Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn a requis lundi 20 ans de réclusion criminelle avec une période de sureté de 10 ans contre El hadj Koroma, un soi-disant étudiant accusé de viol sur une mineure âgée de deux ans et huit mois à l’époque des faits. Natif de la Sierra Leone, l’homme, âgé de 29 ans, a pourtant nié les faits à l’audience du 18 mars dernier.
Pour le procureur Souleymane Sidy Ndiaye, les trois éléments constitutifs de l’infraction de viol, à savoir, la surprise, la contrainte et la violence sont bien présentes dans ce dossier. « Il y a eu violence puisque les attouchements ont laissé des blessures sur la victime », a estimé le représentant du ministère public, qui a aussi estimé que les « préalables » du viol – l’être humain et le non-consentement de la victime – sont aussi établis. « Une mineure n’a pas de consentement éclairé. Surtout qu’il s’agit d’une mineure de deux ans et huit mois », a dit le procureur, qui aussi estime que l’accusé ne devrait bénéficier d’aucune circonstance atténuante.
Viol dans le sexe
Cherchant à convaincre le tribunal, le représentant du ministère public a voulu faire comprendre que la définition du viol a évolué avec le droit pénal actuel. Citant le juriste français Jean Pradel, Souleymane Sidy Ndiaye a indiqué que le viol ne se limite plus à une pénétration sexuelle. « Il y a le viol dans le sexe et le viol par le sexe », a indiqué le procureur, ajoutant que dans ce cadre, il s’agit du viol dans le sexe. Définissant ce viol dans le sexe, le procureur a indiqué qu’il consiste à utiliser tout objet dans le sexe d’autrui.
« Il a utilisé ses doigts dans le sexe du bébé en utilisant du beurre de karité comme lubrifiant », a dit le procureur pour souligner qu’on ne peut pas parler d’attentat à la pudeur dans ce cas. Mais plutôt de viol dans le sexe.
Si Sidy Souleymane Ndiaye a requis 20 ans de prison, c’est parce qu’il estime qu’il y a des circonstance aggravantes comme « la dangerosité » de l’accusé, le fait qu’il était en état d’ivresse et surtout l’âge de la victime.
En revanche, l’avocat de Koroma, Me Abou Camara, a estimé que son client devrait être renvoyé des fins de la poursuite pour infraction non constituée. « Il n’y a pas d’infraction sans fait. Or, il n’y a pas de fait dans ce dossier », a dit l’avocat qui a demandé au procureur de présenter les preuves de l’accusation. « Où est le beurre qui aurait servi de lubrifiant ? », a-t-il interrogé. L’avocat s’est également interrogé sur la minorité de la victime. Une victime qu’il n’aurait jamais vue depuis le début de cette affaire. L’avocat a aussi relevé de la contradiction entre le rapport du médecin qui parle de « défloraison partielle du vagin par attouchement » et l’ordonnance de renvoi qui accuse son client « viol sur mineure ».
155 millions pour les dommages et intérêts
Amara Conté, le père de l’enfant, une orpheline de mère depuis ses trois mois, a souhaité à travers son avocat le paiement de 155 millions de francs guinéens comme dommages et intérêts. A l’audience passée, Conté avait indiqué qu’il partageait un salon commun avec El Hadj Koroma. Une nuit du mois de mai 2016, il va coucher sa fille dans sa chambre et vient se coucher au salon. Quelques heures après, Koroma revient de la promenade ivre. Il le dépasse dans le salon et rentre dans sa chambre (à lui Amara Conté). Conté ne s’est pas rendu compte que son colocataire s’est plutôt rendu dans sa chambre. Il sera alerté par les cris de son enfant. Quand il rentre dans sa chambre, il trouve Koroma nu à côté de sa fille débarrassée de sa couche-culotte…
El Hadj Koroma avait nié les faits. Indiquant qu’il était bien ivre, mais c’est plutôt lui qui a interpellé son voisin sur le fait que sa fille pleurait.
L’audience a été renvoyée pour décision être rendue le 1er avril 2019.