La manifestation de l’opposition n’a pas pu se tenir ce jeudi 29 novembre. Dispersés, les manifestants ont replié vers chez Cellou Dalein Diallo. Là, les leaders, à leur tête, le Dr Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’UFDG, ont improvisé une conférence de presse.
Selon Fodé Oussou, des leaders de l’opposition sont tombés en syncope à cause du gaz lacrymogène qu’ils ont inhalé. Le vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée rappelle que la loi n’exige pas une autorisation pour manifester : « On est dans un pays comme si on était dans la jungle. Les gens n’arrivent pas à faire la différence entre information et autorisation. Les partis politiques n’ont qu’une seule obligation qui est d’informer l’autorité [communale] en disant que nous avons envie d’exercer un droit constitutionnel. Nous écrivons, donnons la date, l’heure et l’itinéraire. Le rôle des administrateurs, c’est de nous répondre en disant, nous avons l’information et nous allons prendre des dispositions pour encadrer la manifestation […]. Dans ce pays, toutes les manifestations sont interdites. Ça c’est une honte pour notre pays. Un gouvernement qui se veut démocratique ne peut pas communiquer devant le monde entier en disant que toutes les manifestations sont interdites dans le pays. C’est un gouvernement hors la loi. Dans un pays normal, on peut assigner en justice ce gouvernement qui se comporte comme ça. Nous ne sommes pas d’accord de la manière par laquelle ce pays est gouverné. »
À lire aussi
Très décidées à faire respecter l’interdiction de manifester, les forces de l’ordre n’ont pas laisser les manifestants aller plus loin. Mais pour Fodé Oussou, la façon dont les gens ont été dispersé prouverait que les agents de maintien d’ordre étaient venus pour tuer : « Chaque fois que nous avons envie de manifester, on voit la police, la gendarmerie, l’armée et même des armes de guerre. La manifestation devait commencer à l’esplanade eu stade du 28 septembre. Un gouvernement qui se respecte allait nous laisser aller au moins jusqu’à l’esplanade. Mais nous avons juste bougé et vous avez vu le détachement avec quelle haine, les gens sont arrivés. Ils sont venus dans l’intention de tuer. On dirait que les opposants ne sont pas des Guinéens. On dirait qu’on peut faire la démocratie en mettant dehors l’opposition. Dans un pays où l’opposition n’exerce pas son droit, il ne doit pas être considéré comme un pays démocratique. Qu’est-ce que le président Alpha Condé souhaite avoir comme image ? Les manifestations n’ont pas commencé aujourd’hui. Alpha Condé a été un opposant, il a participé à des manifestations. Mais aucun gouvernement ne s’est comporté comme il le fait…Les gens vont dire que l’opposition est sortie et on les a gazés. On devait avoir peur et pitié de ce pays, parce que l’image que ça donne au pays est une honte. »
Poursuivant son intervention, le vice-président de l’UFDG affirme que « ces violence » qu’ils subissent visent à les intimider : « L’objectif, c’est d’essayer de nous intimider, nous empêcher d’exercer nos droits. Mais, si c’est cela l’objectif du gouvernement d’Alpha Condé, il est faussé parce que nous allons encore nous retrouver et nous allons donner la date des prochaines manifestations. Nous allons continuer à manifester. Nous avons 103 jeunes tués. La communauté internationale est au courant de ce qui se passe ici. Tous les quartiers de Dixinn ont été gazés….Il y a des leaders qui sont tombés en syncope. Si c’est pour nous intimider pour que nous arrêtions les manifestations, elles vont continuer. Nous allons adresser un message à Alpha Condé, à la police, à Keira (Alpha Ibrahima Keira, ministre de la Sécurité, ndlr), aux pyromanes pour dire que cela ne va pas nous intimider. Ce n’est pas parce que le chef de file de l’opposition n’est pas là que nous n’allons pas manifester. Nous allons continuer à manifester parce que nous avons derrière nous des gens qui sont engagés. Nous n’avons pas de militaires, de gendarmes, de gaz lacrymogènes mais nous avons des gens convaincus, qui croient à la démocratie et qui se sont battus pendant plusieurs années pour que ce pays soit démocratique. Nous allons refuser, au prix de nos vies, qu’Alpha Condé instaure la dictature dans notre pays. »