La scène montrant une jeune fille frappant au visage et donnant des coups de pied à un soldat israélien impassible ressemblait à un montage de propagande irréaliste et surréaliste destinée à montrer l’audace et la témérité d’une résistante Palestinienne, d’un côté, et de l’autre, la discipline dans le respect du règlement militaire d’un soldat de l’armée israélienne, qui n’a rien à en vouloir à la discipline d’un soldat allemand.
Les circonstances leur ont donné l’occasion de faire l’histoire involontairement avec le concours de Donald Trump qui a mis le feu aux poudres en déclarant Jérusalem capitale d’Israël. Les remous sociaux dans les territoires occupés, à côté de leur maison, Ahed Tamimi, son père et sa mère venaient de voir un soldat israélien tirer et blesser grièvement à la tête de son cousin. Le sang lui était monté au cerveau. On ne nous dit pas si c’est le soldat agressé qui avait tiré sur son cousin, raison pour laquelle il était resté de marbre devant les coups de la jeune Palestinienne, s’estimant assez méritant de cette colère, mais les observateurs qui sont tombés juste sur la scène pouvaient se demander pourquoi le soldat ne lui avait pas donné une baffe bien sonnée pour lui apprendre à jouer les Jeanne d’arc ou les M’Balia Camara, dont le marché qui vient de cramer à Conakry, porte le nom.
C’est là qu’une facette reluisante de la justice indépendante dans une démocratie vraie se montre. Certains passionnés avaient demandé la perpétuité pour la jeune fille, mais ceux qui ont charge de la justice ont gardé la tête froide, puisqu’en allant dans tous les détails des circonstances, pesant l’état d’âme de la fille au moment des faits, dans le feu de l’action, l’on avait d’abord pensé à 7 ans, mais finalement, pour une adolescente survoltée, qui a vu son cousin tiré à bout portant et le sentiment de révolte qui a pu animer Ahed, il faillait mettre beaucoup d’eau dans son vin pour éviter l’effet contraire en fabriquant une nouvelle figure de la résistance palestinienne.
Si elle plaide coupable, reconnaissant qu’elle a outrepassé ses droits pour demander une remise de peine, elle n’aura que 8 mois de rétention, il ne lui reste plus que 5 mois, puisqu’elle avait été coffrée depuis le 15 décembre.
Mais que peut-on voir dans ce deal ?
Une autre justice eût eu la main plus lourde. Si Ahed avait été une Guinéenne, une Sénégalaise, une RD-Congolaise, une Russe ou une Chinoise, aurait-elle pu négocier pour réduire sa condamnation ? Les Israéliens ont donné l’opportunité à la jeune Palestinienne de s’en sortir à bon compte, mais aussi pour redorer leur blason de la raison du plus fort exercée sur les territoires occupés depuis un demi-siècle, de ne pas avoir surtout sur le dos un fardeau aussi lourd que cette Ahed.
Si elle devait être un martyr, c’était un symbole très et trop voyant de la résistance contre Jérusalem, capitale de l’Etat hébreux, et pour cause, elle est blonde et a des yeux bleus, dit-on, ce qui contraste avec la réalité de la sous-région. Pour cerner tous les contours de cette affaire, il faudrait que l’on nous aide à savoir si ce ne sont pas les yeux bleus et les cheveux blonds de Ahed Tamimi qui ont retenu le soldat et la justice israélienne. Ahed est revenue à la raison et s’estimant heureuse d’avoir porté main sur un soldat israélien pour si peu. Les trois mois de taule ont paru une éternité. Elle a des choses à nous raconter, cette belle tête brûlée.
Quoi qu’il en soit, tout finira bien pour Ahed, perdre 7 printemps dans un trou israélien, c’est certain qu’en ressortant à 24 ans, elle aurait le visage d’une demi-vioque décatie pleine de poux dans ses beaux cheveux blonds … Bravo à elle et au soldat et aussi merci à la justice israélienne.