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Kankan : 54 ans après son décès, Émile Condé “ressuscité” à travers un symposium

Dans le sillage de la deuxième édition du Festival sur le Milo, un symposium dédié à feu Émile Condé a été organisé dans l’enceinte de l’Université Julius Nyerere de Kankan ce jeudi 16 novembre  2023. Un moment d’intenses émotions rehaussé de la présence de plusieurs invités.

Il a été marqué par de nombreux témoignages, dont celui de l’ancien ministre et ancien ambassadeur Lamine Capi Kamara, par ailleurs codétenu de Émile Condé, fondateur du Bembeya jazz national, mort en détention au Camp Boiro.

« Dans cette salle, je suis le seul compagnon d’infortune de feu Émile Condé. Je suis le seul à avoir fait la prison et partagé la même cellule avec lui. C’est un homme que j’ai regardé du bas de l’échelle avec beaucoup d’admiration. Je le suivais partout où il allait. Et ce qui m’a frappé, c’est d’avoir réussi, dans des conditions extrêmement difficiles, à faire de grandes choses avec très peu de moyens, surtout la création du Bembeya jazz”, a placé d’emblée Lamine Capi Kamara.

Poursuivant, l’orateur dira que la journée d’aujourd’hui ne devrait pas être consacrée aux pleurs. “C’est un jour de réconfort, même si on parle de choses tristes. C’est un jour de réconfort que l’hommage soit rendu et que les premiers pas soient faits vers la reconnaissance. Donc, ne pleurons pas, cet hommage est pour nous tous”, a-t-il tenté de calmer Sékouba Bembéya qui ne pouvait contenir ses larmes.

Du haut de ses quatre-vingts ans révolus, Lamine Capi Kamara s’estime le mieux placé pour parler de sagesse et de pardon.

“Aujourd’hui, vous savez pourquoi je suis assez heureux, honnêtement, j’avais le mot pardon dans ce que je voulais dire. Mais si Mamadi et ses frères n’avaient pas prononcé le mot pardon, j’aurais été extrêmement gêné de vous dire moi-même. Parce que je sais qu’ils n’ont pas pardonné et moi, le dire, ça va être difficile”, a indiqué l’ancien pensionnaire du Camp Boiro.

Tout en invitant la jeune génération à s’approprier de l’histoire du pays, M. Kamara a soutenu que la Guinée ne peut pas se construire dans la haine, plutôt dans le pardon.

“Moi, j’ai écrit deux livres sur la question : La Guinée sur le régime de la révolution et Les racines de l’avenir. Le livre commence par le mot pardon et finit par le mot pardon. Ces jeunes gens sont très sages [fils de feu Émile Condé, ndlr]. Ils ont pardonné. Pourquoi nous, nous ne pardonnons pas ? En parlant de pardon, il faut dire que tous les régimes qui se sont succédé ici, du président Sékou Touré au président Conté jusqu’à maintenant, il y a eu des victimes. Donc, si nous ne nous pardonnons pas, notre sentier, au lieu d’être un sentier de roses, sera toujours un sentier d’épines. Je vous invite au pardon, vous les jeunes”, en a-t-il appelé.

Fondateur du célèbre Bembéya jazz national, feu Émile Condé, cet ancien ministre des Travaux Publics est également à la base de la réalisation du Mausolée de la Camayenne et du Palais du Kolima, à Labé. Il est mort en détention, au Camp Boiro, il y a 54 ans.

Depuis Kankan, Mady Bangoura, envoyé spécial de Guineenews

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