Depuis 1997, l’humanité célèbre la Journée mondiale de la pêche artisanale. Chaque année, le 21 novembre offre l’opportunité de promouvoir la reconnaissance et la valorisation des individus qui consacrent leur vie à l’exploitation et à la conservation des ressources marines. Bien plus qu’une simple commémoration, la Journée mondiale des pêcheurs artisans s’inscrit dans une sensibilisation globale aux enjeux écologiques, économiques et sociaux liés à la pêche artisanale et aux métiers de la mer.
Malheureusement, le 21 novembre 2023 est passé presque inaperçu en Guinée. Pire encore, la journée demeure largement méconnue pour la plupart des acteurs de la pêche artisanale. « C’est une bonne chose qu’il y ait une journée dédiée à notre profession. Cela réconforte de savoir que nous ne sommes pas complètement oubliés par l’humanité. Cependant, nous n’avons aucune information sur cette journée, même avec un département dédié à la Pêche. Il existe de nombreuses structures, mais personne ne nous tient informés« , a confié Mamadouba Bangoura, pêcheur dans un débarcadère de la commune de Matoto.
Si l’année précédente a vu le 21 novembre consacré à l’assainissement de certains débarcadères, suivi de séances de discussion, de panels, et de la soumission d’un plan stratégique halieutique aux bailleurs pour les investissements à réaliser dans le secteur au cours des cinq prochaines années, cette année n’a pas été annoncée, au grand désarroi des pêcheurs.
« Pourtant, il y a tant à faire. Cette journée devrait être consacrée à la valorisation de notre activité. Malheureusement, nos responsables dans les ports, ceux des différentes organisations de la pêche artisanale, et le département de tutelle n’ont pris aucune initiative pour cette journée. C’est vraiment décevant. Nous sommes comme des oubliés alors que nous contribuons considérablement au développement de ce pays« , s’est indigné Alya Camara.
Fodé Idrissa Kallo, secrétaire chargé des affaires extérieures, de la communication et de l’information de la Fédération nationale des pêcheurs artisans, a plutôt saisi l’occasion pour plaider en faveur de formations et d’équipements en matière de sécurité maritime. Il a également souligné la nécessité « d’investir dans l’aménagement des débarcadères. Actuellement, nous disposons de plus de 235 débarcadères, mais seulement 10 d’entre eux sont aménagés. Même cet aménagement fait défaut. Il est donc impératif d’investir davantage dans ce secteur. Le département lui-même rencontre des difficultés, car pour obtenir des résultats dans la pêche, des moyens sont nécessaires. Cependant, le ministère de la Pêche dispose du plus petit budget (cent trente-six milliards GNF, ndlr), la majeure partie de cette somme servant à rémunérer les fonctionnaires. Alors que la pêche contribue avec plus de cent milliards à l’économie nationale. Il est essentiel de prendre cela en considération.«
Pour ce dernier, la Journée mondiale de la pêche artisanale intervient cette année à un moment où la situation de la pêche artisanale est dans une impasse en Guinée. « La zone côtière est tellement menacée par des pollutions qu’il devient difficile aujourd’hui de pratiquer la pêche artisanale. Les navires miniers utilisent de l’eau pour stabiliser le navire lors du transport de la bauxite. Ensuite, lors du transbordement, ils déversent cette eau dans notre zone. Cela entraîne non seulement la perte d’espèces halieutiques, mais comporte également des risques pour la santé. Il est impératif de corriger cela, sinon d’énormes difficultés attendent les pêcheurs artisans.«