Le monde entier a célébré ce jeudi 13 février 2020, la journée internationale de la radio. A défaut d’une commémoration avec faste, nous avons donné la parole aux acteurs évoluant au sein des différentes radios de Kankan qui ont mis l’occasion à profil pour évoquer certaines difficultés auxquelles ils sont confrontés.
Alpha Oumar Koita, le secrétaire général du syndicat professionnel de la presse privée de Kankan, dénonce les maux quasi-permanents qui gangrènent le secteur de la radio dans la deuxième grande ville du pays.
« En plus des nombreux cas d’exactions et de répressions dont sont victimes les reporters, ce qu’il faut déplorer surtout ici à Kankan, c’est le mauvais traitement des journalistes par leurs employeurs. Il n’est de secret pour personne que les journalistes pour la plupart, ne sont pas payés. Et le reste, qui ne représente que la minorité ne perçoit même pas à hauteur du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) », a-t-il déploré.
En conséquence, toujours selon les observations du secrétaire général du syndicat professionnel de la presse privée de Kankan « dans la plupart des radios, les éditions d’informations, considérées comme poumon, chôment. Puisque la rédaction ne peut fonctionner sans les moyens de bord ». Avant de pointer son doigt accusateur sur les patrons de media de la place. Nous sommes avant tout, une entreprise.
Pour répondre aux reproches qui sont les siens, Lanciné Lasse Kaba, PDG et fondateur de la radio Nabaya et coordinateur régional de l’URTELGUI (Union des radios et Télévisions Libres de Guinée) en Haute Guinée s’est exprimé en ces termes.
« C’est vrai que la radio ne nourrit pas son homme. C’est vrai que nous patrons de médias avons des problèmes. Mais le gouvernement aussi nous crée des problèmes. Nous avons besoin d’argent pour payer les équipements, les travailleurs et les commodités. Mais nous voyons que dans la région, l’atmosphère n’est pas plausible. Vous n’écoutez que de la musique sur plusieurs radios de la place. Il n’y a pas de publicité, c’est difficile. Moi-même j’avais espéré qu’avec l’avènement d’Alpha Condé, la subvention allait être plus grande. Mais elle est encore plus petite et elle est souvent impayée. Les sociétés de téléphonie qui nous confiaient les gros marchés, ne communiquent plus et à cette allure, nous on ne gagne pas d’argent. C’est ça le problème. Parce qu’il n’y a rien. Si c’est un devoir pour nous de payer le personnel, c’est aussi un devoir pour l’Etat de nous aider à nous mourir », a-t-il dit.
En mettant un terme à son intervention, il invite tous les jeunes professionnels de radio à la patience et à croire en l’avenir notamment de la convention collective qui est toujours en cours de réalisation.
« Il faut attendre l’accord cadre qui est en train de se faire à Conakry. J’ai déjà lu le draft. S’il est approuvé, on sera tenu de respecter le contenu que je me réserve de divulguer. En tout cas pour ne pas avoir des problèmes avec la loi, il nous reviendra de nous mettre en toute conformité. Il y a même des propriétaires de radios qui ont proposé de n’employer désormais que 4 personnes. Deux journalistes et deux techniciens. On n’aura pas d’autres choix, devant le fait accompli », a-t-il précisé.
A noter qu’avec la fleuraison des médias qui a suivi la libéralisation des ondes en 2005, l’univers des radios n’a cessé de s’agrandir à Kankan. Aujourd’hui, on dénombre 7 implantées dans la localité y compris la RTG et 2 antennes relais à savoir celle de la radio Espace Guinée et tout récemment celle de Sabari FM.