Dans le cadre de la mise en œuvre du projet frontalier intitulé » Consolider la paix transfrontalière et renforcer durablement les moyens de subsistance des éleveurs de bétail et des agriculteurs en Sierra-Leone et en Guinée », les représentants du système des Nations Unies, les autorités de la République de Sierra Leone et celles de la Guinée se sont donnés rendez-vous hier vendredi 18 février 2022 à la frontière entre ces deux pays pour lancer officiellement la construction d’un poste frontière.
Financé par le fonds PBF, ce projet vise à renforcer les relations entre la Guinée et la Sierra Leone, en abordant les conflits transfrontaliers récurrents qui se produisent entre les éleveurs et les agriculteurs. Ce projet renforcera également la cohésion sociale entre le district de Falaba de la République de Sierra Leone et la préfecture de Faranah en soutenant les moyens de subsistance adaptés au climat et la coopération globale entre éleveurs et agriculteurs.
À l’entame des travaux, le premier responsable du district de Falaba de la République de Sierra Leone, Docteur Manga Salifou Samoura, précise : « je suis très heureux car, ce projet est venu à point nommé. Ce projet facilitera la relation, la coopération entre la Sierra Leone et la Guinée et contribuera à éradiquer les conflits entre les éleveurs et agriculteurs de ces deux pays frères. »
Quant au Maire de la commune rurale de Hèrèmakônon, Elhadj Famoro Samoura, il revient sur le bien-fondé de ce projet : « pour rappeler la sécurisation de la frontière. Avant la colonisation, elle était surveillée par les guerriers d’Almamy Samory Touré, dirigés par Kèmo Bilaly qui a même ses traces dans la localité jusqu’à nos jours. Pendant la colonisation, sous la surveillance des douaniers blancs, après l’accession à l’indépendance, certaines infrastructures ont été réalisées sur le territoire dont la construction des cités pour les forces de défense et de sécurité et un camp militaire portant le nom de Kèmo Bilaly. Après le décret du premier régime, ces acquis ont été abandonnés et totalement détruits. Si aujourd’hui, l’État guinéen et ses partenaires, sous la clairvoyance du gouvernement de la transition, dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya, ont décidé la construction des bureaux et des logements de la police et la douane, c’est une renaissance d’une nouvelle ère de l’histoire pour la population de Hèrèmakôno. Et ces actions viennent activer nos anciennes ambitions. Ces réalisations permettront d’assurer la sécurité, la coopération mais aussi la résolution durable des conflits entre les éleveurs et les agriculteurs avant de solliciter auprès de l’État et ses partenaires bi et multilatéraux la construction des bureaux et logements des différents services de défense et de sécurité et la construction d’un marché mixte entre les deux pays auprès de la frontière demandée par les communautés des deux pays. »
Pour sa part, le Directeur-pays du Programme alimentaire mondial (PAM), Hyoung Joon Lim, a dans son discours de circonstance, placé le projet dans son contexte réel. « La pose de la première pierre des postes frontaliers illustre la volonté des hautes autorités de la Guinée et de la Sierra Leone de faire des aires frontalières un véritable espace de dialogue et de développement. Par ailleurs, au nom du Programme alimentaire mondial (PAM), je voudrais vous rassurer de notre engagement sans faille pour consolider la paix dans la frontière entre la Guinée et la Sierra Leone, en facilitant la coopération entre éleveurs et agriculteurs, en soutenant les moyens de subsistance avant de rassurer que dans deux ans, ils voudront rendre ces deux villages autonomes et sans faim «, a-t-il souligné.
De son côté, le gouverneur de la région administrative de Faranah, le général Boundouka Condé, a au nom des autorités guinéennes, invité les populations de ces deux pays à la paix : « les barrières et les limites que la colonisation a fait naître, ne doivent constituer des obstacles à l’entente et à la cohésion sociale. Nous devons à présent transcender les clivages, les conflits inutiles qui finissent toujours par trouver des solutions. A quoi bon alors d’engager des conflits, puisque, quoi qu’il arrive, nous nous mettrons toujours à la table pour chercher à nous entendre. »
Avant de poursuivre en ces termes : « en ce qui nous concerne en tant que dépositaires de l’autorité publique du côté guinéen, nous n’encouragerons jamais les populations à adopter des comportements qui porteraient en eux les germes d’un conflit. Aussi, nous ne ferons guère obstacle à toute initiative allant dans le sens de la paix. C’est dans la paix que tout devient possible.
Les destructions, les tueries et autres fléaux des conflits n’engendrent point l’entente ni la compréhension mutuelle entre les peuples.
Les autorités chargées de connaître les différends entre les communautés doivent privilégier l’équité et encourager les arrangements à l’amiable. L’injustice qui pourrait découler des décisions judiciaires et administratives, sont des facteurs aggravant des frictions entre les communautés villageoises. Ensemble, nous trouverons notre salut dans la paix et la coexistence pacifique. »
Faut-il souligner que les grandes étendues de pâturages dans les zones frontalières de Falaba et de Faranah attirent un volume important de migration de transhumance venant d’autres préfectures de Guinée.
Malgré ces grandes étendues de pâturages potentiels, les impacts de la variabilité climatique et la faible application des lois relatives à l’élevage et aux cultures ont entraîné des conflits prolongés et habituels entre les éleveurs et les agriculteurs dans ces zones frontalières.
La cérémonie a pris fin par la bénédiction des sages pour l’unité, la paix et la cohabitation pacifique entre les communautés des deux pays.