Comme nous vous le disons dans nos précédentes dépêches, après avoir été chaleureusement accueilli par les autorités et certains citoyens curieux à la rentrée de la ville du Nabaya, sa ville natale, le président de la transition, le colonel Mamady Doumbouya et son cortège de plusieurs centaines de véhicules ont mis le cap sur le centre-ville.
Alors qu’il était attendu à la place des martyrs , à la surprise générale, le cortège du président s’est directement dirigé à la résidence Syli se trouvant dans l’enceinte de l’hôtel Bakongo au quartier Energie.
A notre arrivée à la place des martyrs, le fauteuil réservé au chef de l’Etat est resté vide tout au long de la cérémonie de réception.
Le public qui était présent sur place, selon notre constat ne pouvait s’estimer qu’à quelques centaines de personnes.
Un autre fait qui pourrait ne pas être anodin, aucune figure de la noblesse ni le grand imam de la ville, n’était présent.
Après un très long moment d’attente, une nouvelle disant que : « Le chef de l’Etat est à la résidence, il dit être fatigué et doit se reposer » a commencé à circuler de bouche à oreille.
Ainsi peu après, les loges officielles de la place des martyrs , qui étaient prises d’assaut par toutes les autorités locales de de la région (notamment les gouverneurs, les préfets, les maires et les sous-préfets et un grand nombre des partisans et sympathisants de l’association Nour Dine Islam du guide religieux, Cheick Solomane Sidibé dit Karamô Solo, connu aussi pour être le conseiller spirituel du chef de l’Etat), ont commencé à se vider peu à peu.
Le maire qui avait la veille fait diffuser un communiqué pour demander une grande mobilisation des citoyens pour cette réception s’est défendu en ces termes : « Effectivement nous avons demandé à la population de venir massivement pour accueillir son excellence le président colonel Mamady Doumbouya. S’il n’y a pas eu du monde ici à la place des martyrs, c’est parce que tout ce monde qui accompagnait le cortège présidentiel étant fatigué, ils ont préféré aller à la résidence Sily. S’ils venaient ici, vous auriez vu que tout ici serait débordé », a-t-il argumenté.
Nous avons tendu le micro à quelques citoyens de la ville qui ont boudé cette réception du président de la république à Kankan. C’est le cas Ismaël Camara, jeune diplômé en sociologie sans emploi : « Nous apprécions la venue du président Mamady Doumbouya à Kankan pour la fête de Tabaski. Mais en réalité, on n’a pas vu une forte mobilisation. Cela est dû à plusieurs facteurs. Déjà beaucoup de gens sont à jeûn car Kankan est une ville majoritairement musulmane. A cela aussi on peut ajouter la cherté de la vie et face à cela on ne voit pas vraiment d’actes concrets pour le développement de Kankan comme nous le souhaitons. Nous portons le colonel dans notre cœur, mais selon moi, c’est pour tous ces facteurs, que la mobilisation a un peu fait défaut ».
De son côté trouvé dans échoppe, Sénkou Sidibé, jeune vendeur de chaussures fait fripées, précise à son tour : « Nous savons tous que le président est pour tout le monde. Mais d’après mes analyses, c’est un président militaire et nous savons tous comment il est arrivé au pouvoir. Donc, son accueil et sa réception ne pouvaient pas être comme celui d’un président démocratiquement élu, comme l’était le président Alpha Condé. Lui,il était vraiment aimé», a-t-il affirmé.
A noter que le chef de l’Etat et sa suite sont attendus demain matin à la grande mosquée de Kankan, pour la prière de l’Aïd-el-fitr.