Depuis sept mois, la coupe et le transport du bois sont interdits en République de Guinée. Cette interdiction frappe de plein fouet tous les acteurs de bois dans la préfecture de Faranah principalement les menuisiers. La situation est de nos jours plus critique car la rareté du bois sur le marché a entraîné la hausse vertigineuse du prix du bois et des meubles, mais aussi et surtout la baisse des travaux dans les menuiseries. Ce qui a poussé beaucoup d’apprentis à abandonner ce métier très convoité autrefois par les jeunes.
Inquiets, ces professionnels de bois et particuliers se plaignent de la détérioration des conditions de vie de leur famille due au manque de bois où ils tiraient profit pour subvenir aux besoins familiaux et autres. Un madrier Lengué (double) qui était vendu avant l’interdiction à trois cent mille francs guinéens se vend aujourd’hui à six cent mille francs guinéens. Les lits qui se vendaient à un million deux cent mille francs guinéens se vendent de nos jours à deux millions voire plus.
Rencontré ce week-end dans son atelier, un maître menuisier du nom Mamady Condé a expliqué le calvaire que traverse la corporation à Faranah. Il rassure que les prix sont chers et les bois sont difficiles à trouver : « Nous vivons du bois. Nous ne coupons pas du bois. On achète du bois dans les dépôts. Si cela est interdit ça nous inquiète et impacte négativement sur la vie de nos familles. Cette interdiction nous a causé assez de difficultés« .
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Poursuivant, il dira : « D’abord nous avons divorcé avec nos femmes. Ensuite, nos apprentis ont déserté parce qu’on ne gagne pas du boulot. En plus de tout cela, le double de bois Lengué qu’on achetait à 400 000 fg s’achète aujourd’hui à 600 000fg et pour avoir, c’est un véritable casse-tête puisqu’on ne voit même pas. On vendait un lit à 700 000 fg à 1 000 000 fg suivant la qualité, aujourd’hui nous vendons à 2 000 000fg.
Nos clients ont refusé de nous remettre l’argent pour travailler car pour eux, nous allons manger leur argent parce que nous n’avons pas de bois. Nos ateliers sont vides. Si on ne travaille pas nos familles sont misérables. On avait appris à un moment donné que l’interdiction est levée mais ça n’a pas eu lieu. Nous demandons aux autorités à tous les niveaux de lever cette interdiction pour libérer la consommation locale« .
Interrogé, le président des menuisiers de Faranah, Sayon Cissé alias Rougeau, a déclaré : « Nous, menuisiers de Faranah avons beaucoup souffert aujourd’hui et nous avons des difficultés de supporter nos familles. On est inquiets et on ne sait à quel saint se vouer. Le menuisier aussi contribue au développement de la Guinée. Suite à cette interdiction, le double qu’on achetait à 300 000 fg, aujourd’hui il faut 600 000fg parfois on ne voit même pas. Nous prions le gouvernement de libérer au moins la consommation locale pour que nous puissions nourrir nos familles et pour que nous puissions aussi former nos jeunes apprentis qui seront l’avenir de ce pays. Nous voulons tous le développement de ce pays, on va tous veiller afin de dénoncer les coupeurs de bois qui envoient vers d’autres pays pour les sanctionner ».
Faut-il rappeler que cette interdiction qui vise à préserver le patrimoine forestier guinéen a été annoncée suite à la découverte à Mamou et à Faranah d’importants stocks de bois en phase d’être exportés en Sierra Léone.