Quand on insiste pour rappeler régulièrement, la dangerosité des motos dans la circulation, on est souvent accusé d’en faire de trop, de verser dans l’exagération. C’est à peine si on n’est pas taxé de dénigrer ou de jeter l’anathème sur ce secteur qui n’est pas le pire que nous ayons, dans le système de transport. Toutefois, qu’ils le pensent ainsi ou qu’ils le disent tout haut, il est certain que ceux qui émettent un tel avis, se trompent totalement. Les faits sont parlants, même très parlants !
Il suffit de se référer au bilan présenté par la police à l’occasion de la fête de l’Aῐd El Fitr, célébrée le vendredi 21 dernier, pour s’en convaincre. Les chiffres sont éloquents et confirment notre affirmation. Dans quatre des six accidents survenus pendant la fête, les motos sont pleinement impliquées. Voyons plutôt le condensé qu’en dresse la police :
Morts : 02
Blessés graves : 04
Blessés légers : 02
Dégâts matériels importants : 04
Dégâts matériels légers : 02.
Motos impliquées : 07
Ces accidents se sont produits, respectivement, à Matoto, Faranah, Kamsar, Kindia et N’zérékoré.
Dans les cas survenus, les motos ont été concernées dans trois centres urbains sur les cinq, avec une mention pour Nzérékoré qui en a enregistré deux, le jour de la fête.
Nous allons apporter quelques précisions dans la description des faits qui se sont produits :
A Matoto, (Yimbaya Mangué), c’est une moto TVS qui a heurté une vieille femme, avec des blessures graves et des dégâts matériels importants ;
A Faranah, c’est une collision entre deux motos, une TVS et une moto KTM qui a entraîné des blessures légères et des dégâts matériels, du même ordre ;
A Kamsar, une voiture Mercédès a heurté des piétons (enfants) qui ont enregistré des blessures graves (fractures) ;
A Kindia, l’accident d’une voiture et d’un autre engin (sans autre précision) a entraîné des dégâts matériels importants et des blessés graves, dont l’un a trouvé la mort.
A N’zérékoré, deux accidents, dont un mortel, survenus respectivement, à Ossud et à Dorota. Tous les deux sont causés par des motos : KTM contre TVS et KTM contre BAJAJ.
Le premier a entraîné des blessés graves et des dégâts matériels importants. Le second, s’il est resté dans les mêmes proportions, du point de vue dégâts matériels, a malheureusement entraîné la mort d’une personne.
Tous ces cas se sont produits au centre-ville, domaine d’intervention de la police routière. Les heures de survenance ont été les suivantes: 14h, 18h, 20h, 21h. Dans une large proportion, les motos impliquées sont sans immatriculation. Ce qui signifie qu’elles sont sans couverture d’assurance. Toute idée de prise en charge correcte des victimes est donc à exclure, surtout et c’est souvent le cas, quand les auteurs sont insolvables. On verse alors des larmes de crocodile pour convaincre les victimes et leurs ayants-droits, de leur complet dénuement. Ils n’ont rien, jurent-ils. Ils sont prompts à vous parler de leurs misères qui ont fait qu’ils n’ont pas pu se mettre en règle. Et pourtant, ils conduisent et génèrent des recettes, au quotidien ! Les victimes n’ont que leurs yeux pour pleurer.
Ainsi qu’on le voit, si les motos sont utiles dans la circulation ou le transport de passagers, elles n’en restent pas moins, très dangereuses, au regard des nombreux accidents qu’elles occasionnent. Elles ont même atteint ou dépassé, dans certains cas, la fréquence et la gravité enregistrées par les automobiles. Ces accidents arrivent, tant en ville qu’en rase campagne, les jours ordinaires, comme les week-ends, les jours fériés, comme de fête.
A ce jour, la présence exponentielle des motos dans la circulation est une réalité qu’on ne peut pas ignorer. Elles sont partout, jusque dans les districts et hameaux les plus reculés ou inaccessibles du pays. Les autorités doivent se préoccuper de cette situation. Dans ce sens, il faut admettre que des efforts sont déjà entrepris. Cela se traduit, entre autres, par l’action de l’AGUISER qui a initié et mis en œuvre, depuis la semaine nationale de la sécurité routière, au mois de décembre de l’année dernière, des projets de formation à l’intention des conducteurs de motos taxis. Elle est appuyée en cela par la DNTT qui, entre autres, a réglementé l’activité de transport par engins à deux ou trois roues et défini les conditions d’acquisition du permis de conduire motocycliste.
Les dispositions continuent d’être prises en vue de mieux structurer et organiser le secteur, qui à ce jour, prend de l’ampleur et impacte la vie quotidienne des citoyens. Il y a lieu d’encourager cette dynamique qui est l’une des voies idoines pour le renforcement de la sécurité routière dans notre pays.