La Guinée, à l’instar des autres pays de la planète a célébré la Journée internationale des femmes le 8 mars 2018. Au Palais du peuple qui a servi de cadre à cet effet, le président Alpha Condé, après avoir essuyé des huées d’une branche de la majorité silencieuse, a, dans la foulée, annoncé le remaniement à grande échelle du gouvernement.
Depuis, le chef de l’Exécutif guinéen a initié une série de consultations avec les forces vives de la nation. Notamment les acteurs de la Société civile, les opérateurs économiques, ainsi que d’autres entités impliquées dans la vie de la nation.
Une démarche sur laquelle l’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté porte un regard plutôt critique. Pour le président du Parti de l’espoir pour le développement national (Pedn), annoncer la formation d’un gouvernement avant que cela ne soit effectif dénote une mauvaise façon de conduire les affaires de l’Etat. Puisque de l’avis de M. Kouyaté, le travail le plus difficile pour un chef d’Etat ou un chef de gouvernement, c’est de former le gouvernement.
« C’est un travail excessivement délicat. On ne l’annonce pas avant d’être prêt », enseigne l’ancien chef du gouvernement sous feu le général Lansana Conté, qui poursuit en disant que l’effet d’annonce prend sur ce gouvernement un pas sur l’efficacité.
« Même quand c’est dans la tourmente, il ne faut jamais annoncer la formation d’un gouvernement, et en disant dans les 48H d’ailleurs. Le temps est dépassé. Et quand plus tard les journalistes lui ont posé la question –c’était le même jour, je crois–, il a répondu qu’il ne changera pas son gouvernement. Ce yoyo dans le langage reflète la pensée de l’Etat vis-à-vis de la gouvernance. Parce que c’est une question de gouvernance. C’est à la limite du ridicule », soutient Lansana Kouyaté au micro de nos confrères de la radio Espace FM.
Depuis le premier gouvernement en 2010, en passant le deuxième mis en place en 2013 au lendemain des législatives, jusqu’à ce troisième gouvernement, le leader du Pedn fait noter que le président Alpha Condé toujours dit que le gouvernement ne valaient rien, et qu’il allait les remplacer.
« Et ça a été ainsi fait d’un bout à l’autre. Quel est le gouvernement qu’il faut à la Guinée ? Est-ce que ça suffit d’avoir des gens compétents pour faire ce travail quand le président lui-même est au début et à la fin de tout ? Je plains les ministres, les quelques compétents qu’il y a parmi eux, je les plains parce qu’ils n’auront jamais les coups de chance pour étaler leur savoir-faire, parce que le gros handicap, c’est le président lui-même », accuse Lansana Kouyaté.