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La paix mondiale, trop importante pour la laisser entre les mains des seuls États puissants

Par Youssouf Sylla, auteur du livre « Post Françafrique », l’harmattan 2021.

La Russie vient à son tour de prendre pour un mois la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU, ce qui ne manque pas de provoquer pour des raisons évidentes l’ire de l’Ukraine, les deux pays sont en guerre, mais aussi l’agacement des occidentaux. Cependant, la présidence russe ne signifie nullement que les quatre autres membres permanents du Conseil suivront son agenda, comme elle, ils disposent eux aussi du droit de veto capable de mettre en échec l’action du Conseil.

Comme on le sait, le Conseil a été complètement paralysé dans le règlement du conflit russo-ukrainien, à cause de la guerre larvée et hybride que se livrent ses cinq membres permanents, désormais constitués en deux blocs irréconciliables. Il y a d’un côté les USA, la France et le Royaume-Uni. De l’autre côté, la Chine et la Russie. Tous détenteurs de l’arme atomique, ces pays sont globalement en opposition pour ce qui est de la marche à imprimer aux affaires mondiales et sur les valeurs qu’ils incarnent et entendent promouvoir dans le monde. La confrontation entre ces deux blocs a aujourd’hui atteint son point d’orgue. Elle se matérialise par une relance extraordinaire de la course aux armements, signe avant coureur d’un danger imminent, une importante mobilisation militaire et une extraordinaire levée de fonds pour des fins militaires. Des fonds qui auraient pu, soit dit en passant, venir en aide aux pays pauvres confrontés à d’énormes difficultés économiques notamment en Afrique. La confrontation entre les deux blocs prend aussi corps dans  l’intensification de la compétition qu’ils se livrent sur le plan technologique, économique et géopolitique. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, jamais le monde n’a fait face à des menaces globales de cette ampleur.

 En effet, la réalité internationale a radicalement changé et les choses ne seront certainement plus comme elles étaient, même si pour l’instant, personne n’est mage pour deviner de quoi sera exactement fait demain. Faute de gommer les différences notables entre les puissances occidentales établies depuis la fin de l’empire soviétique et les puissances non occidentales regroupées au sein du BRICS par exemple, il faudrait être aujourd’hui capable de penser un nouvel ordre mondial inclusif malgré la différence qu’il y a entre les acteurs majeurs de la scène internationale du point de vue idéologique, culturel et économique. Mais aussi être capable d’assurer aux mêmes acteurs, les garanties de sécurité fondées sur le strict respect du droit international. L’unipolarité sera probablement la grande perdante de ce qui se joue maintenant et la multipolarité, l’avenir du monde en construction. Nous sommes, quoi qu’on dise, à la veille d’un nouveau monde en gestation.

Dernière chose dont on parle peu lorsqu’on évoque la confrontation entre les acteurs majeurs de la scène mondiale, c’est ce qui devrait être l’apport de la grande majorité d’Etats qui compose l’ONU et qui n’a pas la voie au chapitre lorsque le Conseil de sécurité prend ses grandes décisions concernant les affaires mondiales. En effet, on a tendance à oublier que la paix dans le monde est une chose trop importante pour la laisser entre les mains des seuls Etats puissants. Elle intéresse tous les Etats, petits et grands, sur armés et sous armés, car elle est un bien commun. Chacun devrait avoir son mot à dire dès lors qu’aucun Etat n’échappera aux conséquences d’une guerre entre les acteurs les plus puissants. Un des buts fondamentaux de l’ONU instituée en 1945, à travers son Conseil de sécurité, n’est-il pas d’assurer la paix et la sécurité internationales ? Pour atteindre cet objectif vital et noble qui n’a pas de prix, il convient, entre autres réformes, d’intégrer au sein du Conseil, certains autres Etats majeurs et organisations régionales comme l’Union africaine, et de revoir le fameux « droit de veto », afin qu’il ne soit plus un obstacle à la paix mondiale. Autant de chantiers que suscitent les crises multiformes du monde d’aujourd’hui pour redéfinir les règles du jeu au plan international.

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