Trois jours après son installation, le nouveau procureur au parquet général près la Cour d’appel de Kankan, Mamadou Dian Bora Diallo a effectué sa toute première visite, dans les locaux de la maison centrale de Kankan sis au quartier Gare en plein centre ville.
L’objectif de cette visite guidée en compagnie du procureur près le tribunal de première instance Marwane Baldé et du régisseur le lieutenant Moriba Sylla, était de sillonner tous les contours de cet établissement pénitentiaire.
De la cuisine à l’infirmerie, en passant par les cellules et les toilettes, le nouveau chef du parquet de la plus Haute Cour de Justice pour les régions de la haute Guinée et de la Guinée forestière, a constaté et partagé le quotidien des détenus et s’est entretenu avec le personnel administratif et les gardes pénitentiaires bâti sur un espace de moins d’un demi hectare.
Au sortir de la visite, le régisseur lieutenant Moriba Sylla, s’est réjoui de cette visite et en a profité pour lister quelques difficultés auxquelles ils sont confrontés.
« Cette visite, constitue pour nous un ouf de soulagement, elle nous rassure. Nous nous retrouvons avec 352 pensionnaires dont 7 femmes et 12 mineures tant ce après l’application de la grâce présidentielle. Au vu de ces chiffres, nous sommes aujourd’hui toujours confrontés à une surpopulation carcérale et un manque criard de toilettes. Les cellules qui ne sont pas dotées de latrine, se ferment entre 17 à 18 heures au plus tard. De là, jusqu’au lever du soleil, les détenus sont obligés de déféquer et d’uriner dans des seaux et passent toute nuit avec les odeurs qui les intoxiquent. Nous avons également un autre problème relatif à la gestion des déchets. Vous avez constaté, les eaux usées faute d’être vidangées finissent par déborder même de la cour de la prison pour couler vers l’université de Kankan ».
Prenant la parole en marge de cette visite, le procureur près la cour d’appel de Kankan Mamadou Dian Bora Diallo a rassuré en ces termes : « Nous ne sommes même pas encore installés dans nos bureaux, et bien que ce soit le weekend, nous avons décidé de venir, le procureur du tribunal de première instance et moi-même ici à la maison correctionnelle pour nous enquérir des conditions de détention des personnes. Nous avons jeté des coups d’œil sur les conditions liées à l’alimentation, à l’hygiène, au respect des conditions du genre (les femmes, les mineurs et les personnes malades), afin de nous assurer de la présence des structures sanitaires. Nous avons eu à faire de bonnes et de mauvaises observations. Du côté de la restauration, nous avons vu que c’est du poulet qui était dans la soupe et le riz était de bonne qualité aussi. A l’infirmerie, nous avons vu ensemble, un important stock de médicaments et l’infirmerie nous a rassurés que les cas de maladie liés à la nutrition ne sont pas du tout fréquents. Mais nous n’allons pas occulter aussi qu’il y a des problèmes notamment liés à l’évacuation des eaux usées, l’exiguïté des cellules. Je l’ai dit aux détenus, il est temps que nous les magistrats, nous assumions nos responsabilités. Nous ne serons pas une équipe de bureau. On ne peut pas priver des gens de leur liberté et ne pas être capables de leur apporter une réponse pénale d’urgence. Comme cela nous l’a été dit par le ministre et garde des sceaux, nous allons diligenter les procédures ».
A noter qu’en plus de tous les manquements constatés, l’administration de la maison centrale de Kankan, s’est aussi plainte de la vétusté des portails de cet établissement pénitentiaires.
