Le président de l’African Crisis Group, le Dr Sékou Kouréissy Condé était vendredi devant la presse pour parler de la paix en Guinée et dans la sous-région ouest-africaine. « Ce qu’on n’aura jamais de trop c’est la paix. Parce qu’elle inclut la santé, la sécurité, l’environnement, la stabilité », estime le président du cabinet d’experts de la prévention et de la résolution des conflits. Si l’ancien ministre de la sécurité a tenu à parler de la paix, c’est parce que les observations d’African Crisis Group laissent croire l’existence d’une « menace qui pèse sur la sous-région ». Il a donc voulu attirer les attentions sur cette « menace ».
« Nous avons l’or, le diamant et le pétrole, la mer, l’eau et le soleil. Nous avons également le potentiel humain. Ce que nous n’arrivons pas à capitaliser c’est la paix, l’acceptation mutuelle et la capacité de dialoguer », a-t-il déploré. Des manques qui exposent, selon lui, les pays africains à plusieurs germes de conflits. « Les frontières sont conflictuelles, l’administration porte des germes de conflits…Les compositions des communautés et leurs relations portent des germes de conflit, les choix des représentants des différentes communautés portent des germes de conflits », estime Sékou Kouréissy.
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« Nous sommes riches sur tous les plans et à maints égards…Ce qui désoriente et qui préoccupe aujourd’hui, c’est notre ‘’ incapacité ’’ à construire un mécanisme africain de paix », a réitéré le conférencier, qui s’est aussi un peu attardé sur la notion de sécurité humaine. Une notion qui dépasse la sécurité des Etats individuellement pris pour se porter sur la sécurité des individus quelle que soit leur origine, ethnie ou leur religion. « La sécurité humaine est une somme d’assurance garantissant la sécurité physique, la liberté d’opinion et d’expression, la sécurité de l’environnement et de la santé, mais aussi la sécurité en termes de droit et de devoir…C’est en cela que la sécurité humaine a la bonne gouvernance démocratique », a expliqué Kouréissy. Dès lors, il invite ses compatriotes à ne pas focaliser leurs analyses et préoccupations sur la Guinée. Mais, de toujours tenir compte de la dimension panafricaine. Et surtout, à ne pas exclure la société civile (pas seulement les organisations de la société civile), des perspectives de résolution des problèmes.
Parlant de la situation particulière de la Guinée, Kouréissy Condé a l’impression qu’il y a une tendance anti-dialogue dans le pays. Pourtant, « l’élément fondateur de la paix, c’est le dialogue ». Malheureusement, il constate un déficit d’écoute, et de confiance, qui amène des dérapages, et qui devrait à son avis préoccuper la société civile. « Il faut qu’il y ait quelque part un esprit d’équilibre et de vérité. Le Guinéen doit accepter la vérité, il ne faudrait pas encourager l’affrontement…Il faut par contre adopter un esprit permanent de pacification », a-t-il souhaité. « C’est pourquoi ceux qui pensent que les Forces sociales ont échoué ont tort », croit Sékou Kouréissy, même s’il estime les forces sociales ont inversé les étapes en commençant par les rues pour terminer par le dialogue.