C’est l’une des conséquences de la crise sanitaire qui sévit à travers le monde. Les producteurs d’ananas de la ville de Kindia sont en train de payer un lourd tribut. Selon nos informations, ils sont des dizaines de producteurs qui ont perdu ou sont en train de perdre des dizaines de tonnes d’ananas dans cett région faute de clients et de moyens d’évacuation des produits en dehors du pays.
Ils sont nombreux à être inquiets aujourd’hui sur l’avenir de la filière à cause de la longue fermeture de la frontière guinéo-sénégalaise. Aujourd’hui, cette situation pousse certains producteurs d’ananas à renoncer à la culture portant une des principales activités génératrices de revenus. Ils se plaignent de la fermeture des frontières qui impacte énormément la commercialisation des fruits sur le marché international.
Interrogé, Salif Camara, un producteur d’ananas dans la sous-préfecture de Friguiagbé exprime son inquiétude : “Présentement, nous avons beaucoup de fruits à notre disposition que nous venons de récolter dans nos différents champs mais les écoulements font défaut. Nos clients qui venaient de Conakry pour l’achat de nos produits ne viennent plus. Ils disent qu’à cause de la pandémie Covid–19, le marché est au ralenti. Puisque les hôtels ne fonctionnent plus comme avant. Il faut que l’état nous vienne en aide pour nous faire sortir de cette situation sinon nous souffrons beaucoup. Nous, nous sommes endettés dans les banques pour produire ces fruits puisqu’après son écoulement, on rembourse l’argent prêté dans les banques. Mais aujourd’hui, avec la situation sanitaire tout reste bloqué et cela nous inquiète”.
De nos jours, il est très difficile d’évaluer avec exactitude les nombreuses pertes enregistrées dans la commercialisation des fruits de Kindia, explique Moussa Camara, le président des planteurs de fruits et légumes de la Basse Guinée.
“On a combien de planteurs qui se trouvent dans cette situation. Aujourdhui, les fruits qui devaient partir pour la sous-région notamment au Sénégal sont orientés sur le marché à Conakry pour être consommé sur place. On est en train de travailler là-dessus pour voir jusqu’où cela impacte les producteurs”, indique-t-il.
Pour sa part, Mama Aïcha Sylla commerçante d’ananas : “ Cette fois–ci, on a trop de problèmes. Quand tu appelles un chauffeur pour le transport de tes fruits de Kindia à Conakry, il te demandera de payer 2 500 000 GNF par tonne. Or, d’habitude, on négociait à 900 000 GNF quelle que soit la période. Et ceux qu’on revendait à 5000 GNF avant à cause de la crise sanitaire, on le revend à 3 500 GNF. Nous demandons à l’Etat de nous venir en aide puisque nous souffrons. Surtout, le coup des transports pour l’écoulement des produits vers la capitale”, dira-t-elle.
A cela, elle ajoute que les prix des fruits ont carrément chuté. “Aujourd’hui, on est à plus de 100 tonnes d’ananas qui pourrissent dans nos différents champs de production. A cause de la fermeture des frontières avec le Sénégal, la Guinée Bissau et la Gambie, les producteurs ne savent plus à quel saint se vouer à cause du manque de transport. Les fruits qui sont acheminés à Conakry pour la consommation ne sont pas achetés par les hôteliers à cause de la restriction sanitaire. Ce qui fait que nous les producteurs d’ananas rencontrons d’énormes difficultés présentement. A l’heure, nous sommes en train de perdre la valeur de près d’un milliard de francs à cause des produits qui pourrissent actuellement dans nos champs”, a indiqué Wagna Abou Sylla, planteur d’ananas.