En dépit de l’immense potentiel minier de la Guinée, où les activités minières représentent 85 % des exportations, une grande partie de la population vit encore en dessous du seuil de pauvreté, les femmes étant les plus impactées.
C’est partant de ce constat malheureux que Women In Mining Guinée (WIM Guinée), une organisation non gouvernementale dédiée à l’autonomisation des femmes dans les zones extractives, a organisé un Forum international ce vendredi 28 juin 2024, sous le thème : « Comment favoriser une meilleure implication des femmes dans le secteur minier en Guinée ? ».
L’événement a réuni divers acteurs du secteur minier, des autorités étatiques, des parlementaires, des compagnies minières, ainsi que des personnalités indépendantes. L’objectif de ce Forum était de créer un espace de dialogue et de partage d’expériences pour promouvoir l’implication des femmes dans ce secteur crucial.
Il a connu la participation de représentants du gouvernement, d’organisations internationales comme ONU Femmes et le PNUD, de compagnies minières, d’organisations de la société civile et de partenaires au développement.
Dans son discours de bienvenue, la Présidente de WIM-Guinée a noté que le secteur minier est largement dominé par les hommes, et que les femmes ne représentent actuellement que 10 à 17 % de la main-d’œuvre.
« Cependant, nous assistons aujourd’hui à un tournant important : de plus en plus de femmes intègrent le secteur minier. Elles progressent dans leur carrière, dirigent des équipes et contribuent aux projets menés sur le continent. En tant que femme travaillant dans le secteur minier depuis plus de 10 ans, la mission de mon organisation est de sensibiliser aux opportunités que ce secteur offre aux femmes et de faire tomber les barrières qui les empêchent de rejoindre cette industrie », a déclaré Mme Aissata Béavogui.
Pour réussir ce pari, la Présidente de Women In Mining a indiqué qu’il est essentiel de sensibiliser les décideurs politiques et les chefs d’entreprises à l’importance cruciale de promouvoir et de soutenir la diversité au sein de tous les secteurs de croissance du pays.
Pour Mme Aissata Béavogui, il est dans l’intérêt de tous de veiller à ce que les femmes aient accès à un avenir prometteur.
Durant cet événement, les différents acteurs ont eu l’opportunité de discuter, d’échanger des idées et de partager des expériences enrichissantes autour du leadership féminin, notamment lors d’un panel sur le thème : « Quelles politiques pour faciliter l’accès des jeunes filles aux branches techniques afin qu’elles soient compétitives dans le secteur minier en particulier et sur le marché du travail en général ».
Un panel qui a réuni des experts et des professionnels engagés pour l’égalité des genres, dont M. Bertrand, Directeur du groupe des Ressources Humaines, Administration et Communication de la CBG, dont l’intervention a porté sur les stratégies de recrutement et de rétention utilisées par la Compagnie des Bauxites de Guinée pour attirer et maintenir les femmes dans les postes techniques au sein de l’entreprise.
Pour M. Bertrand, la stratégie d’attraction et de rétention est nécessairement dépendante du vivier disponible. « Le vivier disponible, on a toujours la possibilité de former les gens, mais en fonction d’un plan minier, d’une organisation et d’une stratégie minière, l’entreprise doit se limiter pour être pérenne et pour donner de l’avenir », a-t-il déclaré.
Il a soutenu qu’une entreprise doit se limiter à son rôle et, au mieux de ses capacités, que ce projet d’attraction et de rétention s’inscrit dans un projet plus global incluant tous les acteurs concernés.
Selon le Directeur des Ressources Humaines de la CBG, l’État doit fixer un cadre et mettre en place des politiques que l’entreprise doit appliquer à son niveau pour soutenir les femmes et l’environnement qui les entoure.
« La CBG, avec 60 ans d’existence, est suffisamment attractive. Mais nous avons des concurrents et des partenaires qui arrivent derrière, et bientôt le combat pour les meilleurs talents va commencer. Nous devons former les meilleurs. Pour nous, l’attraction et la rétention des jeunes femmes passent par une discrimination positive. La société exige qu’au moins deux candidats sur cinq soient des femmes. Et en cas d’égalité entre hommes et femmes, la priorité est donnée aux femmes », a-t-il confié.
Il a rappelé qu’il y a deux ans, la CBG a pu embaucher 31 jeunes ingénieurs, dont les cinq meilleurs étaient des femmes.
« Nous relançons cette initiative et, pour faciliter cette inclusion dans les projets de la CBG, nous devons soutenir et protéger les femmes. Nous devons leur donner confiance », a exprimé M. Bertrand.
Faut-il rappeler que cette deuxième édition s’inscrit dans la célébration de la Journée internationale de la Femme dans l’industrie minière, célébrée le 15 juin et instituée en 2022 par International Women in Mining, dédiée à la sensibilisation sur les avancées en matière d’égalité des sexes dans le secteur minier et à la réflexion sur les défis restants.
Le slogan de cette journée, « Je suis l’activité minière et j’appartiens », appelle l’industrie minière mondiale à célébrer les talents et les contributions des femmes, tout en œuvrant pour l’égalité des sexes dans le secteur.