Le commissaire Morossana Soumah, dit ‘français’, est décédé lundi dernier aux environs de 18 heures, des suites de courte maladie, à l’hôpital sino-guinéen de Kipé. D’après nos sources, il serait mort pendant le service, en pleine action. En effet, c’est après une journée de travail pleinement remplie à gérer les multiples problèmes de prévention routière dans son commissariat qu’il s’est senti mal, dans son bureau. Il était 16 heures. Transporté d’urgence à l’hôpital, il devait rendre l’âme, peu de temps après.
Pour le directeur central de la sécurité routière qui a été son commissaire spécial à Bonfi et qui l’avait rencontré le matin, quelques heures avant sa mort, la police nationale et plus particulièrement la routière, perd en cet officier, un cadre aux qualités professionnelle, humaine et morale, unanimement reconnues. Le commissaire Morossana Soumah que ses intimes appelaient ‘français’, est né à Conakry en 1962.
Sa carrière à la police routière commence par un stage qu’il effectue en union soviétique d’alors. Nous sommes à la fin de l’année 1984. A son retour au pays, il est affecté à la routière de Kaloum comme chargé de constat. Il y fera ses premiers pas dans la rude école d’apprentissage de la gestion de la circulation routière, au cœur de la capitale. Il se familiarisera vite avec les constats et rapports d’accident, les techniques et procédures de la P.J. (police judiciaire) et la gestion des dossiers et contentieux. C’est l’époque où il s’est véritablement formé et construit, encadré qu’il était par des aînés, pétris de talents et d’expérience, des aînés qui se souciaient de la qualification de la jeune génération. C’est là où il a pratiqué dans le concret, l’école de la vie professionnelle avec ses exigences morales et sociétales. Et les fruits pour lui, n’ont pas tardé !
Quelque temps après, les appréciations de sa hiérarchie lui vaudront d’être nommé chef service constat du commissariat de Kaloum. Puis, le voilà promu dans les mêmes fonctions à Bonfi. C’est après qu’il fut nommé commissaire spécial adjoint à Matoto. En 2015, il est muté à Enta, toujours comme adjoint, poste qu’il assumera jusqu’au décès du titulaire, le commissaire divisionnaire Ouo Ouo Gilbert. Suite à ce triste épisode, il est chargé d’assurer l’intérim. Et voilà enfin, qu’en décembre 2018, le destin, à travers un arrêté du chef du département, fait de l’intérimaire qu’il était, le commissaire titulaire de la routière de ENTA. Poste qu’il a occupé jusqu’au 16 septembre dernier.
Comme un fleuve tranquille, voici très condensé, le parcours administratif du commissaire Morossana Soumah ‘français’. Parallèlement à ce schéma de carrière, succinctement décrit, le défunt a régulièrement gravi les échelons pour atteindre le grade de commandant de police, équivalent au statut de commissaire qui était le sien, jusqu’à ce jour fatidique de son rappel à Dieu.
De même, il a toujours fait montre d’une réelle volonté de se qualifier au plan professionnel pour mieux servir son pays. Ce qui s’est traduit par son admission comme formateur au sein du pool de formateurs de la Direction Centrale de la Sécurité Routière. C’est avec un courage teinté de fierté qu’il avait affronté et conquis cet attribut valorisant, aux termes d’une sélection qui l’a conduit à une formation organisée au siège du département, du 22 juin au 12 septembre 2018.
Le Département de la Sécurité et de la Protection Civile, la Direction Générale de la Police Nationale, la Direction Centrale de la Sécurité Routière, l’ensemble des services et des personnels, entendent rendre un hommage mérité au défunt, qui laisse derrière lui deux veuves, 11enfants vivants et de très nombreux amis et collaborateurs, tous inconsolables, au regard des qualités humaines qu’il a toujours incarnées, sa vie durant.
Après la levée du corps prévue demain jeudi 19 septembre à l’hôpital sino-guinéen, un symposium sera organisé en sa mémoire, à la CMIS (Compagnie Mobile d’Intervention et de Sécurité) n0 1 de Cameroun.
L’enterrement est prévu à 14 heures, au cimetière de Cameroun.
Un penseur a dit : ’’ Ce qui est assuré n’est pas sûr’’. Cette vérité s’applique à ce décès que nous évoquons ici avec une intense charge émotionnelle. La tristesse qui nous étreint part du projet non réalisé que nous avions concocté avec le commissaire ‘français’. Notre grande proximité avec les services de sécurité routière (police et gendarmerie) remonte à quarante et un an aujourd’hui. Pour les besoins de l’émission Prudence Sur la Route à la RTG. Tout un bail ! Ce qui fait que nous les fréquentons régulièrement.
C’est ainsi donc que le 26 mai dernier, nous étions à la routière de ENTA, chez le défunt dont nous pleurons aujourd’hui la disparition brutale. A l’occasion, nous avions sollicité une interview au compte de Guineeenews, pour parler des activités du commissariat, qui nous semblaient immenses et peu connues du grand public. il avait accepté notre requête, tenant compte de son intérêt pour la communication et pour le médium sollicitant et mettant aussi en relief la confiance qui nous a uni de longues années durant dans le cadre de la prévention routière. L’interview projetée entrait dans la suite logique du premier entretien que nous avions eu avec son homologue de Sonfonia, le commissaire Sékou 2 Touré, la semaine d’avant.
La réalisation de ce projet était un acquis certain. Le commissaire s’y était engagé et nous le croyions. Cet ami de la presse ne pouvait que nous rassurer comme cela avait été, depuis toujours que nous le connaissions. Aussi avions-nous anticipé ce jour, malgré l’éclairage défaillant dans son bureau, la prise de la photo d’illustration de l’interview projetée. C’est cette même image, que nous utilisons aujourd’hui pour cet hommage posthume.
Mais voyez-vous, sans tomber dans le fatalisme, nous avons décidé, nous nous sommes accordés, mais rien n’a été fait. L’interview, pour des contingences diverses, n’a pas eu lieu. Tenons-nous en à ces réflexions profondes qui disent que ‘’l’homme propose et Dieu dispose’’, ou ‘’tant que l’homme vit encore il ne doit pas dire, jamais ! Ce qui est assuré n’est pas sûr, les choses ne restent pas ce qu’elles sont.
Adieu commissaire et pardon pour l’interview manquée avec Guineenews. Je sais que tu avais plein de choses à nous dire pour mieux faire connaître ton service et réduire les facteurs d’accidents que tu avais hâte de voir disparaître de ta zone de contrôle. Mais, parlons plutôt de ce qui t’est arrivé. Laisse-moi le raconter à tes parents de Samou et à tes amis de partout, que tu aimais, à tes collègues que tu respectais, à tes chefs que tu honorais, à tous ceux qui t’ont connu et t’ont porté dans leur cœur. En toute confiance, en toute amitié, nous te disons merci et adieu, frère !