Morigbèdou, est un district relevant de la sous-préfecture de Koumban, préfecture de Kankan. Il est situé à une quarantaine de kilomètres de la commune urbaine sur la route nationale Kankan-Kissidougou. Dans cette localité, les habitants sont confrontés à un lot de difficultés.
Selon la notabilité que nous avons eue le privilège de rencontrer durant notre passage, dans ce village, vivent plus de 4 000 personnes. Mais il n’existe qu’un seul point d’approvisionnement en eau potable.
« Ici dans tout le village, nous n’avons que deux forages mais un seul est fonctionnel en ce moment. La situation n’est pas du tout commode, surtout pour nos femmes. Bon nombre d’elles, se voient encore obligées d’aller chercher de l’eau au marigot pour faire même leurs cuisines », nous a-révélé Moussa Condé, porte-parole auprès de la notabilité du district de Morigbèdou.
En termes d’éducation, Morigbèdou possède une école primaire de 6 classes flambant neuves, en plus pas mal équipée. Cependant il y a qu’un seul enseignant communautaire pour plusieurs centaines d’élèves.
En dépit de toute sa bonne volonté, Moustapha Keita qui fait office de seul et unique instituteur, ne peut à lui tout seul enseigner à la fois toutes les classes.
« Moi je suis revenu du Libéria, j’ai trouvé que nos enfants ne partent pas à l’école par manque d’enseignant. J’ai trouvé cela tellement que sans trop réfléchir, j’ai tout sacrifié pour me consacrer à eux. En ce moment je tiens les jeunes de la 3ème année, et ceux de la cinquième année. Les autres restent à la maison en attendant. Cela ne me fait pas plaisir, mais j’ai beau alerter les autorités éducatives de Kankan, mais en vain. Ils disent toujours d’attendre, de rester patient », a-t-il déploré.
En outre, le poste de santé qui existe aussi dans ce village, en plus d’être en manque criard d’équipement, les soins n’y sont pas gratuits, même l’accouchement est payé à 20.000 GNF.
« Nous avons un poste de santé, mais quand tu es malade, mieux vaut te traiter chez toi. Il n’y a pas d’équipements. Même quand tu va pour l’accouchement, il n’y a pas de lit dans la salle d’accouchement. Après on te dit de payer aussi 20.000 GNF. Pourtant on entend à la radio que l’accouchement est gratuit. On nous arnaque ici », a dénoncé Doussouba Konaté, doyenne des femmes du village.
Selon le chef de ce poste de santé, les sommes d’argent qu’ils font payer pour l’accouchement, servent pour l’achat des matériels d’assainissement.
« Ce que nous demandons, c’est d’acheter des savons et autres produits de lavage. Parce que nous ne recevons pas de subvention pour cela », a-t-il défendu.
A Morigbèdou, l’activité principale est l’agriculture. Les plaines cultivables sont à perte de vue, mais les moyens et les bras valides pour les rentabiliser sont peu.
« Les pleines que nous avons ici à Morigbèdou sont très vastes et très riches, elles ne sont pas propices pour le travail manuel même si c’est dans cela que nous nous débrouillons. Elles devraient être labourées et cultivées par des machines. En reçoit de l’Etat, des engrais certes, mais ces vastes étendues cultivables peuvent servir à assurer une autosuffisance alimentaire dans toute la localité de Kankan. Mais pour cela, ce n’est ni nos dabas, nos machettes, qui vont nous permettre d’y arriver. A cause de ça, le village est délaissé par les jeunes au profit des zones aurifères », nous a expliqué encore le porte-parole de la notabilité.
Ce qui fatigue de plus les habitants du village de Morigbèdou, c’est l’état poussiéreux de la route source de maladies : « Franchement quand les travaux de construction de cette route qui longe jusque dans la localité de Kissidougou, a été stoppé nette, nous n’avons rien compris. La poussière nous envahit tout le temps. Au moins si ça travaille, cela pourrait nous rassurer un peu. Mais nous avons appris que la société de construction de la route est rentrée. Et c’est nous qui sommes condamnés à ne sniffer que de la poussière. Cela aussi nous inquiète beaucoup.
Enfin les habitants de ce village, plaident de l’assistance auprès de toutes les organisations et personnes de bonne volonté notamment pour la construction d’une grande mosquée moderne.