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Labé : plongée au cœur des ghettos où la jeunesse se perd dans la drogue

La délinquance juvénile gagne des proportions inquiétantes en Guinée, où de nombreux jeunes, filles et garçons, se livrent à des pratiques peu orthodoxes. Des pratiques souvent imitées à travers des films et autres vidéos trouvées sur internet. (Image l’illustration)

La cité de Karamoko Alpha mo Labé ne fait pas exception à cette règle. Des jeunes, qu’ils soient élèves ou non, se retrouvent fréquemment dans des lieux sordides tels que les  »ghettos » pour consommer des substances illicites.

Récemment, la rédaction régionale de Guinéenews a décidé de visiter ces  »ghettos » pour rencontrer ces jeunes qui passent leurs journées à inhaler du chanvre indien et à écouter de la musique. Dans l’anonymat, des jeunes, surnommés  »ghettos men », ont accepté de se confier. « Je me surnomme  »Gandja man » parce que je consomme l’herbe plus que bon nombre de mes pairs. Mais si vous me voyez faire ça, c’est juste pour diminuer les soucis de la vie. Si je ne fume pas, je risque de devenir fou. Mes parents ne me considèrent même pas et m’ont chassé de la maison parce qu’ils pensent que je suis un fainéant », explique-t-il.

Comme  »Gandja man », la plupart des jeunes rencontrés dans les différents ghettos se sentent persécutés, comme c’est le cas de  »Culture », un rappeur en herbe. « Moi, je n’ai personne pour prendre soin de moi. Mon seul frère est parti en aventure depuis 2018, et depuis, aucune nouvelle. Mes oncles disent qu’ils n’ont pas de place pour moi. Donc, c’est ici mon domicile et je me sens bien ici, entouré de potes qui prennent soin de moi », insiste Culture.

Le chômage, qui frappe durement la jeunesse, est également une cause majeure. Vêtu d’une chemise, d’un pantalon en tissu et de très vieilles chaussures, avec une radio Bluetooth à la main, écoutant  »ONE LOVE » de Bob Marley, Monsieur X, titulaire d’une licence en administration des affaires, trouve que notre société est injuste. « J’ai terminé mes études en 2007. J’ai frappé à toutes les portes de Conakry à Yomou, mais rien. J’ai fait des stages dans au moins trois sociétés que je ne nommerai pas ici. Finalement, seules les belles filles sont retenues. J’ai attendu, mais cela n’a jamais abouti. Alors pourquoi ne pas fumer ? Personnellement, je ne trouve pas mieux à faire », confie-t-il.

Interrogé sur le concours que le gouvernement entend organiser à la fin de ce mois de mai 2024 via le département de la Fonction publique, ce jeune parle d’une arnaque pure et simple. « Depuis 2007, je participe à cette comédie, mais je n’ai jamais vu de personnes réussir grâce à ce concours. Ce sont toujours ceux qui ont des relations qui sont retenus. Avec l’ancien gouvernement, on nous a fait payer des montants pour rien. Et là encore, on nous parle d’un autre processus. C’est juste une arnaque », ajoute Monsieur X.

Un autre jeune d’environ 19 ans, mécanicien, explique : « Je consomme pour le plaisir parce que ça m’aide beaucoup. Ça me permet de travailler même si je n’ai pas mangé. Voilà pourquoi je ne peux plus m’en passer ; c’est mon ami le plus fidèle. Nous, ici, ne consommons que du chanvre indien, nous ne mélangeons jamais comme les autres. Pas de sirop, pas de comprimés », précise-t-il.

Concernant les drogues légères (comprimés de valium et autres), les  »ghettos men » préfèrent ne pas se prononcer. Ils estiment que seuls les fous les utilisent, car selon eux, cette catégorie est dangereuse. Cependant, certains nous ont informés en privé que ces comprimés se vendent un peu partout dans la ville de Labé.

Sizzla, élève en terminale sciences sociales dans un complexe scolaire privé, déclare : « Quand je prends une bonne dose de marijuana, je comprends mieux les cours, ça m’aide à me concentrer et à participer activement aux débats en classe. Je sais que cela a des méfaits sur mon organisme, mais c’est mon vice. »

Interrogé sur la peur d’être arrêté, un autre répond : « Il y a des ghettos connus de tous. Même des hommes en uniforme ou des adultes viennent s’approvisionner ou partager leur dose avec nous. Donc, comment voulez-vous qu’ils nous inquiètent ? On se complète et c’est tout », dit-il en soulignant que leur ghetto est transversal.

Plus grave encore, le chanvre indien se consomme désormais en pleine journée dans presque tous les lieux publics via les chicha-lounges et autres. Selon nos investigations, 50 à 60 % des consommateurs de chicha y mélangent du chanvre indien pour plus de plaisir, d’où l’émergence du concept  »CHICHA MIXT ».

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