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Labé : attaques, arnaques, recettes, des taxi-motards de nuit brisent le silence

Ils bravent le froid, la pluie, la distance, le noir, les accidents, les voyous et investissent chaque coin de rue de la ville de Labé 7 jours sur 7 pour gagner leur vie. Ils, ce sont les conducteurs de taxi moto de la cité de Karamoko Alpha en général et les pilotes de nuit en particulier. Ces jeunes prêts à tout gagner et de façon honnête leur quotidien ont opté pour le métier de taxi-moto parfois au péril de leur vie en choisissant de rouler de nuit, a appris la rédaction locale de Guineenews.

«Pour le moment, je préfère rouler la nuit. La raison est que je gagne plus, … » explique un jeune taxi motard sous le sceau de l’anonymat rencontré vers 23 heures dans la commune urbaine de Labé.

Plus ouvert que le premier, Mamadou Sarifou Diallo, nous parle de ces motivations. « La raison est que la nuit, on gagne plus avec une hausse du prix des tronçons que nous imposons car comme vous le savez ce sont des risques énormes que nous prenons. Si le prix normal est de 5 000 GNF de Sassé (secteur du quartier Mairie) jusqu’à n’Diolou (dans le quartier Pounthioun), la nuit vers 23 heures ou minuit ont fait payer le même tronçon à 10 000 voire 15 ou 20 000 GNF. Nos clients c’e sont les gens qui circulent entre les hôtels, les boîtes de nuit, … donc, des gens qui sont dans le besoin» ,soutient-il.

« Personnellement, je me positionne aux abords des gares routières à l’attente des passagers qui débarquent à tout moment et ça marche super bien la nuit car c’est seulement une poignée de taxi-motards qui proposent leurs services la nuit. Je prends service à 19 heures juste après la prière et ne rentre qu’à 09 heures après avoir déposé des clients à l’école au courant de l’année scolaire. Donc je me repose de 09 heures à 18 heures tous les jours », explique Alpha Fady Baldé connu sous le sobriquet de pilote.

Boubacar Dara Barry dit sans risque de se tromper que les courses de nuit ont vraiment changé sa vie. « Avant d’intégrer les équipes de nuit, j’avais du mal à trouver la recette journalière de 30 000 GNF. Mais depuis que j’ai commencé à rouler la nuit, je peux facilement avoir 100 à 200 000 GNF par nuit car il y a des déplacements dont les frais s’élèvent jusqu’à 50 000 GNF. En plus, je trouve que les clients surtout les filles/femmes sont beaucoup plus généreux la nuit que le jour. La preuve est que depuis, j’ai réussi à acheter ma propre moto », s’en réjouit-il.

Mamadou Korka Barry connu sous le nom de Sow Taxi ne dit pas le contraire. Mais, par contre lui, il est soumis à des contraintes c’est-à-dire au poids de la recette journalière, et surtout à la concurrence. « Tantôt je roule pendant la journée, tantôt la nuit. C’est mieux de rouler de jour mais vous savez qu’il y a une pléthore de taxi-motos à Labé. Donc, ce n’est pas facile d’avoir la recette qui est 30 000 GNF plus les dépenses journalières du matin au soir. Donc, c’est ce qui me pousse parfois à rouler la nuit. C’est juste pour compléter le manque à gagner là.»

En plus de ces difficultés, les dangers ne sont pas des moindres dans cette profession, poursuit Korka Taxi : « rouler la nuit n’est pas prudent. On rencontre souvent des malfaiteurs. Un jour, j’ai pris un jeune à Saala plus (lieu de loisir) qui voulait se rendre en ville. Une fois à destination, il a pris la fuite sans me payer. J’ai voulu laisser ma moto pour le pourchasser, mais je me suis dit qu’un autre pourrait prendre la moto. Donc, finalement j’ai abandonné », témoigne-t-il.

« On évite souvent les quartiers périurbains et ce quel que soit le prix proposé par le client. Et pour tout déplacement ici (gare carrefour Tinkisso), on commence par identifier le client avant de le déposer. Quand il est identifié, on se dit que c’est facile de le retrouver. Et très souvent des clients refusent de se prêter à cet exercice. Donc, nous aussi on rejette aussitôt l’offre car la sécurité avant tout. Mais si tu es identifié, on peut même te déposer dans les quartiers périurbains sans problème. Mais à condition que tu es des pièces d’identification », renchérit Alpha Fady Baldé.

Habitué à rouler la nuit, cet autre jeune a pris conscience des dangers qui le guettaient après avoir subi une attaque à main armée: « pour le moment je préfère rouler le jour. Avant, je travaillais la nuit mais, compte tenu des risques, j’ai changé d’option malgré que je gagnais beaucoup plus d’argent la nuit. En plus, vous savez, j’ai été victime d’une attaque à main armée principalement c’est ce qui m’a découragé », souligne Bah Mohamed Lamine.

Selon les statistiques disponibles auprès des responsables syndicaux des taxi-motos que sont la CNTG (confédération nationale des travailleurs de Guinée) et l’USTG (union syndicale des travailleurs de Guinée), environs 3 000  taxi-motos sont recensé sur un total estimé à plus de 8 000 en circulation à Labé. Et le syndicat et la sécurité déconseillent les courses la nuit qui sont réputées être très dangereuses. Un conseil qui passe mal chez les adeptes de cette pratique nuptiale.

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