La viande, l’une des denrées les plus sollicitées en Guinée, est de nos jours délaissée par les consommateurs à Labé, ville située au nord de la Guinée. Pas par dégoût mais par manque de moyens. Pourtant, le kilogramme de viande se négocie officiellement à 50 000 GNF dans les marchés de la commune urbaine. Mais l’accès semble être difficile par la majorité des familles qui ont du mal à joindre les deux bouts en cette période de crise, a constaté sur place Guineenews.
Conséquences, plusieurs familles se passent de la viande au profit du riz et d’autres condiments accessibles. « On a tous besoin de viande dans nos sauces. Mais devant l’impossible nul n’est tenu obligé. Aujourd’hui on se contente du riz et n’importe quelle autre sauce pour juste avoir quelque chose dans la marmite. Avant on passait de jours sans viande mais désormais c’est des semaines entières. Cela est dû au prix mais surtout à la conjoncture très difficile que nous vivons. Si tu as 40 voire 50 000GNF de dépense quotidienne et que le kilogramme de viande se vend à 50 000GNF tu vas trouver autre chose pour soulager ta famille », soutient Lamarana Bah, assureur de profession.
Pour Mme Aissatou Diallo, ménagère, la situation économique du pays y est passée par là. « Avant je me contentais d’un demi kilogramme pour la sauce familiale afin que chacun ait un petit morceau. Mais depuis un bon moment, c’est à des rares occasions qu’on trouve de la viande parce que notre bourse ne nous le permet pas. Donc, comme ce n’est pas obligatoire on achète du poisson et souvent même c’est des sauces sans viande et sans poissons qu’on prépare. Et j’avoue qu’on fait avec car tout le monde s’est adapté », renchérit cette autre.
A la boucherie centrale de Labé, le premier responsable des lieux a confirmé la situation qui, selon lui, est très mal vécue par ses collaborateurs. « On se débrouille mais ça ne va pas du tout parce que les gens n’achètent pas la viande. On n’arrive même plus à écouler la moitié de la quantité qu’on proposait d’habitude. Pas de clientèle. De nos jours, c’est 4 bouchers qui se partagent une seule vache et cela encore, chacun d’entre eux peut traîner avec cette viande pendant 2, 3 à 4 jours sans pouvoir écouler la totalité. C’est une très grande difficulté », reconnaît Boubacar Kanté.
Par ailleurs, l’actuelle crise des hydrocarbures à laquelle la Guinée est confrontée depuis bientôt un mois est difficilement vécue par les bouchers de Labé qui ont du mal à transporter la viande de l’abattoir aux différents marchés de la commune urbaine. Aux dernières nouvelles, c’est des tricycles qu’ils utilisent pour acheminer la viande.