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Kankan : Mansa Sarbou Keita de l’AGP rejoint sa dernière demeure

Le monde de la presse guinéenne est en deuil, suite au décès de Mansa Sarbou Keita. Éminent  journaliste, il était jusque-là, correspondant de la radio nationale et de l’Agence guinéenne de la presse dans la région de  Kankan. Décès survenu dans la matinée de ce jeudi 8 septembre 2022 à son domicile sis au quartier Senkefara dans la commune urbaine. Qui était vraiment Mansa Sarbou Keita ?

C’est à Filakô actuellement chef-lieu de la sous-préfecture dans la préfecture de Siguiri que Mansa Sarbou Keita naquit en 1948  de Mamy et de M’ba-Sylla Keita. Après ses études primaires au groupe scolaire catholique Saint Alexis et le collège à Siguiri centre, le jeune Mansa Sarbou s’est  rendu à Conakry pour le lycée.  Il n’a certes pas fait  des hautes études comme il l’avouera  lui-même, mais il a honorablement  marqué son temps. Titulaire d’un diplôme en philosophie, Sarbou a voulu travailler pour le service des douanes, mais son père s’est opposé à cette idée.

Il s’est alors tourné vers le journalisme, un métier pour lequel le destin  lui réservait des exploits. Tout commence par un concours de recrutement  à la radio nationale. Sur un total de  plus de  150 candidats, à l’issue de ce concours, il se classe 4ème   parmi les 25 admis.  A la radio nationale appelée à l’époque la Voix de révolution,  Sarbou Keita commence sa carrière par le studio école ou il a été mouillé  à l’art du micro  par le biais d’éminents hommes de média comme Petit Barry, Ansoumane Bangoura, Oudelon Théa et autres. Confirmé journaliste en 1973,   il s’applique d’abord dans le journal  parlé. Mais animé  par le goût de servir dans l’arrière pays, pour reveler les réalités des vécus des populations à la base, Sarbou Keita demande expressément sa mutation à l’intérieur du pays.

Kankan Nabaya l’accueil en qualité d’attaché de  presse pour toute la haute guinée. De là, il part à Faranah lorsque cette localité est érigée en chef-lieu de province. Mais la province de Faranah a été supprimée à l’occasion de l’avènement de la 2ème  république en 1984. Il revient à Kankan en 1988  où il restera  jusqu’à la retraite en tant que correspondant et chef de bureau de l’Agence guinéenne de presse.

Parallèlement à sa fonction de l’agence guinéenne de presse el hadj mansa  a assumé plusieurs hautes responsabilités. A l’installation de la radio Horizon FM de Kankan en novembre 2009, il est choisi comme directeur de cette 2ème  radio privée à l’intérieur du pays après la radio Milo. Investit de la confiance du fondateur de ce medium Boubacar Yacine Diallo, actuel président de la HAC, El Hadj Mansa Sarbou recrute une équipe de jeune journaliste et de technicien qu’il a formé avec professionnalisme et contribuera sur sa houlette à promouvoir efficacement la paix et la démocratie à Kankan.

Véritable incarnation du journalisme citoyen, El Hadj Sarbou a aussi travaillé avec les plateformes de la société civile, notamment le conseil régional des organisations de la société civile dont il sera d’ailleurs le chargé de la communication. Pendant plus d’une cinquantaine d’années de carrière, Mansa Sarbou Keita n’a fait l’objet d’aucun reproche du point de vue manquement professionnel.

Son crédo a toujours été le respect de l’éthique et de la déontologie de   son métier, se faisant il a épousé l’amour de la vérité,  le sens  de l’équilibre et de l’impartialité dans le traitement des informations. Il rappelait chaque fois à la nouvelle génération que : «  le journaliste est celui qui collecte, traite et diffuse l’information mais  la vraie information ». Cet attachement aux principes sacro saints du journalisme lui a valu une notoriété nationale.

Nous avons été personnellement  témoin de plusieurs cas, où  d’éminentes personnalités administratives politiques  ou sociales en visite à Kankan tenaient à  lui serrer les mains au nom d’un travail qu’il accomplissait au bénéfice de tout le  pays. Que dire des succès que Mansa Sarbou a eu dans la presse, de l’argent ! Il ne l’a pas eu, mais comme il  aimait à nous le dire «  j’ai gagné plus que de l’argent dans la presse ».

 En 1995, El Hadj Mansa Sarbou Keita reçoit une Américaine  en visite de travail au compte de l’USAID. Des échanges fructueux se passent entre les deux. L’Américaine décide séance tenante que son interlocuteur effectue une visite aux Etats Unis d’Amérique. En moins de 48 heures, El hadj Mansa Sarbou Keita obtient son visa et se retrouve à bord d’un vol à destination des USA au pays de l’oncle Sam, où il visitera  12 Etats dont il deviendra d’ailleurs citoyen d’honneur ainsi que e 6 autres villes toujours des Etats Unis d’Amérique.

 En 2010 pendant qu’il  était à son domicile en train de prendre son  « tau » (repas local très prisé en Haute Guinée,ndlr) il reçoit un coup d’appel de l’ex directeur de l’AGP Nestor Nété Sovogui lui annonçant son choix pour couvrir le Hadj 2010  à la Mecque. Sur près de 10 journalistes choisis, il était le seul venant de l’intérieur du pays. Ainsi des lieux saints de l’islam, Mansa Sarbou Keita signe 10 reportages,  ce qui lui a valu les félicitations du ministre  de la Communication d’alors et qui lui a d’ailleurs offert une forte somme d’argent en signe de satisfaction et de reconnaissance.

En répondant à la question de savoir ce qui l’ a le plus marqué dans l’exercice de son métier de journaliste, El hadj Mansa Sarbou nous a confié que : « Mon 1er reportage lors du pèlerinage 2010 lui restera inoubliable. Lorsque je partais à Mina dans le bus j’ai envoyé un câble à la RTG signé Mansa Sarbou Keita en partance à la Mecque. Aussi durant mon séjour aux Etats Unis d’Amérique, j’ai fait un reportage de 25 minutes avec Pierre Pouyon sur la voix de l’Amérique une radio d’obédience internationale.

On a parlé de la communication, mon père était à Siguiri, il m’a entendu sur la voix de l’Amérique, le lendemain, il s’est rendu au village pour dire aux parents de mettre les enfants à l’école ».

On ne cessera de citer les gloires d’EL Hadj Mansa Sarbou Keita pour rappeler les qualités de l’homme. Il faut retenir sa profonde humilité. Il disait toujours que le journaliste qui cherche à paraître cesse d’être humble, il cesse d’être journaliste. Il avait  surtout le souci de bien faire son travail, El Hadj Mansa Sarbou Kéita était aussi cet homme qui était au service de tous, collègues de service, amis, parents, etc.

Loin de son Kènin-Mandé natal qu’il affectionnait tant, il y avait son cœur et son esprit. Rien ne lui échappait et était au cœur de tout  problème d’intérêt communautaire. Il jouait avec tout le monde et ne se fâchait presque jamais.  La disparition d’une telle personne aux rendements si immenses laisse un grand vide dont il serait difficile de combler mais que peut-on contre la volonté de Dieu ? Le baobab s’est couché. Le mansa a quitté son trône. Notre maître, notre doyen, la voix d’or  de la savane s’est ainsi tu à tout jamais. Il a rejoint sa dernière demeure après la grande prière de ce vendredi 9 septembre 2022 au cimetière de Senkenfara. El Hadj Mansa Sarbou Keita s’en est allé laissant derrière lui une veuve et 2 enfants, une fille et un garçon.

Au nom de tous ces jeunes  journalistes dont il a énormément contribué à l’épanouissement par la formation ou par les conseils,  nous prions Dieu du fond de cœur  qu’il lui accorde sa miséricorde et qu’il lui récompense par son paradis éternel. Amen !

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