Comme dans la plupart des Etats, nombreux sont des écoliers qui sont en vacances. Une aubaine pour eux de se trouver un petit boulot afin d’avoir des revenus. C’est le cas des jeunes élèves dans la circonscription de Kankan. Ils sont vendeurs de sachets d’eau, de plastiques, de fruits, de condiments et d’autres articles en tout genre. Des gamins que l’on rencontre dans presque toutes les artères de la ville. Des enfants issus de familles démunies qui se voient obligés de pratiquer ce type de commerce pour survivre et préparer la prochaine rentrée scolaire.
C’est l’exemple de Mariam Camara, rencontrée au sortir d’un petit marché au quartier Sogbè en plein après-midi. La fillette, âgée de 13 ans, est une élève qui passe en classe de 5ème année à l’école primaire de Madina Koura. Si elle trime en ce moment dans les marchés de la ville, c’est surtout pour trouver des ressources financières devant servir à l’achat de ses fournitures scolaires à la rentrée prochaine.
« C’est la deuxième année que j’exerce cette activité. L’année dernière, je vendais des tomates aux côtés de ma maman. Cette année, elle m’a acheté des serviettes, Lotus et des biscuits que je suis en train de vendre pour préparer ma rentrée scolaire », raconte-elle.
Beaucoup de risques
Les frères jumeaux Oussene et Alassane Sidimé, 14 ans, quant à eux, vendent divers articles notamment de couture issus de la production familiale. Leur mère est une couturière qui tient son atelier dans une partie de leur concession.
« Pendant les vacances, nous vendons les habits cousus par notre mère. Mais ce n’est pas tout. On vend aussi des biscuits et des bonbons. Quand on gagne l’argent, je donne à mes parents pour me nourrir mais aussi pour nous acheter nos fournitures scolaires ». ont-ils affirmé.
Cependant, ces enfants sont exposés à des dangers de toute sorte : risques d’accident, d’enlèvements et il arrive aussi que des personnes de mauvaise foi repartent avec des articles sans payer comme le raconte Oussène. : « Parfois, il y a des clients qui prennent la marchandise et refuse de payer l’argent. Et quand je rentre et que j’explique cela à ma maman, elle pense plutôt que c’est moi qui escamote la recette », a-t-il expliqué.
Irresponsabilité des parents et de l’Etat ?
Les parents démunis encouragent cette pratique faute de moyens, selon Tenin Sidibé. Elle se dit pas du tout inquiète au vu des dangers qu’ils encourent en déambulant dans les rues. « En ma qualité de mère, quand ils vont vendre, je m’inquiète pas pour mes deux garçons. Car, ils sont bien sages. Ils reviennent presque toujours du marché avec les recettes au complet », a-t-elle assuré.
Pour beaucoup d’observateurs que nous avons aussi interrogés, cette pratique est assimilable à l’exploitation économique des enfants. « Elle prive les enfants de leur enfance et en plus les exposent notamment les petites filles, au risque de viols, d’agressions ou encore d’enlèvements », a dénoncé Mariam Camara, une militante des droits des enfants dans la localité qui poursuit : « Il est grand temps que notre Etat prennent des dispositions fermes vis-à-vis de cette problématique. Car ces enfants sont vus partout et par tous en plein jour et personne ne lève le bout du doigt. Alors que nous avons des lois et même un office des services de sécurité l’occurence l’’OPROGEM qui est censé intervenir. Il y a une irresponsabilité des parents mais aussi de l’Etat», a-t-elle dénoncé.
Mais à en croire Mme Diawara Saouratou Kaba, coordinatrice du programme d’accompagnement des communautés pour la protection des enfants, la situation n’est pas si simple que ça : « C’est n’est pas seulement, une histoire d’exploitation économique. C’est une affaire de culture. Beaucoup de parents ici se disent qu’il faut à tout prix initier leurs enfants au travail pour qu’ils aient une porte de secours au cas où ils ne réussiraient pas à l’école. La preuve c’est qu’il y a même parmi ces enfants, certains qui sont issus de familles nanties.
On ne peut pas changer les comportements culturels des gens comme ça. C’est un travail de très longue halène. Sinon beaucoup de choses sont faites et sont en train d’être faits. Comparativement aux années antérieures, il y a un peu de progrès. C’est vrai que ça peut paraître insignifiant mais, il faut être très patient, pour changer les comportements ».
Pour sa part, le chef du service régionale pour la protection des enfants au gouvernorat de Kankan, Mohamed Keita dit ne pas être en mesure de se prêter à nos questions car il serait en : « en congé et malade ».