Je pense que cette réflexion, cette volonté de prendre des décisions pour nous-mêmes, pour soutenir et accompagner le secteur minier a commencé »
Le dimanche 19 février 2023, M. Ismaël Diakité était l’invité de l’émission « Le grand gisement » consacré au débat sur le secteur minier. Le thème du jour : Politique de développement du secteur minier guinéen et efficacité du contenu local.
Nous vous proposons, ci-dessous, la transcription de l’intervention du Président de la Chambre des Mines au cours de ce débat qui a regroupé des journalistes et des consultants, tous experts du secteur minier guinéen :
FIM FM : M. Ismaël Diakité, vous êtes ingénieur géologue et un expert du secteur minier. Vous êtes également le Président de la Chambre des Mines et Haut-Représentant de Winnings Consortium Simandou. Pouvez-vous nous faire un résumé de votre réflexion sur la contribution du secteur minier au développement de la Guinée ?
Ismaël Diakité : Ce n’est pas une réflexion personnelle. J’ai eu l’avantage de rencontrer une personne ressource de haut gabarit à Indaba, Cape Town, lors de la conférence annuelle qu’on appelle Africa Mining Indaba et j’ai voulu tout simplement partager ces réflexions avec mes pairs et avec l’opinion, pour juste rappeler qu’il faut maintenant quitter les sentiers battus. Il faut réfléchir par nous-mêmes et pour nous-mêmes, il faut éviter de tomber toujours dans la prise en compte des concepts importés. Il n’y a pas mieux que de réfléchir par soi-même pour porter une vision à laquelle vous croyez et pour laquelle vous pouvez vous battre. Donc, c’est un partage d’une réflexion d’une personne ressource. Pour être honnête intellectuellement, il fallait que je dise que ce n’est pas de moi forcément parce que moi aussi j’ai le nez dans le guidon. Donc c’est une réflexion partagée.
FIM FM : Merci pour cette précision, vous l’avez dit, honnêteté intellectuelle oblige. Alors, comment traduire cette thérapie dans les faits en vue d’un développement minier responsable en Guinée ?
Ecoutez, il y a le contexte qui compte. J’étais dans un contexte où nous parlions, dans le cadre d’un panel sur le souverainisme des ressources ou nationalisme des ressources et comment ceci est vu à travers un prisme qui tienne compte, à la fois des chaines d’approvisionnement des marchés mais également des risques liés aux investissements miniers. Donc, c’était ça le contexte. Pour être bref, on a beaucoup réfléchi sur le contenu local : Qu’est-ce que le contenu local ?
Traditionnellement, dès qu’on parle du contenu local, on parle d’emploi, des achats locaux, de la sous-traitance locale, un peu du développement communautaire, ainsi de suite. Est-ce que cela est suffisant pour avoir la part ou les impacts économiques espérés par la population ?
Je pense que ce qui est important, ce sont aussi bien les impacts que la propriété des entreprises minières, par les pouvoirs publics qui créent des sociétés d’Etat mais également par une élite nationale, une classe d’hommes et de femmes d’affaires qui doivent être soutenus et accompagnés pour que la maitrise des ressources qui sont, par nature non renouvelables, soit dans les mains des nationaux. C’est la meilleure façon de repartir, de créer et surtout d’enraciner la richesse dans le pays au lieu de se contenter des emplois rémunérés, des petits contrats de sous-traitance ou d’achats locaux qui ne sont que du saupoudrage.
FIM FM : Nous allons revenir plus amplement sur le contenu local. Restons sur cette thérapie qui est envisagée pour toute l’Afrique de façon générale, en parlant de la façon dont elle pourrait s’appliquer particulièrement à la Guinée. Votre avis d’expert dans le domaine compte. Quelle partition l’Etat peut-il jouer au-delà de la législation et de la règlementation ?
Je pense qu’il faut que l’administration anticipe sur les fluctuations du marché aussi bien des capitaux que des matières premières, sur la volatilité des prix des matières premières sur les marchés Internationaux et également sur les flux de capitaux vers le secteur minier. Ceci est fondamental. On n’a pas appris à réfléchir par nous-mêmes, notre réflexion accompagne toujours celles des experts dits internationaux, celles des partenaires au développement qui viennent avec des concepts que nous cherchons à transplanter chez nous…C’est ce que je disais à l’entame de cette discussion : On est sur des sentiers battus. Il faut qu’on apprenne à réfléchir. Je pense que cette réflexion, cette volonté de prendre des décisions pour nous-mêmes, pour soutenir et accompagner le secteur a commencé. Il faut l’amplifier. Au-delà de la législation, du cadre institutionnel, il y a des actions concrètes de soutien à une classe de Guinéens capables de s’investir pour que nous ayons une élite forte dans le secteur. Certains exemples : En Afrique sud, pour qu’il y ait de grands hommes d’affaires comme Patrice Motsepe, il a fallu que des décisions soient prises dans le cadre de ce qu’on appelle le Black empowerment policy qui été initié par Nelson Mandela. Au Nigeria, c’était la même chose. Le Général Obasanjo, à l’époque, a créé toute une classe qui, aujourd’hui, compte les plus grands industriels du continent. Vous connaissez le cas de Dangote et le patron de la compagnie aérienne nigériane qui a aujourd’hui pignon sur rue. Donc, il faut un accompagnement qui va au-delà des simples incitations fiscales, parafiscales et douanières. Il faut avoir des structures de financement, des structures de garantie des financements pour accompagner certains investisseurs qui peuvent davantage créer des revenus plus pérennes qui, dans la plus grande partie, seront encaissés et entretenus dans l’économie guinéenne.
Intervention de M. Mohamed Camara
FIM FM : M. Mohamed Camara, Consultant, est en phase avec vous, M. Ismaël Diakité. La question que nous vous posons maintenant : Comment appliquer tout cela dans le contexte géopolitique mondial actuel ?
D’abord, je voudrais revenir sur ce que disait M. Camara tout à l’heure. Il a tellement raison en disant qu’il n’y a pas que l’or sur lequel il faut orienter les Guinéens. Aujourd’hui, il y a toutes les matières premières, critiques, énergétiques qui rentrent dans le cadre de la transition énergétique et dans le cadre des nouvelles technologies liées à la digitalisation et à l’utilisation de l’électricité dans beaucoup d’applications technologiques. Donc, il y a toute une série de matières minérales, pondéreuses et non pondéreuses qui peuvent faire l’objet de permis et d’accompagnement particuliers du Gouvernement pour soutenir justement l’émergence d’une classe d’hommes et de femmes d’affaires en Guinée. Ceci est possible et ne demande pas autant de capitaux que lorsque vous vous engagez dans la bauxite, dans les minéraux de fer ou autres ; cela ne demande pas aussi une connaissance trop avancée sur les questions de marchés qui, de tout façon, sont aujourd’hui des questions ouvertes, faciles à appréhender à partir des moyens de digitalisation que nous avons. C’est bien à préciser. Il y a assez de places et d’ouvertures. Maintenant, le contexte international et la géopolitique dont vous parlez, est surtout influente lorsque vous avez affaire avec des matières stratégiques, des matières essentielles qui intéressent les grandes puissances et pour lesquelles il faut de gros investissements, des gros capitaux dans des conditions de remboursement et de garantie plus ou moins difficiles à réaliser. Donc, la géopolitique, au plan de la mobilisation des financements pour le secteur minier, est complexe mais elle est connue. Il y a pas mal d’experts guinéens qui, en matière de géopolitique, peuvent se prononcer sur les facteurs liés au marché global. La géopolitique également, par rapport au marché des matières premières, est connue. Donc, ce ne sont pas des questions en dehors du niveau de connaissance et de capacité de beaucoup de Guinéens. En géopolitique, c’est l’intervention des pouvoirs publics, l’intervention de tous les influenceurs qui peuvent accompagner les pouvoirs publics pour que nous aussi, nous apprenions à mieux connaitre le contexte international. Et pour cela, il y a de grands avocats guinéens maintenant qui sont à l’étranger qui peuvent aider à nous positionner par rapport à certains marchés de capitaux, de matières premières, certaines technologies à transférer pour que nous ayons tous ces facteurs de notre côté afin que nous puissions tirer le meilleur profit de nos ressources. Je vous rappelle que, quand on est dans le domaine des ressources non renouvelables, c’est une obligation morale, ne serait-ce que pour soutenir les générations futures, de s’investir dans l’action, issue d’une réflexion et d’une démarche stratégique propres à nous. On a trop pris en compte les concepts étrangers pour les appliquer ici ; mais pas toujours de la bonne manière.
Question de Oumar Toutia Barry, Consultant : Depuis 2018, la Guinée a une nouvelle politique minière qui a été élaborée par le Ministère des Mines et qui est fondée sur 4 piliers que je vais rappeler : c’est l’amélioration de la gouvernance minière, faire du secteur minier un catalyseur de la transformation de l’économie, M. le Président de la Chambre des Mines l’a dit, faire du secteur minier un élément de renforcement du capital humain et enfin le secteur doit contribuer à préserver le capital naturel, c’est-à-dire les ressources hydrique et forestière. Donc, je reviens sur le deuxième pilier qui nous intéresse particulièrement. Le problème à ce niveau, on sait qu’il y a beaucoup d’investissements dans le secteur minier. Entre 2010 et 2019, il y a eu près de 6 milliards de dollars. Mais qu’est ce qui fait qu’on n’arrive pas à capter l’essentiel de ces investissements en termes d’absorption par l’économie locale ?
Ces piliers dont vous parlez, est ce qu’on peut franchement créer une dynamique de développement à long terme en se fondant sur des ressources non renouvelables ? C’est la grande question que je me suis toujours posée. Il faut qu’on raisonne autrement. Le secteur minier aujourd’hui, dans la réalité, il compte dans le PIB et tous les indicateurs macroéconomiques. Il compte aussi dans la réalité des faits sur le terrain parce qu’il y a des emplois, des mines par ci et par là, des moyens logistiques assez avancés. Mais en faire le deuxième pilier tel que défini, je pense que cela, à long terme, ne pourra pas nous servir parce que tout simplement, on va arriver à un niveau où ces ressources desquelles nous sommes fiers aujourd’hui vont s’amenuiser. Quand ces ressources vont s’épuiser, qu’est-ce que les générations futures vont recevoir de nous ? C’est pourquoi, je dis qu’il est temps que nous quittions les sentiers battus et que nous raisonnions, non seulement par rapport au long terme parce que la Guinée n’a pas besoin de créer la richesse seulement pour une, deux ou trois décennies. Elle a besoin de mettre en place cette richesse et de créer des infrastructures pérennes qui puissent permettre aux générations futures de dire qu’on a reçu un héritage.
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FIM FM : Vous étiez en train de développer votre argumentaire sur la question de la durabilité de l’impact des activités minières et vous annonciez trois points.
Au-delà du fait que, dans la réalité, le secteur minier peut être un secteur moteur pour favoriser l’intégration économique en Guinée, il y a quand même le fait que, par nature, c’est un secteur de long terme par rapport à une industrie, une commodité. Mais ce qui peut donc assurer à la Guinée une réussite durable, c’est d’investir dans le capital humain, pas seulement en termes de formation ou du relèvement du niveau de connaissances technique et technologique mais le niveau et la capacité d’initier et de développer des affaires en tirant le meilleur profit de la diversité des ressources dont le sous-sol de la Guinée est doté. Il faut le faire vite, quitter le cadre des emplois précaires ou relativement précaires, quitter le domaine des simples emplois pour aller vers le domaine de la propriété du capital industriel. La deuxième chose, c’est de profiter des revenus miniers pour investir le maximum dans ce qu’on appelle la Formation brute du capital fixe, c’est-à-dire ce qui va rester durant des générations, des grosses infrastructures, des infrastructures majeures dans tous les secteurs, que ce soit des barrages hydroélectriques, hydroagricoles mais également des grands ouvrages d’art qui vont favoriser l’intégration physique de toutes les régions de la Guinée mais en même temps la connectivité avec les pays voisins dans le cadre des organisations sous-régionales. La troisième chose qui me parait, également, extrêmement important, c’est d’assurer que nous investissions dans l’industrialisation, dans la transformation en aval. En 1959, nous avons eu l’usine d’alumine de Fria. C’était sur quelle base ? Il y avait de l’eau, on a créé l’électricité, certes une petite capacité et on est allé progressivement. C’était tellement bien positionné par rapport au système Konkouré que ce système aurait dû être développé davantage. Donc, cette modernisation va de pair avec le développement de l’expertise nationale, le développement du leadership national dans le secteur minier. Ce sont les trois choses, pour moi, qui peuvent rester et qui pourront être transmises aux générations futures pour que la Guinée tire le meilleur parti de ses ressources non renouvelables. Mais il est temps de décrocher. Je pense que dans les décennies à venir, un de vos intervenants a parlé tout à l’heure du code minier actuel, de mon point de vue, il y a du travail à faire parce que tout le paradigme de ce code-là n’est pas d’actualité et avec le contexte actuel. Il faut passer à l’action, réfléchir autrement et il y a un espace, sans déstabiliser qui que ce soit, de réflexion et d’action pour améliorer le cadre légal et institutionnel du secteur minier.
FIM FM : Pour traduire cette vision minière, dans les faits, dans les pays africains comme les nôtres, nous estimons que les investisseurs actuels, les sociétés minières qui sont en activité en Guinée, peuvent être mises à contribution. Vous connaissez bien ce secteur-là. Qu’est ce qui peut être fait par ces partenaires pour aider la Guinée à réussir ce pari ?
Il y a de bonnes conventions et un très bon dispositif institutionnel en place. Mais, Je le dis et je le répète : ce qu’il faut, c’est travailler. Nous n’entrons jamais dans les méandres des conventions pour en tirer le meilleur parti. Il faut le faire car il y a des opportunités réelles qui ont été traduites en clauses simples, intelligibles et compréhensibles. Il faut tout simplement faire appliquer ces clauses let pour cela, il faut une administration qui suive, qui fasse un monitoring, qui évalue, réévalue et qui passe à l’action. C’est tout ce qu’il faut. Les compagnies minières ne cherchent pas mieux que cela, parce que ça fait partie de leurs obligations de conformité légale, règlementaire et sociétale. Donc, il y a du travail à faire, il y a des opportunités et on peut profiter justement de l’expertise des grandes multinationales, de toutes les sociétés étrangères qui sont là et des capitaux qu’elles apportent pour créer plus de valeur. Mais il faut un travail méticuleux, professionnel. Il ne faut plus continuer à être de simples employés mais il faut participer à l’action minière, posséder les ressources et la technologie minière pour pouvoir assurer, aux générations futures, un héritage.
FIM FM : D’autres préconiseront, M. Diakité, le fait de travailler davantage dans la transparence, c’est-à-dire dans la bonne gouvernance. Quel est votre avis là-dessus ?
La question de la transparence, je vais être clair là-dessus, c’est de tous les côtés. Elle est très relative. Lorsqu’ on s’investit dans la connaissance d’un texte, d’une politique, d’une convention, on est tous disposé à être en conformité. Lorsqu’on manque de lecture, d’effort pour comprendre, à la fois les faits et le contexte, il y a quelque chose qui va manquer. Dès que quelque chose manque, la transparence est mise en cause. Est transparent qui le veut, pourvu que tu acceptes de t’investir.
Oumar Toutia Barry : J’ai des questions relatives, premièrement, au modèle de société qu’il faudra peut-être penser. Est-ce qu’il faut revenir au modèle de société mixte, comme la CBG avec une grande présence de l’Etat dans le capital des entreprises, ou bien il faut trouver une autre formule de structuration des sociétés minières. La deuxième, c’est toujours au niveau de la question de transparence : En Guinée, il existe encore certaines entreprises qui signent des contrats qui ne sont pas forcément divulgués à travers des canaux comme le site guinnecontract. Que pensez-vous de ces pratiques qui ne riment pas encore avec transparence dans le cadre de l’accès aux données ?
Je disais, tout à l’heure, qu’on a un dispositif institutionnel qui est assez robuste. Mais, il faut continuer à le renforcer. Dans ce dispositif, je crois qu’il y a un mécanisme d’exposition de toutes les conventions à l’opinion et à toutes les parties prenantes. Mais, demandez aux administrateurs ou à la société civile : Qui rentre dans les détails de toutes les conventions, avec leur complexité, pour les comprendre, les suivre, pour les appliquer ? Très peu de personnes. Il y a un site où les conventions sont divulguées. Donc, je pense que c’est à nous de chercher à comprendre et de nous faire accompagner pour comprendre. Mais, déjà, il y a un grand acquis : je crois que la machine a été mise en marche pour aller, disposition par disposition, dans les différentes conventions pour voir ce qui est fait et ce qui n’est pas fait, mais on ne peut pas pointer du doigts qui que ce soit pour dire qu’il n’est pas transparent ou n’a pas voulu l’être. C’est à nous d’aller chercher à comprendre et de demander des explications. Et après, si on a une position à prendre, on vient l’expliquer. Pour en revenir à l’Etat, je vais vous dispenser de certains détails. Mais, comment le Brésil est arrivé à posséder ses ressources ? Ceux qui connaissent un peu l’histoire des gisements de Caracas. ; il y avait une société d’Etat qu’on appelait CVRD à l’époque, qui est devenu Vale par des mutations multiples. Société d’Etat à 100% à l’origine, aujourd’hui c’est une société qui est la pus grande exportatrice de minerai de fer au monde. La même chose s’est vue dans le monde capitaliste. Alcoa vient des Etats-Unis. Il y a eu des Etats fédérés qui ont été à la base. Alcan, au Canada ? C’est la province du Québec, ensuite le Canada qui se sont investis. Donc, on peut s’investir, l’Etat doit s’investir, l’Etat doit posséder les ressources.
FIM FM : Parlons maintenant du contenu local, de façon plus détaillée. Quel est votre regard sur ce que beaucoup voient, aujourd’hui, plus comme un discours à la mode qu’un outil de développement réel ?
Je ne dirais pas comme ça. Je dirais, tout simplement, qu’on est dans un processus évolutif. Si, il y a dix ou quinze ans, on parlait moins du contenu local, on parlait de croissance, de retombées économiques, d’effets d’entrainement, aujourd’hui on parlait de recherche de voies pour créer les meilleurs impacts sur les communautés et sur le niveau du développement du pays. Mais, comme, je le disais tantôt, quand vous lisez la politique du contenu local et vous lisez également le code minier, vous sentez qu’il y a tout un pan, pour moi, qui représente 90% du contenu local : la possession à la source par des entités locales guinéennes, que ce soit étatique, comme on a commencé à le faire avec la SOGUIPAMI et d’autres agences comme l’ANAIM, ou la possession, par un secteur privé dynamique qui va travailler de concert avec l’Etat. Cette possession-là, son niveau doit être relevé et le contenu local, pour moi, il commence là-bas, pas seulement dans les salaires parce qu’il y a des emplois, pas seulement dans les petits contrats d’achats locaux, de sous-traitance qui sont souvent même très difficiles à mettre en place mais surtout par la possession du capital, par la création d’un leadership fort dans le secteur privé qui puisse prendre le relais sur toutes les ressources. Que ce soient les mines métalliques, les matières précieuses, semi précieuses ou les matières critiques énergétiques, il y a de la place dans le secteur minier pour une élite guinéenne. Le contenu local doit être intégré, élaboré et traduit en éléments de politique. Donc, le code minier actuel, la politique du contenu local actuelle et le dispositif actuel doivent être améliorés. Sans déstabiliser le secteur, on peut commencer à faire des introductions pour améliorer le cadre légal. Hier, j’en parlais avec la Bourse de Sous-Traitance et de Partenariats qui fait une campagne pour que toutes les compagnies adhèrent mais nous l’encourageons à battre également pour que ce contenu local aille au-delà de ces trois branches : Formation/Emploi, Achats locaux et sous-traitance locale.
Intervention de M. Mohamed Camara, Consultant, qui partage les points de vue du Président de la Chambre des Mines de Guinée et reconnait que la politique du contenu a des insuffisances.
FIM FM : M. Diakité, on parlait, tout à l’heure, des limites de cette politique du contenu local, ne serait-ce que dans son applicabilité. D’autres parleront également des sociétés qui sont théoriquement guinéennes alors que les détenteurs réels sont plutôt des étrangers. Que peuvent faire l’Etat et ses partenaires pour resoude ce problème ?
C’est un problème qui a déjà sa solution. Je pense qu’il y a la notion de produits d’origine guinéenne, la notion de PME et PMI guinéennes qui sont clairement définies dans les différentes lois qui existent. Une fois encore, est-ce qu’on prend le temps de faire tous les recoupements ? J’ai pris des exemples : Quand vous prenez, aujourd’hui, une entreprise guinéenne qui a le RCCM. Vous avez des moyens juridiques et administratifs pour savoir si ses propriétaires sont des prête-noms ou pas. Donc, il y a un travail à faire. Au lieu de faire ce travail, au lieu de rester dans la spéculation, dans l’imagination, ce sont nos conseillers juridiques et nos avocats d’affaires qui doivent nous dire comment ces sociétés sont bâties, quels sont les actionnaires, faire toutes les due diligences nécessaires pour savoir si ce ne sont pas des prête-noms. Si on ne fait pas ce travail et qu’on attend que la société commence à travailler pour dire qu’il y a des gens qui sont derrière. Je dis NON ! Il faut qu’on quitte ce domaine de l’imaginaire, de l’imagination pour aller vers du concret en utilisant les compétences existantes et en faisant toutes les due diligences nécessaires pour avoir la clarté sur la propriété réelle des PME guinéennes. Aujourd’hui, il existe de nombreuses PME de commercialisation d’eau minérale et la définition d’un produit d’origine guinéenne est donnée non seulement par la loi guinéenne mais également par la CEDEAO, Donc, on peut qualifier les entreprises en utilisant les moyens de due diligence, on peut qualifier les produits en utilisant la législation nationale et régionales qui existe., pour être professionnel et dynamique.
FIM FM / Oumar Toutia Barry : M. le Président de la Chambre des Mines, parlons maintenant des évolutions en ce qui concerne le projet Simandou. On sait qu’il y a eu beaucoup de rebondissements dans l’affaire du Simandou. Quelle est votre lecteur des dernières évolutions, entre 2021 et maintenant, et surtout quelles sont les perspectives. Autrement dit, à quoi peuvent s’attendre les Guinéens ?
Je pense qu’on ne s’est jamais autant rapproché de la réalisation effective de ce projet. Je travaille sur ce projet depuis 17 ans et je ne me suis jamais senti aussi proche de sa réalisation que maintenant, pour la simple raison que les bonnes décisions ont été prises, le travail a été fait, on a fédéré les compétences, les énergies, les moyens et nous avons aujourd’hui un projet qui est plus structuré, plus équilibré et heureusement, le contexte national et international sont des plus favorables. Donc, il y a un grand espoir que le projet se réalise. Il y a des échéances qui ont été définies, que vous connaissez parce que cette information été reprise par tous les médias. Mais, mon sentiment personnel aujourd‘hui, et au-delà du sentiment, ma conviction : Nous sommes très proches de la réalisation complète, je dis bien complète du projet Simandou dans toutes ses composantes.
FIM FM : Merci M. Diakité pour votre disponibilité et pour toutes ces informations !
INTERVIEW TRANSCRITE PAR LE SERVICE COMMUNICATION DE LA CMG