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Labé : ce que vous ne savez pas sur l’accident qui a coûté la vie à la fille gendarme

C’est toujours très difficile d’annoncer la mort, par suite d’accident, d’un agent de la sécurité routière. Cela semble paradoxal à tous points de vue. Ici ce n’est pas la démarche cartésienne qui entre en action, c’est plutôt un réflexe de type atavique qui pousse notre subconscient à refuser de reconnaître que cela soit possible ou même envisageable. Un agent de routière mourir des suites d’accident ? Non, ce n’est pas possible ! On peine à admettre que lui qui protège les autres contre les dangers sur la route, puisse en être victime et même en mourir. Hélas, quoique rarissime à citer, cela arrive pourtant quelque fois.

Gendarmes et policiers de la routière sont des êtres humains. Leur travail les expose à des risques divers que leur font courir des usagers, également humains, comme eux. Sujets à des faiblesses, à des imperfections et à des défauts. Il est dit que l’homme est perfectible à l’infini, ce qui implicitement veut dire qu’il n’est pas parfait. Pour l’étayer, dans le cadre strict de la circulation, il suffit de rappeler que sur la route, la sécurité de l’agent, est menacée dès lors qu’un usager se comporte mal, commette une faute, une erreur, une imprudence voire une négligence. D’autant que la mission de l’agent lui commande de se placer sur la route, pour réguler la circulation.

Fort heureusement, les exemples pour l’illustrer ne sont pas nombreux. On en a enregistré quand même. Des policiers et gendarmes ont été blessés ou sont morts sur le front du travail, à Conakry comme à l’intérieur du pays. Heurtés, pendant qu’ils canalisaient ou qu’ils se rendaient sur un lieu d’accident pour dresser le constat. Mais, il y a quand même bien longtemps qu’on en avait plus entendu parler, cela ne s’étant pas produit…jusqu’à ce jour fatidique du mardi 23 juin à Labé où une jeune gendarme stagiaire a péri, sous les roues d’un véhicule de passage qui a dérapé et enfoncé la guérite du poste de contrôle routier placé à ce niveau.

Les circonstances de ce drame nous sont rapportées par la compagnie sécurité routière :

« C’est aux environs de 09 heures 20 minutes, le mardi 23 Juin 2020 que cet   accident mortel de la circulation routière avec blessés graves et dégâts matériels très importants est survenu au PK 24 de Labé en direction de Pita, plus précisément au poste de contrôle de la gendarmerie routière basé dans la sous-préfecture de Hafia, préfecture de Labé, sur la nationale N° 5.

Au volant de sa voiture Toyota Land-cruiser immatriculée RC-4364-AN, monsieur Mohamed Dramé, titulaire du permis de conduire n° 246210, ‟B”, quittait Kindia pour se rendre à Badougoula dans la préfecture de Mali, avec quatre (04) personnes à bord.

Il roule toute la nuit et arrive à vive allure sur les lieux du sinistre. Il tombait, à ce moment, une forte pluie accompagnée d’un grand vent. A cet endroit, la chaussée décrit un tracé rectiligne. Une guérite de la gendarmerie routière y est installée à 17 mètres de la route, à droite dans le sens Labé-Pita.

C’est à ce moment que, compte tenu de son allure et sous l’effet de la fatigue et du sommeil, Mohamed Dramé a perdu le contrôle de son véhicule. Il circule alors à gauche, dérape sur une distance de 45 mètres avant de heurter violemment la guérite que son 4×4 a embouti et traversé de part en part. A l’intérieur, se tenaient à l’abri, l’unité de gendarmerie routière en poste, des Eco-gardes et certains civils. Tout ce beau monde attendait que cesse la grande pluie. Dans sa folle embardée, le véhicule, lancé à vive allure a percuté violemment la fille gendarme qui sortait comme les autres dans la précipitation, l’entraînant dans sa course sur une distance de 2,50 mètres jusqu’au caniveau où elle est restée coincée sous les roues. C’est dans ces circonstances que Macé Kouroumah, âgée de 22 ans, a trouvé la mort sur place. Elle était pilote motocycliste, du peloton féminin basé au commandement de la gendarmerie routière.

Trois autres personnes ont été grièvement blessées, avec de multiples fractures :

Adjudant-chef Boubacar Pounthioun Diallo, en service à la compagnie sécurité routière de Labé.

Caporal-chef Moїse Lamah, Eco-garde en service à la section des eaux et forêts de Labé 

Alseny BAH, un civil de passage, résident au quartier Leysarè, au centre-ville de Labé. »

Pour le lieutenant-colonel Mohamed Lamine Fofana, commandant la compagnie sécurité routière de Labé, cet accident est dû à l’excès de vitesse et au sommeil au volant, infractions relevées et retenues contre monsieur Mohamed Dramé, conducteur du Toyota Land Cruiser Prado, immatriculé RC 4364-AN.

Il indiquera que cette tragédie était absolument évitable. Pour peu que le conducteur l’ait compris et voulu à temps. Il lui aurait suffi de rouler avec prudence, surtout qu’il pleuvait et vantait en même temps. De même, il aurait pu faire une pause en route : se reposer et dormir. Ce qui lui aurait évité le piège du sommeil au volant.

Selon le lieutenant-colonel, commandant la compagnie sécurité routière, Monsieur Dramé, jeune commerçant avait quitté Kindia aux alentours de trois heures du matin. Il se rendait dans son village natal pour célébrer son mariage. Il nous apprend que des avis multiples avaient été émis par la famille pour une meilleure gestion du voyage. Entre autres, on aurait suggéré à monsieur Dramé de passer par Gaoual et aussi, de se faire conduire par un chauffeur. Rien de tout cela n’avait abouti.

Pour autant, nous ne devons aller vite à conclure à une quelconque poisse ou mauvais sort jeté aux mariés.

Pour le lieutenant-colonel Fofana, c’est juste un viol des règles du code de la route qu’il faut y voir. Monsieur Dramé a pris un risque en conduisant toute la nuit. Peut-être par ignorance, ou parce qu’il était pressé pour son mariage. En plus, il a utilisé un véhicule de grande classe, en bon état et qui roule vite. L’a-t-il bien géré ?

Le dossier de cet accident tragique est transmis à monsieur le procureur de la République. En attendant, la défunte a été inhumée à Labé, avec tous les honneurs. Quand aux blessés, ils sont pris en charge à l’hôpital régional de Labé.

Ce qui réconforte le commandant de la compagnie sécurité routière, c’est la forte mobilisation des populations et des autorités administratives, militaires, politiques, syndicales et religieuses à tous les niveaux, de la région et de la préfecture de Labé. Cela traduit à ses yeux, la confiance et la solidarité qui existent entre les citoyens et les services de défense et de sécurité. Dans cette dynamique, le lieutenant-colonel Mohamed Lamine Fofana dira avoir compris que la gendarmerie routière occupe une très bonne place.

Il a insisté sur son engagement, au nom de sa hiérarchie, à renforcer et à consolider cet acquis fondamental ainsi obtenu. Pour lui, La lutte contre les accidents se fonde sur le renforcement de la prévention routière au bénéfice des populations. Cela fait partie, dira-t-il pour conclure, du bréviaire que le Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale, Direction de la Justice Militaire a mis à la disposition de toutes les compagnies sécurité routière du pays, pour un meilleur accomplissement de leur mission.

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