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La colonisation, source intarissable du conflit israélo-palestinien, par Youssouf Sylla, analyste.

Une évidence crève les yeux: tout espoir de paix durable entre les Israéliens et les Palestiniens ne sera qu’un vœu pieux, tant que les premiers colonisent les seconds et les privent de leur droit à l’autodétermination. Plus de 70 ans d’histoire tragique, faite de guerre quasi permanente est là pour le démontrer. Pourtant, un réel espoir de paix était né en 1993, lors de la signature des Accords d’Oslo qui apportaient des réponses fort intéressantes aux préoccupations des Palestiniens d’avoir pour eux un État, et à des Israéliens de vivre en paix et en sécurité à l’intérieur de leurs frontières. Mais l’assassinat d’Yitzhak Rabin premier ministre israélien d’alors en novembre1995 par un extrémiste juif est venu tout chambouler: d’un côté, l’Israël est tombé dans les mains de l’extrême droite orthodoxe, et l’idée de création d’un État palestinien, conformément aux multiples résolutions des Nations-Unies,  s’est complètement évaporée dans la nature. De l’autre côté, face au désespoir des Palestiniens, le Hamas, une émanation des frères musulmans, a pu se consolider et gagner en légitimité démocratique auprès d’une écrasante majorité de Palestiniens.

Ailleurs, à cause de la realpolitik, la question palestinienne, à vrai dire, n’intéressait plus grand monde, y compris certains gouvernements arabo-musulmans et autres, à l’exception notable de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Iran, de la Turquie, et de l’Afrique du Sud. À signaler toutefois que la rue arabe, dans son ensemble, reste foncièrement pro-palestinienne. Nombre de gouvernements arabes, et non les moindres, sous l’administration de Donald Trump, se sont engagés dans un processus de normalisation de leurs relations,  jusque-là exécrables avec l’Israël, à travers les accords dits d’Abraham, alors même que ce pays reste dirigé par l’un des plus grands pourfendeurs des Accords d’Oslo, Benyamin Netanyahou. Les accords d’Abraham enterraient en quelque sorte la cause palestinienne en raison de la déconnexion qu’elle opérait entre la défense de cette cause, et la normalisation avec lsraël. Pour Benyamin Netanyahou, ces accords constituaient donc une véritable prouesse diplomatique.

Il a fallu la tragédie du 7 octobre dernier en Israël pour que l’Arabie Saoudite, géant de la diplomatie arabe reconsidère sa démarche de normalisation vis-à-vis d’Israël, du moins pour l’instant, et que la question palestinienne, longtemps reléguée au second plan, refasse surface. S’il y a une victoire politique qui peut être associée à l’attaque sanglante du 7 octobre contre l’Israël, c’est bien la redirection des projecteurs du monde sur la souffrance des Palestiniens, à cause de la réaction démesurée de l’armée israélienne à cette attaque, et la mise en mode pause des Accords d’Abraham.

C’est dans cette circonstance malheureuse, faute d’initiatives diplomatiques crédibles au cours de ces dernières décennies, que l’idée de création d’un Etat palestinien est en train de trouver un nouveau souffle au sein de la communauté internationale. S’il est dans l’immédiat, compte tenu de l’état de guerre, difficile d’envisager des négociations dans l’esprit des accords de paix d’Oslo, il n’en demeure pas moins que le statu quo au Gaza et en Cisjordanie est désormais intenable même pour les soutiens inconditionnels d’Israël, à savoir les pays occidentaux en particulier, les USA en tête. La nécessité pour les Palestiniens d’avoir un État selon les résolutions des Nations Unies et celle d’Israël de vivre en paix et en sécurité, s’imposent de plus en plus comme une priorité à la fois juridique et morale pour la communication internationale. La conduite à tenir par l’Occident face à cette double nécessité, sera scrutée à la loupe par le monde entier, surtout par les pays du Sud Global, dont certains ont aussi connu aussi un passé colonial douloureux. Une grande partie de la crédibilité des USA, « phare pour le monde » selon les mots de Joe Biden et de l’Occident, se jouera sans nul doute dans leurs capacités d’user de toutes leurs influences pour accélérer la décolonisation de la Palestine dans un cadre qui assurera à l’Israël, paix et sécurité.

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