La forte pluie qui s’est abattue sur Conakry la veille a fait d’énormes dégâts matériels dans la famille de Simiti Kéita, située dans le quartier Kaparo-centre, secteur Cité, dans la commune de Ratoma, a constaté Guinéenews© sur place.
« Nous avons tout perdu, heureusement que nous sommes encore en vie », se console le septuagénaire Simiti en dépit de son malheur.
Dans la cour, des matelas, habits, ustensiles de cuisine jonchent le sol pendant que les femmes s’activent à débarrasser les habits dans la boue. Autour d’elles, rodent des enfants nus avec un regard innocent.
Sur les circonstances de cette inondation, le vieux Simiti Kéita nous a confiés que c’est aux environs de 3 heures du matin qu’ils ont été réveillés par la marée d’eau de ruissellement. « J’ai entendu un bruit bizarre au niveau de la porte. Aussitôt, je me suis levé pour jeter coup d’œil. C’est en ce moment que la vague d’eau m’a terrassé. Et j’ai crié pour réveiller les autres membres de la famille », confie M. Kéita, la voix tremblotante. Il dit ignorer pour le moment le nombre d’objets perdus.
Dans cette maison de trois chambres, vivent trois familles de 14 personnes. A l’intérieur, toute la surface est recouverte de boue. L’eau avait atteint le niveau des fenêtres. C’est à travers justement ces fenêtres éventrées que plusieurs objets ont coulé, d’après M. Keita. Le réfrigérateur, qui assurait à l’une des femmes son revenu quotidien avec la vente de glaces et autres jus naturels, a été emporté par les eaux.
Koly Guilavogui, fille de la deuxième famille habitant la maison sinistrée, s’inquiète, elle, de la perte du capital de sa maman qui leur permettait de survivre. « En plus de nos objets, l’eau a emporté les un million deux cents mille (1.200.000 GNF) de ma maman », se plaint-elle, les yeux larmoyants.
Fatoumata, collégienne s’inquiète, elle, pour avoir perdu son certificat d’entrée en 7e année. « Ce document m’est très précieux parce qu’on va me le réclamer l’année prochaine avant que je ne fasse le BEPC », se lamente-t-elle.
Abdoulaye Diallo a été la première personne à leur venir à la rescousse. C’est chez lui que la famille a trouvé refuge dans les ténèbres de la nuit puisqu’il n’y avait pas d’électricité.
« Je les ai entendus crier au secours aux environs de 3 heures du matin. Aussitôt, je suis sorti avec les membres de ma famille pour leur venir en aide. On a d’abord pris les enfants pour les envoyer chez moi. On est ensuite revenu pour prendre certains bagages qui n’étaient pas trop inondés », a-t-il expliqué avant d’inviter les personnes de bonne volonté de venir en aide à ces sinistrés.
Il faut noter par ailleurs que la maison sinistrée est construite dans une zone interdite. Elle porte même une croix du ministère de la Ville et de l’Aménagement du Territoire. Les habitants sont conscients de cela, mais, disent-ils, ce sont les circonstances de la vie qui les ont poussés à habiter ces lieux. « Nous sommes les victimes du déguerpissement de Kaporo-Rail au temps de Lansana Conté. Ensuite, j’ai habité avec ma famille au quartier Demoudoula où on a été contraint de quitter à cause encore d’un déguerpissement lancé récemment par les autorités actuelles. Après, un gardien nous a logés avec lui sans avoir avisé le propriétaire de ladite maison malgré qu’on s’acquitte du prix du loyer. Informé, ce dernier nous a renvoyés manu militari. C’est alors qu’un voisin nous a aidés à habiter cet endroit où nous avons tout perdu », témoigne, l’air dépité, le vieux Kéita.
A noter que les inondations sont récurrentes à Conakry en cette période hivernale. Elles sont généralement causées par des ordures et constructions anarchiques.