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La vive réplique de Damaro au procureur : « cela s’appelle la justice des vainqueurs… »

Tant bien que mal, le président de la 9ème législature a tenté de justifier l’utilisation des 15 milliards Gnf pour lesquels il a comparu ce lundi 9 octobre devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). A la barre, Amadou Damaro Camara a insisté sur le fait que trois milliards ont été payés pour l’aménagement du site, six milliards pour le paiement des primes des députés et 6 milliards étaient encore disponibles dans le compte bancaire de l’Assemblée nationale lorsque celle-ci a été dissoute le 05 septembre 2021.

Sauf que du côté du ministère public, on est loin d’être convaincu par cette explication du prévenu. « Dans les écritures de la Banque Centrale, nulle part, il n’est écrit que cet argent a servi à payer les émoluments des députés contrairement à ce que vous avez soutenu à la barre », lui a rétorqué Lazare Boré, représentant du ministère public. « Le 27 août, il y a eu un retrait pour une société. Il y a aussi eu un paiement en faveur de la société Éva Multi services. Le 30 août, un montant de 2 milliards a été payé à la société Mondial Sécurité. Parmi les 15 milliards, nous n’avons de justification que pour les 1 milliard 800 millions, puisque ce réaménagement n’est pas prouvé, cet argent a donc servi à autre chose. Où est parti le reste de l’argent ? », a-t-il interrogé Damaro.

Visiblement offusqué par ces propos du ministère public, Damaro a répondu : « j’ai payé 750 millions à EDG qui a tiré une ligne jusqu’au site. En 18 mois, depuis que vous m’avez mis en prison, c’est difficile de vérifier ça ? J’ai aussi payé 350 millions à la SEG. C’est difficile de vérifier ça ? Et si de l’eau a été envoyé sur le site, ce n’est pas dans la villa de Damaro. Si on a tiré une ligne spéciale sur le site avec un transformateur, ce n’est pas sur le terrain de Damaro… Vous auriez dû chercher à savoir tout cela avant de procéder à mon incarcération… Cela s’appelle la justice du vainqueur. Le vainqueur qui écrit l’histoire, le vainqueur qui instruit quand il veut et comme il veut, et le vainqueur qui distribue les chefs d’accusations. C’est très facile ! »

Et de poursuivre : « vous n’avez fait aucune enquête, même pas préliminaire. Vous êtes là, vous défendez l’intérêt de l’État, est-ce que l’utilisation de l’argent qui était au compte a servi à continuer les travaux sur le site ? Y a-t-il eu un coup de daba depuis que nous avons quitté ? Monsieur le président, je suis devant vous pour la justice de la justice. Pas un franc de cet argent n’a été détourné. Je n’en avais pas besoin. Vous m’accusez parce que vous êtes procureur ! Quand on veut détruire la vie de quelqu’un sur des contre-vérités, ce n’est qu’un crédit que Dieu vous fait, et vous rembourserez avec intérêt. J’ai 71 ans, depuis 18 mois, je croupis en prison. Je suis frustré. Frustré pour ce que j’ai fait en 16 mois à l’Assemblée nationale pour être récompensé comme ça. Frustré d’avoir renoncé à plus de 38 milliards de francs de fonds de souveraineté en 16 mois pour le mettre sur le palais du peuple. Qui peut renoncer à 38 milliards de budget de souveraineté pour prendre des miettes sur 1 800 000 000 ? Le préjugé, c’est le pire ennemi de la Justice. L’Assemblée nationale ne rend compte de la gestion de ses fonds qu’à la Cour des comptes. Dans les conditions normales je ne devrais pas vous rendre compte de l’utilisation de ce montant. Je n’ai de compte à rendre à personne. J’ai fait un réaménagement de crédits et c’est ce que les ordonnateurs font toute l’année, d’où la loi des finances rectificative…Tout fonds mis à la disposition de l’Assemblée nationale, le président est responsable jusqu’à la fin de l’exercice pour rendre compte au président de la Cour des comptes

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