à quelques mètres du pont des pendus (le pont 8 novembre, ndlr), les manifestants, des centaines, se sont dirigés sur ledit pont pour déposer une gerbe de fleurs à la mémoire des disparus avant de rejoindre le Camp Boiro.

Dans son discours, lu devant la masse, Abdoulaye Condé, membre de l’Association des Victimes du Camp Boiro rappelle : « il y a aujourd’hui 48 ans, qu’une purge sans précédent s’est abattu sur notre  pauvre Guinée. Vous vous en souvenez d’ailleurs monsieur le président (Alpha Condé, ndlr). Vous avez été condamné par contumace. Vous avez été sauvé parce qu’absent de la Guinée. Nos pères, compagnons de l’indépendance de Sékou Touré n’ont pas eu cette chance. La brutalité des pendaisons, les exécutions sommaires, les tortures pour avouer des crimes suspectés, les humiliations de plus de 80 pendus à travers la Guinée continuent de hanter le sommeil des épouses et les enfants  des suppliciés ».

Dans un ton qui tremble, il ajoute : « notre vie et celle de nos enfants sont faites de pleurs, de douleurs, de cauchemars de déchirements tant étaient effroyables  le sort inhumain qui était réservé à nos pères. Ils n’ont pas le droit à la justice. Ils avaient été désignés par Sékou Touré, par le PDG (parti démocratique de Guinée) et la révolution pour être liquidés afin de satisfaire la soif de sang de Sékou Touré ».

Avec le slogan ‘’Plus jamais ça’’, il enchaine : « ces tueries organisées, orchestrées, réfléchies et préméditées ne doivent pas vous laisser indifférent aujourd’hui. Vous devez poser des actions concrètes de condamnation de la répression sauvage, implacable, arbitraire de Sékou Touré contre d’autres Guinéens innocents sans défense à la merci du PDG et à la machine de répression massive  de Sékou Touré ».

Abdoulaye Condé a ensuite interpellé le président Alpha Condé : « Monsieur le président, vous ne pouvez quitter le pouvoir sans lancer enfin la reconnaissance  de ces crimes abominables  qui ont assombri  le futur de la Guinée. La vie de 88 pendus  à travers tout le pays par des femmes et des enfants sortis forcés des écoles  a jeté le mauvais sort sur notre pays. C’est en exorcisant le pays de ces crimes  que la lumière pourra jaillir à nouveau en Guinée ».

Dans son speech, il a reconnu qu’aucune ethnie n’a échappé à la machine de répression de Sékou Touré. C’est pourquoi, dira-t-il, « toutes les familles de Guinée vous soutiendront  dans une action de vérité, de justice et de réconciliation. Ces familles vous seront à jamais reconnaissantes et en le faisant, vous donnerez l’espoir à notre pays ».

Poursuivant, ce fils de victime dira qu’ « une telle dictature doit être dénoncée. Le PDG doit être désavoué. Sékou Touré doit être reconnu coupable de ces crimes ».

L’AVCB demande au président Alpha Condé «  d’œuvrer pour qu’enfin les familles des victimes fassent leur deuil ».

Ensuite, elle souhaite que l’Etat reconnaisse et condamne « officiellement les exécutions,  les pendaisons, les tueries,  en masse  perpétrées sans jugement  sous la dictature de Sékou Touré » et de consacrer  « des mémoriaux nationaux servant de recueillement ».

A cela, l’AVCB exige aussi la restitution aux familles des victimes  « les biens qui leur ont été volés, spoliés  et qui ont été mis dans le porte-parole du patrimoine bâti ou détournés par des agents de l’Etat ».

Enfin, estime Abdoulaye Condé, « si le règne sanguinaire de Sékou Touré semblait être un lointain souvenir pour la nouvelle génération, pour nous les enfants de ces victimes, la douleur reste vive, tenace et actuelle ».

Selon Amnesty international, il y aurait 50 mille morts dans les geôles du Camp Boiro.

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