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Justice : ce que le colonel Mamadou Barry a dit à la barre

Le colonel Mamadou Alpha Barry a comparu ce lundi 15 mars à la Cour d’appel de Conakry devant la chambre spéciale des affaires criminelles. Condamné à 5 ans d’emprisonnement pour « vol aggravé » par le tribunal militaire, les avocats de l’ancien porte-parole de la Gendarmerie nationale avait relevé appel de cette décision.

A la barre, le colonel Barry est revenu sur la genèse de cette affaire qui l’oppose avec son « oncle » Ibrahima Diallo. Il soutient que c’est en mars 2020 qu’Ibrahima Diallo, qu’il considère comme son oncle (vu qu’il a grandi à Dakar avec les enfants du grand frère de M. Diallo), a été arrêté par des gendarmes de Dixinn à la veille d’une manifestation du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Ils l’accusent de détenir un véhicule volé (le véhicule était estampillé PNUD) et de l’argent qui sert à financer le FNDC.

« Lui, il ne connait que chercher l’argent », aurait-il dit aux gendarmes qui auditionnaient Ibrahima. « Comme ils ont su que j’étais proche de lui, ils l’ont envoyé à Matam pour l’auditionner », lance-t-il à la barre.

A en croire le colonel Barry, Ibrahima Diallo était sur le point d’être déféré à la maison centrale quand il a appelé le procureur général de la République pour intervenir. C’est ce dernier qui aurait ordonné sa libération.

Confusion autour du montant se trouvant dans le véhicule d’Ibrahima

Selon le colonel Mamadou Alpha Barry, c’est aux environs de 22h qu’il a pris la clé de la voiture d’Ibrahima Diallo des mains des gendarmes. Il affirme avoir reçu l’ordre de Diallo de prendre l’argent du véhicule de celui-ci pour le mettre dans le sien. « J’ai pris le sac d’argent et je l’ai mis dans mon véhicule. Après, je l’ai compté devant un avocat et un huissier de justice au bureau », explique-t-il.

L’officier de police judiciaire reconnaît avoir pris dans l’argent 9 mille dollars en guise de son pourcentage (10%) « sur autorisation » de son « oncle ». Le colonel, selon ses dires, était sur le point de remettre à Ibrahima Diallo son sac d’argent qu’il a été surpris de voir les gendarmes de Dixinn en train d’imprimer une plainte du commerçant contre lui. C’est de là qu’ils se sont rendus au bureau général du Haut-commandement de la gendarmerie. Là-bas, Ibrahima Diallo aurait dit qu’il avait dans son sac 165 millions GNF.

« J’ai dit au général Baldé (haut commandant de la gendarmerie, ndlr) que j’ai pris 9 mille dollars. Il m’a demandé si je l’ai mangé. Je lui ai dit je n’ai touché à aucun franc. On est allé chez moi avec cinq pickup. Je suis entré et j’ai pris l’argent du tiroir. Nous sommes revenus au Haut-commandement et j’ai remis l’argent au Général qui l’a donné à l’oncle Ibrahima », confie-t-il, insistant sur le fait que sa maison n’a jamais été perquisitionnée.

Le colonel Barry dit qu’à Matam, on lui a parlé du montant de 175 millions au lieu de 165 millions. Et au tribunal militaire, on lui a parlé de 190 millions qu’il restait devoir à Ibrahima Diallo.

« Pour m’humilier, ils ont envoyé des jeunes que j’ai recrutés et formés m’auditionner à 2h45 mn à Matam. Je leur ai dit que si c’est pour mon poste, je peux rédiger ma démission de la gendarmerie pour redevenir civil. On m’a traité de voleur, mais moi je n’ai jamais rien volé. Je suis officier de police judiciaire assermenté depuis 1997. J’ai géré l’aéroport, je n’ai jamais volé », soutient le colonel Barry, avant d’ajouter qu’il avait déposé une caution pour qu’Ibrahima Diallo retire sa plainte, puisque l’affaire se règle  en famille parallèlement en justice : « Pour qu’il retire sa plainte, il a demandé des garanties. Je lui ai remis 50 millions GNF et les papiers de ma maison qui a une valeur de 1 milliard 800 millions GNF. »

« Des gens de ma promotion lui ont dit de retirer sa plainte et qu’eux ils vont payer l’argent. Il a refusé. Des commerçants à Madina ont dit la même chose, mais il a refusé. J’ai fait un an 2 mois en prison à sa place. C’est lui qui allait faire la prison en tant qu’innocent, mais je l’ai défendu et on l’a retourné contre moi », laisse-t-il entendre.

Ibrahima Diallo a nié avoir ordonné à colonel Barry à ouvrir son véhicule et mettre l’argent à l’abri à plus forte raison de prendre ses 10%. Un pourcentage devenu une pratique à la gendarmerie sur les recouvrements mais qui n’a aucune base légale. Colonel Barry ne l’aurait su qu’au tribunal militaire.

Le président de la chambre spéciale des affaires criminelles a renvoyé le dossier au 29 mars prochain pour permettre à la partie civile de présenter les pièces justificatives du montant et à la défense le document de l’huissier de justice devant qui l’argent aurait été compté.

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