Ceci a tout l’air. C’est le constat fait au sortir d’une petite enquête réalisée sur le sujet dans la sainte cité de Karamoko Alpha Mo Labé par la rédaction régionale de votre quotidien électronique Guineenews. Une enquête qui nous a permis de comprendre que huit (8) jeunes (garçons) sur dix (10) en âge de se marier continuent à observer une vie de célibataire. Les raisons de cette situation ou de ce statut matrimonial sont souvent diverses et variées. Mais dans l’un ou l’autre des cas, le coût du mariage est pointé du doigt par ces jeunes qui se sont lâchés à notre micro.
« Je travaille depuis cinq (5) ans dans une boîte privée où j’arrive à gagner mon pain quotidien. Je sais qu’avec mes maigres moins, je pourrais fonder une petite famille mais je n’arrive toujours pas à trouver le conjoint idéal car les filles d’aujourd’hui exigent une cérémonie de 25 à 30 000 000 GNF », dénonce Diallo Siradiou, jeune célibataire.
De nos jours, la cérémonie marquant l’union entre deux personnes demande des ressources importantes. Le financement d’un mariage moderne en Guinée et particulièrement dans la ville de Labé dépasse souvent l’imagination à en croire des personnes interrogées par Guinéenews.
« S’acquitter de la dépense quotidienne n’est pas un problème car avec mon statut de célibataire si tu t’amuses à faire des calculs, tu trouveras que je dépense 80 à 100 000 GNF par jour rien que pour me nourrir moi seul. Alors que si j’avais une épouse 30 à 50 000 GNF de dépense par jour peuvent faire l’affaire. Mais, le problème n’est pas à ce niveau, c’est la célébration du mariage qui pose problème. Rien que dans les préparatifs, tu peux te retrouver dans les 20 000 000 GNF. C’est le coût là qui me fait peur », partage Hamidou Bah, agent de développement rural en service à Labé.
‘’Il faudrait mettre le paquet pour une cérémonie éclatante « , réplique une jeune fille qui a préféré garder l’anonymat : « vous savez, le mariage c’est une seule fois dans la vie donc il faut penser à bien organiser et bien financer ton mariage pour laisser des traces à la postérité. Rien n’est trop pour ta propre cérémonie de mariage ; faut pas se priver de cela ; il faut mettre le paquet pour une cérémonie éclatante », réagit-elle.
Directrice de l’action sociale au niveau de la préfecture de Labé, Kadiatou Bailo Soumano dénonce ce ‘’gaspillage’’ qui étouffe les mariages. « Si de nos, jours les jeunes filles ne trouvent pas de mari où les jeunes garçons ne se marient pas, la cause principale c’est le gaspillage. Par exemple, il y a de ces jeunes qui ont travaillé pendant 4, 5 voire 10 ans qui ont économisé 20 000 000 GNF. Maintenant, ils prennent tout cet argent et le financent en un seul mariage. C’est du gaspillage parce que ça n’a pas d’avenir », estime-t-elle.
Hadja Zenab Koumanthio Diallo, la directrice du musée du Fouta Djallon déplore ce processus de déracinement qui ne fait que gagner de terrain en république de Guinée : « tu peux voir aujourd’hui un cortège qui a carrément 200 motos. Alors qu’il faut carburer toutes ces motos-là afin qu’elles roulent. Il faut de l’argent pour préparer des repas énormes. On fait tout pour bousiller l’argent et laisser les futurs époux. Il y en a qui le lendemain de leur mariage n’ont même pas le prix d’un pain. Nos parents ne le faisaient pas. Chaque famille pouvait avoir un paquet de colas pour aller demander la main d’une fille », précise-t-elle.
Sur la même lancée, la gardienne de la culture pastorale peule tire la sonnette d’alarme. « Je voudrais demander aux gens de cesser d’exagérer. Il ne faut pas exagérer. Nous sommes confrontés à un monde de business où c’est l’argent qui parle. Il faut faire en sorte que les jeunes n’aient pas peur de se marier » lance Hadja Zenab Koumanthio Diallo.
Par ailleurs, la religion musulmane condamne la célébration pompeuse des mariages. Une loi qui a du mal à être appliquée dans cette citée religieuse. Néanmoins, certaines sous-préfectures de la région de Labé comme Dionfo, Popodara, Diari, tentent de voir autrement la célébration du mariage. ces contrées les célèbrent dans la modestie les mariages. Ils vont jusqu’à prévoir des sanctions contre toute personne ou famille qui ira à l’encontre de la décision.
Mais force est de reconnaître que le pari est loin d’être gagné parce que très souvent c’est la famille de la future mariée qui impose des cérémonies pompeuses à leur future belle famille.
Affaire à suivre !