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Justice : pour vaincre les suspicions, la CRIEF doit se réinventer (Éditorial)

Dans son envol, la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) n’échappe pas à des trous d’air désastreux, qui tentent de la happer. Mais cette cour spéciale, créée par la junte pour moraliser la vie publique, véritable bête noire des fossoyeurs de notre économie, se doit de résister comme un roc aux velléités de ceux qui voudraient la mettre sous emprise.

A mesure qu’elle déploie son armure, pour mettre le grappin sur les présumés bandits à col blanc, ses détracteurs usent de contre-feux, en lui tombant dessus à bras raccourcis. A travers des tirs au bazooka.

Devenue le punching-ball idéal de certains trolls, au service de desseins inavoués, la Crief demeure toutefois impavide. En refusant de se laisser distraire par ceux qui la qualifient d’instrument de propagande et de règlement de compte, au service du pouvoir militaire. Accusé de livrer une chasse aux sorcières contre des anciens caciques du régime déchu. Et d’autres leaders d’envergure comme Dalein. Considérés à tort ou raison comme des empêcheurs de tourner en rond par les autorités de la transition.

Des allégations à l’emporte-pièce, devenues des sortes de slogans à la bouche de ceux qui prêchent pour le dépérissement de l’institution. Certains observateurs qualifient toute cette agitation comme étant de bonne guerre.

Quand on sait que les personnalités épinglées par la Crief ne sont pas des moindres sur l’échiquier sociopolitique guinéen. Il s’agit d’apparatchiks de l’ancien parti au pouvoir. Des rentiers capables de lever des armées de lobbyistes à travers les quatre coins du monde.

Après 10 mois passés derrière les barreaux, Dr Kassory, Damaro, Oyé et autres savent dorénavant qu’ils jouent leur peau. Et quand c’est le cas, tous les moyens seraient donc bons pour ces grosses huiles, de se tirer des griffes de Dame Thémis.

Et c’est dans cette logique que leurs proches et conseils continuent de brocarder le procureur spécial près de la Crief. Accusant M. Aly Touré de ne disposer d’aucune valeur probante des accusations portées à l’encontre de ces anciens dignitaires.

Ce dernier ne s’avoue certes pas vaincu, et multiple les pourvois en cassation contre les arrêts de la Cour, en faveur de la libération des mis en cause. On peut comprendre toute la peine éprouvée par le procureur dans cette croisade. Car potasser certains dossiers de crimes financiers c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

Ce que feu Pierre Péan, rompu dans l’enquête journalistique qualifie comme étant « le mur de difficultés auquel se heurtent les juges instruisant des affaires financières, de plus en plus souvent désarmés, faute de pouvoir caractériser une corruption pourtant manifeste », dans la République des Mallettes.

Tous ces pourvois et renvois d’audience suscitent assez de controverse, tout en alimentant la suspicion et le doute.

De quoi apporter de l’eau au moulin des détracteurs de la Crief. Et c’est sans doute, ayant pris la mesure de ces signes d’essoufflement que le ministre de la Justice et garde des sceaux, a décidé de donner un coup de collier à la Cour. Cette réforme va apporter un bol d’air à la structure, à travers un appui en moyens humains et matériels.

Tout en garantissant une indépendance totale à cette Cour spéciale, vis-à-vis des autorités de la transition, et des forces centrifuges. Afin de lever les doutes sur la volonté du président de la transition de combattre l’impunité.

Car ce bijou qu’est la Crief mérite d’être préservé, pour le bien de la République. Il lui suffit simplement de se réinventer, pour combler les espérances.

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