Tout est question d’orgueils et d’intérêts différents surmontables, mais il faudrait beaucoup de tact et de diplomatie à tout le monde. Pris un à un, chacun des acteurs a ses raisons de tenir ferme sur sa position actuelle.
Les USA de Donald Trump ont décidé plus promptement que prévu de sortir seuls ce mardi 8 plutôt que le samedi 12 mai. Ils sont motivés par le fait d’être les incontournables tenants et aboutissants par leur position de leader et de n’avoir rien à se mettre sous la dent dans ces accords, leurs alliés principaux au Moyen-Orient que sont Israël, l’Arabie Saoudite et les autres monarchies du Golfe non plus ne trouvent aucun compte, bien au contraire. Cela n’est pas négligeable.
Par-dessus tout, Trump a un compte très personnel à régler avec les actes posés par Barack Obama. Il avait basé toute sa campagne électorale gagnante sur le démantèlement des acquis de son prédécesseur. Cela est à prendre en compte. Se heurtant à des murs, à l’intérieur, il va se contenter de s’attaquer à ce qui peut l’être, à l’extérieur, surtout si les USA n’ont rien à y gagner comme dans les accords commerciaux transatlantiques, comme dans l’OTAN et comme dans les accords sur le climat. C’est beaucoup, il faut en convenir.
L’Europe, au contraire, a tout à gagner dans ces accords. Les entreprises européennes se sont installées petit à petit sur le marché iranien. Il reste à savoir ce que la Russie a à gagner dans ces accords, elle qui est sous les sanctions européennes à cause de la Crimée. Stratégiquement, elle pourrait se satisfaire qu’un important allié soit sorti d’affaires mais économiquement, n’est-elle pas damée par les Européens ? Et puis, Trump vient de féliciter Poutine pour sa réélection, ce que peu d’Européens a fait. Il y a frustration de sa part de voir que ceux qui sanctionnent son pays font des marchés lucratifs avec un de ses alliés principaux dans la sous-région. Cela peut faire se poser des questions les plus saugrenues sur la position réelle de la Russie dans cette affaire.
L’Iran est apparemment le grand perdant, à première vue, mais apparemment seulement, puisqu’il pourrait en tirer le plus grand bien, s’il sait avoir le tact des négociations, comme Hassan Rohani vient de le faire avec beaucoup de sagesse de ne pas jeter de l’huile sur le feu. L’exemple nord-coréen est une boussole. Ce pays s’est rendu compte qu’il ne servait à rien de continuer à entretenir la tension. Et puis, à quoi sert-il d’acquérir l’arme nucléaire, quand son utilisation est formellement interdite, plus interdite que les armes chimiques ? Tous les pays qui possèdent l’arme nucléaire ne savent trop qu’en faire, tout en encourant les risques d’un accident fatal.
Tous les comptes faits dans cette affaire, si l’Iran négocie le démantèlement de ses installations contre leur convertissement en centrales nucléaires civiles avec la participation de tout le monde, tout le monde trouverait son compte, et il y a de fortes chances que Trump revienne en courant sur le marché iranien. Seul bémol, sa revendication de la part de lion… ses mots d’éloge et de bonne intention à l’endroit du grand peuple iranien doivent être décryptés avec espoir et non avec frustration, d’un certain avis.
L’Europe doit aussi voir cela comme tel et non comme frustration. Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts, à dit l’autre, qui ressemble à s’y méprendre au général de Gaulle, Donald Trump ne fait que suivre son auteur. L’Iran l’entend-il de cette oreille ? Tout est question d’orgueils et d’intérêts.