A la suite d’une manifestation d’étudiants de l’université de Labé le 31 mai dernier, un étudiant de 21 ans, du nom d’Ahmadou Boukariou Baldé, a été frappé par des agents de sécurité. Il en est mort. La famille tient l’université, les forces de l’ordre et l’hôpital régional de Labé responsables de ce meurtre.
« Le rapport nous a permis de savoir qu’il n’a pas été tué par accident. Il n’est pas mort d’une maladie. Il a été tué. C’est-à-dire que des gens ont pris des objets contondants, c’est l’expression utilisée par les médecins, et l’ont frappé. Ils l’ont asséné plusieurs coups. Il y en a sur le côté droit, sur le côté gauche», a indiqué Nouhou Baldé, membre de la famille, lors d’une conférence de presse animée ce vendredi 7 juin à Kipé.
A l’hôpital, ajoute Nouhou Baldé, les médecins ne se sont pas occupés du blessé alors qu’il gisait dans le sang : « à l’hôpital, les médecins se sont montrés vraiment inhumains. La famille a appris la mauvaise nouvelle à Conakry. On a appelé des contacts pour venir à l’hôpital pour apporter leur aide, mais les médecins ont exigé qu’on paie leur prestation avant de délivrer l’ordonnance [médicale]».
Si la famille impute la responsabilité de ce meurtre à l’université et à l’hôpital, elle accuse également les autorités régionales d’avoir menti à l’opinion nationale. Nouhou Baldé, se dit choqué : « au-delà de l’émotion du fait de perdre un être cher, on a été touchés par cette attitude inhumaine non seulement de l’université qui a appelé des agents dont on connait le comportement, et cette université a aussi refusé de l’accompagner très tôt. Mais aussi l’hôpital qui a refusé de sauver une vie, qui a privilégié l’argent. Et après il y a eu une déclaration du gouverneur de Labé qui dit parler au nom du comité de sécurité et de défense de la région de Labé. Celui-ci prétend avoir parlé avec la famille et que celle-ci a dit qu’elle s’en remet à la volonté de Dieu et a remercié ces autorités. Ce qui est archi-faux. Jusqu’au moment où on vous parle, il n’y a eu aucun contact avec les autorités régionales. »
Mamadou Mouctar Baldé est le père du jeune étudiant. Il dit avoir envoyé son enfant à Labé pour qu’il termine ses études et lui revienne. Malheureusement, à peine deux ans de son départ de Conakry, c’est son corps qu’on lui a renvoyé. «Je l’ai envoyé à l’université de Labé dans l’espoir qu’il terminerait ses études supérieures, qu’il aurait eu son diplôme et qu’il allait me revenir. Malheureusement, on m’a ramené la fois dernière ses bagages et son corps. »
Plus loin, il accuse l’hôpital pour non-assistance à personne en danger et les autorités d’avoir menti : « Il y a eu non-assistance à une personne en danger, il y a eu mensonge flagrant à des niveaux et il y a eu même manquement à tout ce qui est décent et qui devait aller avec l’éthique et la morale.
Si le père reconnait que chacun devra mourir un jour, il ne souhaite tout de même pas aux autres ce qu’a vécu son enfant : « Je prie Dieu qu’il épargne une telle mésaventure à toutes nos familles, quel que soit l’endroit où elles se trouveront. »
Mouctar Baldé conclut en disant que chacun devrait veiller à ce qu’une telle barbarie ne se reproduise plus dans les universités : «ce qui nous revient aujourd’hui, vous et nous, c’est de nous battre pour ne pas que nos universités ne soient transformées en des boucheries, parce qu’il faut qu’on envoie nos enfants à l’université. Donc examinons toutes les possibilités qui s’offrent à nous pour qu’une telle attitude ne se reproduise plus. »