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La photographie, cette autre mémoire de l’histoire de la Guinée qui se meurt faute de soutien (Ibrahima Bah)

Chaque 19 août, l’humanité célèbre la Journée Internationale de la Photographie. En Guinée, la pratique de ce métier passionnant est confrontée à d’importants défis. À l’occasion de cette journée, Thierno Ibrahima Baldé, président de l’Association des Journalistes Photo Reporter de Guinée (AJPRG), s’exprime sur la situation. Voici son interview.

Guinéenews : chaque 19 août, l’humanité célèbre la Journée Internationale de la Photographie. Quels sont les projets de votre Association pour cette journée en Guinée ?

Thierno Ibrahima Baldé : pour être honnête, en raison du manque de ressources financières, notre Association n’a presque rien prévu. Il est important de souligner que c’est l’ONACIG (Office National du Cinéma, de la Vidéo et de la Photographie) qui régit la photographie en Guinée. En tant que photographes, nous n’avons pas les moyens de célébrer cette journée. L’ONACIG a choisi de célébrer cet événement à N’Zérékoré.

À côté de notre Association, il existe celle des jeunes photographes professionnels. Eux célèbrent cette journée à Conakry, spécifiquement au Jardin du 2 Octobre, où je suis invité d’honneur. Malheureusement, notre Association n’a rien organisé pour célébrer cette journée dédiée à notre profession qu’est la photographie.

Guineenews : si vous n’avez rien prévu pour cette journée, cela signifie qu’il y a probablement des difficultés auxquelles vous faites face. Pourriez-vous nous en dire davantage ?

Thierno Ibrahima Baldé : la photographie est une profession cruciale pour la visibilité de nos institutions. Malheureusement, elle n’est pas reconnue dans notre pays. De plus, l’avènement des téléphones a posé un problème, car nous sommes des spécialistes de la photographie analogique. Auparavant, nous gérions tout le processus photographique, de la prise de vue au traitement et à l’impression. Aujourd’hui, un simple téléphone peut accomplir tout ce processus en un temps record, voire instantané. Nous sommes donc en décalage par rapport à cette évolution technologique. C’est pourquoi nous nous efforçons de former de jeunes photographes.

Notre Association est affiliée à la Haute Autorité de la Communication (HAC) en tant que reporters de presse, ce qui nous qualifie en tant que journalistes photographes. Cependant, les médias ne nous utilisent pas. Nous n’avons même pas accès aux cérémonies officielles de la Présidence et d’autres institutions, bien que nous devrions y être présents. Une fois accrédités, nous devrions être affectés à divers ministères pour exercer notre profession. Le plus difficile dans cette situation est d’observer des ministres acheter du matériel pour des individus non professionnels, alors que nous, avec nos accréditations, sommes laissés de côté.

Guineenews : face à ces difficultés, quelles sont les priorités actuelles de l’Association ?

Thierno Ibrahima Baldé : notre objectif est de faire reconnaître la profession de photographe professionnel par l’État et d’être considérés à juste titre. Que ce soit dans le domaine imprimé ou en ligne, la presse a besoin de photographies. De plus, nous devons former de jeunes photographes pour qu’ils soient à la pointe de cette évolution technologique. J’ai élaboré un projet dans ce sens et j’ai sollicité le soutien de plusieurs ministères ainsi que de la Primature.

Guineenews : quel message adressez-vous aux autorités face à cette situation difficile pour votre profession ?

Thierno Ibrahima Baldé : j’appelle les autorités à nous soutenir et à nous reconnaître. Depuis 2009, nous célébrons la Journée Internationale de la Photographie par une exposition d’œuvres photographiques retraçant l’histoire de notre pays de 1958 à nos jours. Cette année, faute de moyens financiers, nous n’avons pu le faire. Notre seule source de financement est une subvention d’environ 10 millions de francs par an, ce qui est nettement insuffisant pour couvrir les coûts de célébration de cet événement, incluant les expositions et la formation des jeunes. Nous sollicitons donc l’aide de l’État. Sans ressources financières, nous ne pourrons même pas nous permettre d’acheter le matériel nécessaire, qui est extrêmement coûteux. 

Entretien réalisé par Mamadou Saliou Diallo pour Guinéenews

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