Le Colonel Doumbouya a procédé ce mardi au lancement des activités des journées nationales de vérité et de pardon, au Palais Mohamed V en présence de nombreux invités pour la circonstance. Lisez un extrait de son discours
“Ce qui témoigne de l’intérêt certain que nous portons tous à l’égard de notre pays dont nous avons la responsabilité de chérir, de défendre et de maintenir dans la paix et la prospérité pour les générations actuelles et futures.
« La Guinée est le fruit de son histoire«
La Guinée est le fruit de son histoire. Dans le processus de construction des Etats Nations, aucun pays n’a connu une trajectoire linéaire. Ainsi, à l’instar des autres nations, la Guinée a aussi son passé lequel passé a été source de gloire à bien des égards et par endroits des moments de douleurs, des difficultés et d’hésitations.
Après toutes ces années, où des violences de toutes sortes se sont abattues sur nous, à partir de ce 22 mars, nous chercherons du tréfonds de nos âmes, la force qui nous permettra de nous regarder bien en face pour dire ce que nous nous sommes infligés. Nous nous sommes assez regardés en ennemis, trop de défiances, remontant mille et une souffrances, trop de méfiance enfantant des rigoles des larmes passées sous silence.
« Des soleils pâles ont succédé des nuits sans étoiles »
Durant toute cette décennie, nous n’avons pas cesser de nous faire du mal, des soleils pâles ont succédé des nuits sans étoiles. Il est temps de s’arrêter un instant et de purifier notre ciel. Il y a tant de beautés à y inscrire. Et vous êtes, nous sommes tous les dépositaires de cette lumière léguée par nos ancêtres et qu’il faut préserver. C’est vers ceci que je tends chaque jour mes modestes mains afin de recueillir leurs bénédictions pour avoir la force et l’humilité de vous servir dans l’unité. L’unité de notre pays est la pierre de mon action. Je voulais dire que le 5 septembre 2021, je vous ai fait la promesse de porter à bout de bras cette volonté, notre volonté, notre aspiration de pardon et de rassemblement. Se rassembler pour avancer, se retourner pour pleurer ensemble parce que nos âmes sont communes parce que nos blessures sont communes, nos colères toutes aussi communes.
A y regarder de près notre société, il est facile de constater que quelque chose ne fonctionne pas. Aujourd’hui, c’est une évidence que relever notre vivre ensemble est fortement entamé. Le tissu social fragilisé. Les causes de cet état de fait sont multiples et complexes.
Cependant, un effort se situe et les responsabilités s’imposent à nous tous. Partant de ce constat, j’ai tenu à l’organisation de ces assises nationales dénommées “Journées de vérité et pardon” pour ainsi donner une occasion historique et unique aux Guinéens de se regarder en face, les yeux dans les yeux et de se parler franchement à cœur ouvert cette fois-ci. C’est à nous et à nous seuls qu’il revient une telle initiative. Je suis convaincu chers compatriotes que personne, je dis bien personne, ne le feras à notre place. La réussite de cette épreuve importante de la vie de notre nation passera par une prise de conscience collective et individuelle, un sens élevé de la responsabilité et surtout un courage un souci de vérité, et surtout la capacité d’écouter, d’accepter et de pardonner.
« Les assises nationales sont au-dessus de toutes les considérations politiques, ethniques et religieuses »
C’est maintenant ou jamais que nos cœurs et nos esprit doivent se libérer ou jamais. Ici, l’enjeu est comment assumer notre histoire dans toute sa grandeur et sa facette la moins lumineuse pour avancer. Nous nous devons aux générations futures. Je compte sur le patriotisme et le volontarisme de toutes les parties prenantes pour y arriver tous ensemble. Les assises nationales sont au-dessus de toutes les considérations politiques, ethniques et religieuses de notre nation. Elles facilitent toutes le vivre ensemble auquel nous aspirons. J’en appelle à l’implication des acteurs politiques, culturels, religieux et socioprofessionnels pour conférer à cet événement toute la réussite qu’il mérite.
Mes chers frères et sœurs (…) Nous ne pourrons pas faire l’économie du marché en cadence droit dans nos bottes si nous voulons remporter la victoire. Aucun Guinéen n’est mieux que d’autres. C’est pourquoi, il est de notre devoir à tous de dépasser nos ressentiments et taire nos rancoeurs. Chacun de nous, ici, dans ce pays, a subi une brutalité. Les plaies sont là béantes. Il est temps qu’on les nettoie, quuon y apporte le pansement pour qu’on guérisse. Evidemment les citatrices resteront. Elles seront les témoins de nos folies passées pour que ceci ne se répète plus et plus jamais. Mais elles seront surtout l’expression la plus nette de nos pardons respectifs.«
Une transcription de Amadou Kendessa Diallo & de Magnalen Traoré