La dernière sortie médiatique de l’ambassadeur russe établi à Conakry continue de susciter une vague de réactions au sein de l’élite politique guinéenne. Alors que le discours d’Alexandre Bregadze fait des pour et des contre sur l’échiquier politique national, Me Kabèlè Camara a tenu à y réagir en début de week-end, à Conakry.
« S’agissant de la Guinée et de Son Excellence Monsieur l’ambassadeur que je respecte beaucoup, j’affirmerai de façon péremptoire que l’alternance est une chose indispensable pour notre jeune démocratie. Elle va assurer la démocratie. Ce qui est très important », a commenté Me Abdoul Kabèlè Camara lors d’une rencontre avec la presse nationale et internationale.
« Maintenant, poursuit-il, l’alternance peut se faire au sein d’un même parti. Un parti peut produire plusieurs chefs d’Etat, si le peuple de Guinée croit à la vision de ce parti, si le peuple de Guinée croît au projet de société de ce parti. Tout comme les autres partis pourraient également gagner les élections présidentielles et avoir la majorité à l’Assemblée. Peut-être qu’il a voulu exprimer exactement cela. Mais, la langue française n’étant peut-être pas sa langue, il a dû dire autre chose dont je n’assume pas la responsabilité. »
Interpellé sur la récente décision du gouvernement qui a consisté à l’installation des Points d’Appui (PA) à des zones réputées chaudes sur l’autoroute Le Prince, l’ancien ministre de la Sécurité et de la Protection civile s’est montré opposé à l’idée.
« C’est malheureux. C’est un recul, selon moi. Parce que la réforme du secteur de sécurité nous a permis de nous éloigner de ces spectacles. Vous savez, avant la relance de cette réforme, les militaires étaient un peu partout à Conakry, et d’ailleurs sur le territoire national. Mais la réforme a permis de les caserner, de faire rentrer tous les militaires dans les casernes. La réforme a permis la délocalisation des armes lourdes. Elle a permis de faire disparaître les tentes, tout ce que vous avez appris comme PA à travers les quartiers. La réforme a permis de faire disparaître tout cela », a rappelé l’ancien ministre d’Alpha Condé.
Et de dresser un regard plutôt critique de cet état de fait, avant de faire sa proposition : « Je pense que l’armée peut être appelée à assurer la sécurité d’un pays dans des circonstances fixées par la Constitution et par les lois. Si ce n’est pas le cas, je ne vois pas pourquoi on mobiliserait l’armée à travers la capitale. C’est un spectacle qui peut être de nature à effrayer. A mon avis, qu’est-ce qui est important ? C’est l’équipement des forces de défense et de sécurité, défense dans sa partie gendarmerie, et également sécurité dans sa partie police. Et surtout dans sa partie maintien de l’ordre public et dans la lutte contre la grande criminalité et de terrorisme. Ces structures existent. Je pense que le mieux, c’est de bien les équiper et surtout insister pour que chacun puisse se conformer à la loi sur le maintien de l’ordre public. »