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La société guinéenne en question : notre code des valeurs, profondément bouleversé

La société guinéenne a bien changé. Tout le monde en conviendra, surtout ceux de la génération ayant vécu la période de l’indépendance. Ils ont des éléments de comparaison. Il leur suffit de jeter un coup d’œil sur ce qui se passe actuellement dans le pays pour évaluer les différences.

Pour tenter d’expliquer le phénomène, des questions viennent illico à l’esprit. Serait-ce l’effet du mimétisme ou de l’acculturation ? La rançon du progrès consécutif à l’évolution du monde ? Des interrogations à même d’introduire ce sujet d’actualité que nous vivons depuis un certain temps.

L’on se rend compte, en observant autour de nous, que les faits parlent d’eux-mêmes et attestent éloquemment le net bouleversement que connaît notre société. En comparant l’existant effectif sous la première république avec les acquis actuels, l’on note une certaine évolution. Entre autres, nous citerons l’explosion démographique, l’extension du réseau routier, fortement dégradé à l’heure qu’il est, faute d’entretien et l’accroissement sensible du parc automobile qui se traduit par un mélange hétéroclite de véhicules vétustes à la limite de l’épave avec d’autres tout à fait neufs et de marque prestigieuse.

Au plan du développement urbain, nos villes se sont étendues, du point de vue de la superficie, sans toutefois connaître l’essor qui détermine le mieux-vivre escompté. Les aménagements qui permettent de bâtir des cités modernes offrant des commodités avec les services sociaux de base requis ont fait défaut, dans l’ensemble.

Mais, de tous ces attendus, celui qui a le moins évolué, c’est le comportement des individus. Il suffit de se référer à l’usage que l’on fait aujourd’hui du sens civique et de certains codes de bonne conduite en société, pour conclure à un net recul des bonnes manières. La courtoisie, la solidarité, le respect de l’autre et tous les succédanés qui vont avec ont disparu. On est loin de l’avancée espérée. Et quand on pense que notre pays était réputé pour l’hospitalité de ses habitants ! Au point que chaque étranger se sentait parfaitement intégré et traité à égalité avec tout autre Guinéen, dans tous les sens du terme.

Eh, oui, on éprouve bien un pincement au cœur et de la tristesse nous étreint, lorsque l’on s’aperçoit que la société traditionnelle dans laquelle nous avons été moulés et dont les fondements reposent sur les valeurs africaines, est en train d’être reléguée au second plan, sinon aux oubliettes. De nouveaux canaux de valeurs sont en train de nous envahir, tel celui que l’on désigne sous le vocable de modernisme, modernité ou civilisation. Un des pires pièges venus des pays des blancs, surtout de l’Amérique, qui nous phagocyte, nous et notre culture.

Ces supports qui incitent au mimétisme acculturant ne sont autres que les médias, les NTIC et tous les moyens de communication disponibles à ce jour, de par le monde. Les programmes ou idées qu’ils véhiculent à l’échelle planétaire sont malheureusement absorbés par nos populations, les jeunes surtout, sans le moindre filtre décantant qui permet de faire la part des choses entre ce qui est bon à imiter et le reste. Dommage que ce soit souvent le côté nocif des choses que l’on ingurgite le plus facilement. Peut-être parce qu’il est plus facile à reproduire.

Ainsi, de façon insidieuse, voyons-nous des changements s’opérer autour de nous. Le comportement individuel et collectif, le mode vestimentaire, tout change. L’équilibre habituel de notre société se désagrège petit à petit. Les codes moraux sont foulés aux pieds. Les travers sociaux se multiplient et la violence s’installe. Nous ne sommes plus nous-mêmes, hélas !

Prenons garde de nous retrouver à nouveau sous un joug dominateur de type colonial, si ce n’est déjà le cas.  La colonisation dont il s’agit ici est culturelle. Elle est la pire de toutes. Elle sous-entend que nous n’existons même plus. Nous sommes littéralement déstructurés, dépersonnalisés, avalés.

Pour éviter pareille calamité, prenons chez les autres, juste ce qu’il nous faut et qui ne nous aliène point. Restons toujours nous-mêmes, c’est-à-dire des africains qui s’assument, parce que fiers de l’être. Des êtres qui comptent dans le sérail culturel de l’humanité, parce que dépositaires de grands trésors qu’ils apportent à l’universel.

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