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L’alibi du peuple – La sève nourricière des potentats de l’Afrique de l’Ouest en pleine déconfiture

Deux pays retiennent principalement l’attention de tous sur le continent mère lorsqu’il s’agit de la référence au « peuple » pour se maintenir au pouvoir en violation des principes constitutionnels : la Guinée et la Côte d’Ivoire. Ces deux pays riches et prometteurs sont dirigés d’une main de fer par deux autocrates en fin de cycle, que rien ne semble dissuader dans leurs démarches pour se cramponner au pouvoir, privant ainsi les générations actuelles et futures d’un lendemain démocratique meilleur. Mieux, le peuple imaginaire auquel ils font allusion pour légitimer le contournement de leurs Constitutions n’est en réalité composé que de leurs proches et partisans non représentatifs du peuple pris en tant qu’ensemble hétérogène.

Sinon comment comprendre que ces dirigeants fassent tout pour faire taire les voix discordantes par l’interdiction des manifestations et par la conduite en solitaire d’un processus électoral basé sur l’exclusion arbitraire des adversaires de poids des listes électorales ? Il faut être naïf pour croire que leurs peuples imaginaires sont représentatifs des peuples dans leurs diversités.

Bien au contraire, une des crises aiguës que traversent ces régimes d’un autre âge est justement la négation du vrai peuple dans leur gestion des affaires publiques. C’est précisément ce nihilisme  qui est à l’origine de la colère du peuple malien, récemment affranchi de l’autoritarisme du président Ibrahima Boubacar Keita (IBK), pourtant élu démocratiquement. Poussé à bout par les dérives autoritaires et anticonstitutionnelles de son gouvernement, le peuple malien n’en pouvait plus. Aidé par son armée, il a repris son destin en main au nom de son droit absolu de mettre fin à l’existence d’un régime vicieux et entièrement corrompu.
Le cas malien est redouté par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour la force de son potentiel de contamination dans ses États membres à faible ancrage démocratique, en l’occurrence la Guinée et la Côte d’Ivoire. Comme au Mali, les populations de ces pays sont excédées à cause des pratiques antidémocratiques de leurs gouvernements respectifs, qui se comportent comme des étrangers en pays occupés. Pour barrer le chemin à une sorte de « saison d’orages » des peuples d’Afrique de l’Ouest, la Cedeao s’est précipitée dans la prise des mesures les plus draconiennes contre la junte militaire malienne pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Oubliant qu’en procédant de la sorte, elle se montre nostalgique d’un ordre constitutionnel obsolète qui n’existait que de nom, qu’elle fait des maliens les premières victimes de sa sourde oreille face à son désarroi, et qu’elle renforce au sein de l’opinion ce qu’on pense constamment d’elle, c’est-à-dire un syndicat de chefs d’État qui n’a que faire des préoccupations les plus élémentaires des peuples de la sous-région.

Une des leçons majeures à tirer du précédent malien, est que l’élection d’un président de la République pour un mandat à durée déterminée ne constitue plus un moyen de légitimation par (ou pour) celui-ci d’actes impropres à l’exercice de la fonction qui lui est confiée. En d’autres termes, en cas d’abus de pouvoir, de mal gouvernance, de corruption à outrance ou de violence exacerbée contre la population par le président de la République, le peuple conserve sa légitimité et tous ses droits pour lui retirer le pouvoir à tout instant, et ce même avant la fin de son mandat. Cette possibilité de déchéance du chef en cours de mandat est peut être une condition de retour à la « normalité ».

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