Il a la double nationalité américano-ghanéenne, mais se considère aussi comme un Guinéen, en raison notamment des liens entretenus par les anciens présidents Ahmed Sékou Touré et Kwamé Nkrumah. Depuis des mois, Yaw Obeng-Adusare séjourne en Guinée dans l’espoir d’avoir les 1.335.520 USD de son compatriote Paul B. Y Adutwum. Ce dernier, « misérablement » décédé à Conakry en octobre 2018, avait tenté en vain de rentrer en possession de cette somme. Il avait même écrit, à deux reprises, au Président Alpha Condé. Pourtant, un arrêt de la Cour suprême en date du 11 décembre 2013 – mettant fin à 22 ans de procès – lui donnait raison sur cette somme.
A en croire une note adressée au Président Alpha Condé, les faits remontent à octobre 1986, plus de deux ans après la prise du pouvoir par l’armée. A l’époque, Paul Y. Adutwun, venu en Guinée à la tête d’une Société Citizen Investissement – qui avait pour vocation de trouver des investisseurs étrangers en faveur des pays africains –, décroche le contrat de reconstruction du Camp Samory Touré avec la société Techniks Group Corporation. « En raison de certaine réalité comme des voyages vers d’autres pays Africains à la recherche d’autres marchés, il a eu recours au service des Sieurs Djibril Diakité et Mamadou Sangaré, en qualité des mandataires pour le représenter et garantir ses intérêts auprès de la Société Technicks Group Corporation […] Au cours de cette rénovation du Camp Almamy Samory Touré, comme convenu, la Société Technicks Group Corporation a effectivement commencé à verser les montants des valeurs et titres d’un montant d’un million six cent deux mille six cent vingt trois dollars (1.602.623 USD), au compte numéro 35805266 disponible dans les livres de la BIAG SA », lit-on dans la note adressée au Président Alpha Condé.
Le document poursuit en indiquant que ce montant était la part du sieur Paul. Mais, entre temps, la BIAG SA est tombée en faillite et tous les montants en espèce des dossiers pendant par devant les juridictions ont été transférés à la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) dont les 1.602.623 dollars de Paul. « Monsieur Mamadou Sangaré, mandataire a profité de l’absence de son mandant, Paul B.Y Adutwun, pour sortir dans le compte avec la complicité de certains responsables de la BCRG un montant de 267.103 USD pour acheter une concession à Matoto pour son propre compte et distribuer l’autre partie aux complices de la BCRG, sans informer, ni prévenir le Sieur Paul B.Y Adutwun », accuse le document.
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Paul est rentré en Guinée et a révoqué son mandataire. Mais, « Mamadou Sangaré – soutenu par ses complices –, s’est servi dans le reste de l’argent pour engager toute sorte de procédure en justice contre son mandant ». De 1991 à 2013, le procès se tiendra devant presque toutes les juridictions de Conakry avant de connaître son épilogue le 11 décembre 2013.
Fort de l’arrêt de Cour suprême, Paul B. Y Adutwun reviendra à Conakry pour récupérer le solde de son argent que représentent les 1.335.102 USD (267.103 USD y ont été retirés). Le 24 février 2014, un huissier de justice a procédé à la signification avec commandement de payer à la BCRG. Mais Paul sera surpris d’entendre que sur les instructions de Dadis et Sékouba Konaté, son fonds a été vidé de la BCRG (Ndlr : nous avons tenté de joindre le Général Sékouba Konaté sur le sujet, mais sans succès). C’est d’ailleurs cette information qui le poussera à écrire au Président Alpha Condé.
Les démarches de Paul n’aboutissent à rien. Pendant ce temps, il sera même assigné en référé par devant le tribunal de première instance de Dixinn pour non paiement de ses frais d’hôtel et sera ensuite expulsé de cet hôtel en 2015. Mandaté par les enfants du défunt, Yaw Obeng-Adusare regrette que Paul B. Y Adutwun soit mort dans des conditions » misérables » en Guinée. Il espère surtout rentrer en possession de ces 1.335.102 USD.
« Les gens doivent comprendre que la Banque centrale ne gère que la caisse de l’Etat. Il avait signé un contrat avec l’Etat, c’est à l’Etat d’ordonner à la Banque Centrale de lui payer son argent. Si l’Etat demande à la Banque centrale de payer à tiers personne ou à telle entreprise telle somme, celle-ci regarde dans les comptes de l’Etat, s’il y a disponibilité, il n’y a pas de raison qu’elle n’exécute pas l’ordre de l’Etat », nous a indiqué une source à la Banque centrale, estimant d’ailleurs que l’agent judiciaire de l’Etat serait le mieux placé pour parler de ce dossier.