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La Guinée, un pays aux dirigeants « extrêmophiles » ! 

La cohabitation entre les populations guinéennes et leurs dirigeants n’a pas été de tout temps viable. Et force est de constater que plus le temps passe, plus cette incompatibilité du vivre ensemble entre ces deux entités d’un même peuple tend irrémédiablement vers l’hyper suprématie des uns sur les autres, à tel point que la survie des populations s’en trouve compromise. Autrefois, c’est-à-dire jusqu’à la mort de leur premier président de la République en 1984, la menace contre la vie des Guinéens venait essentiellement des exactions du régime totalitaire incarné par le parti-État. Mais la donne a radicalement changé depuis cette date.

En effet, depuis le surgissement de l’armée sur la scène politique le 3 avril 1984, cette cohabitation souffre d’un mal nouveau : le train de vie des dirigeants empêche les populations de mener une vie digne et désangoissée. Si bien que dans les faits, ce mal a pris une ampleur gigantesque, particulièrement après la tenue des premières élections présidentielles pluralistes en Guinée, le 19 décembre 1993. Car c’est à partir de cette date que la lutte pour la conquête du pouvoir et l’enrichissement illicite par le moyen de détournements des deniers publics, a remarquablement commencé en Guinée. Une pratique malsaine qui a eu et continue d’avoir un impact considérablement négatif sur les ménages guinéens, sur l’avenir de la jeunesse et sur le développement économique du pays.

Ce phénomène est d’autant plus prégnant dans la société guinéenne et plus précisément dans le comportement des dirigeants qu’il nous parait nécessaire de l’analyser sous le prisme de la biologie, en le comparant à celui de ces organismes vivants dont les conditions de vie normales sont si exceptionnelles qu’elles sont mortelles pour la plupart de leurs voisins, on dit alors qu’ils sont « extrêmophiles ». Telle semble bien être la situation des dirigeants de la Guinée depuis bientôt quarante ans. Par l’appropriation personnelle et la gestion calamiteuse qu’ils font des ressources collectives, ils condamnent à une vie de misère et de désespoir tout un ensemble d’individus qui partagent avec eux un habitat commun.

Dans la nature, ces micro-organismes (extrêmophiles) ont colonisé à peu près tous les types d’environnement. Certains sont parfaitement adaptés à des conditions qu’on pourrait croire complètement hostiles à la vie, notamment parce qu’ils tirent une bonne partie de leur énergie existentielle des autres espèces se trouvant dans leur pré carré, mettant ainsi en danger la survie de ces dernières. Les scientifiques les ont classés en plusieurs catégories. Et il est intéressant de voir, à notre avis, que ce classement est parfaitement adapté aux types de dirigeants qui président aux destinées de la Guinée depuis toutes ces années.

D’abord il y a ceux qu’on appelle les « thermophiles ». Ce sont des amoureux de la chaleur. Certains, comme la bactérie Pyrolobus fumarii, vivent dans les cheminées hydrothermales sous-marines. Leur température idéale est de 105°C. Et sous 90°C, ils cessent de se reproduire. Or, à cette température les protéines de la plupart des organismes cessent d’être fonctionnelles. On peut comparer le comportement des thermophiles à celui de ces dirigeants mégalomanes, aux ventres bourrés de richesses mal acquises, qui adorent se vanter de leur « fausse réussite » en se mettant en scène dans des grandes cérémonies festives. Ils ont un goût prononcé pour le luxe et aiment souvent voyager à l’étranger en classe premium ou affaires. Prendre des vacances et loger dans des hôtels luxueux. Se pavaner dans les paradis fiscaux pour y planquer une bonne partie de leurs avoirs volés. Pire, les dirigeants thermophiles n’investissent pas grand-chose dans leur pays et préfèrent acquérir et posséder d’énormes biens à l’étranger. Ceux-là sont vraiment les plus nuisibles pour leurs compatriotes guinéens.

Ensuite, il y a les « psychrophiles ». À l’inverse des premiers, ces micro-organismes aiment le froid. Leur température idéale est celle du réfrigérateur, soit 4°C. On les trouve par exemple dans les mers polaires, les sols gelés ou les glaciers. Leur danger vient du fait qu’ils peuvent se multiplier dans des environnements réfrigérés et causer la détérioration des aliments ou des pathologies humaines à la suite de la consommation de ces aliments contaminés. Ce mode de vie ressemble beaucoup à celui de ces dirigeants guinéens avec un sang-froid stoïque, mais corrompus jusqu’aux os. Ces derniers renvoient généralement une fausse apparence d’hommes intègres qui trompe la vigilance des populations non clairvoyantes et évacue tout doute à leur encontre. Mais il se trouve que dans le fond, ils sont extrêmement nuisibles parce qu’eux aussi se sont enrichis en pillant le pays. Pour se donner bonne conscience, ils se lancent parfois dans les affaires et font quelques petits investissements dans le pays pour faire croire à l’esprit naïf qu’ils ont honnêtement gagné leurs fortunes. Mais il n’en est rien. Ils sont aussi grands filous et hostiles que les thermophiles.

Puis viennent tous ces autres petits fonctionnaires malhonnêtes à différents niveaux de l’administration publique, prêts à vendre leurs âmes pour aussi peu que cent mille francs. Ils peuvent être comparés aux « acidophiles », ces petites bêtes qui ne peuvent survivre et se multiplier que dans des environnements acides, voire très acides. On les trouve notamment dans des mines de charbon. À l’instar de ces organismes, les fonctionnaires acidophiles ne peuvent résister à la corruption, cela fait partie de leur ADN. Ils sont enclins à détourner même les frais médicaux d’une personne qui agonise devant eux. Leur avidité est si prononcée qu’ils n’hésitent pas d’engloutir tout ce qui passe dans leurs mains sous forme de ressource publique. À vrai dire, leur existence même est un danger pour le pays.

Quant aux « alcalinophiles », ils préfèrent les conditions alcalines, comme certains sols et certaines eaux stagnantes. Ces conditions dénaturent habituellement l’ADN et les protéines des autres organismes. Leur caractère s’assimile en Guinée à ces fonctionnaires tellement tordus qu’ils finissent par contaminer tout leur entourage. On les reconnaît notamment par leur agilité à changer régulièrement de camp, au gré de la satisfaction de leurs intérêts personnels. Grands nomades politiques, ils n’ont aucun honneur ni aucune conviction. Ils vont là où le vent les pousse. Ils sont extrêmement corrompus et corrupteurs à la fois.

Enfin il y a les « halophiles », ces micro-organismes tolèrent de fortes concentrations de sel, ce qui devrait normalement les vider de leur eau. On peut les comparer dans l’administration guinéenne à ces petits fonctionnaires bouffis d’orgueil et de prétention, qui cherchent à se positionner pour jouer un rôle dans le pillage des ressources ou pour se gargariser avec la faible part que leur abandonnent leurs mentors alcalinophiles. Mais ne trouvant pas toujours d’occasions en or pour arriver à leurs fins, ils se précipitent alors derrière les partis politiques existants pour en devenir les propagandistes. Ils sont ainsi déterminés, en jouant ce rôle à défaut, de nuire à quiconque se met sur leur chemin pour parvenir à leur but.

En Guise de conclusion, il apparait clairement que tous ces organismes ont développé des stratégies qui leur permettent de survivre dans des environnements extrêmes, aux dépens de la vie de leurs voisins. Exactement de la même manière que la relation de cohabitation entre la classe dirigeante guinéenne et le reste de la population. La question qui persiste est de s’interroger comment se protéger de cette relation toxique et mortifère ?

Pour sa part, la science a développé un biopesticide à base d’une bactérie extrêmophile pour lutter contre les agents pathogènes. Cette solution ne pouvant cependant convenir aux humains, la situation exclusive de la Guinée et de ses dirigeants demande un traitement spécifique. En effet, en ce qui concerne les dirigeants extrêmophiles guinéens, « la révolution des esprits » nous semble être le remède le plus efficace à préconiser pour les guérir de leur pathologie et permettre à eux-mêmes et à leurs victimes inoffensives de vivre en symbiose.

Aboubacar Fofana

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