Depuis ce mardi, des équipes composées de policiers, de gendarmes et de militaires sont positionnées sur plusieurs points réputés être chauds de la route Le Prince notamment de Hamdallaye jusqu’à Kagbelen en passant par Bambéto, Cosa, Wanindara. Pour le gouvernement, cette mesure vise à assurer la sécurité des habitants de ces zones. Par contre, les citoyens apprécient différemment cette décision gouvernementale. Pour les uns, c’est une manière d’attiser la violence sur cette partie de la capitale où la tension est très souvent vive. Pour les uns, la présence des hommes en tenue sur ces lieux peut dissuader les populations souvent victimes des actes de vandalisme.
Ainsi, du côté de Cosa et de Bambeto par exemple, on voit des pickups des forces de l’ordre juste au niveau des ronds-points. Juste derrière, des hommes en tenue, assis sous un arbre, échangent. Mais cette présence de ces forces de maintien d’ordre n’est pas du goût de ce jeune qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat.
« Depuis hier matin, on a vu ses hommes armés débarquer au niveau des rails où ils ont d’ailleurs installé une tente et au rond-point. On avait appris la rumeur mais on n’y croyait pas. Maintenant avec leur présence sur place, on est certain que le gouvernement veut restreindre notre liberté. Pour le moment comme ils sont assis et ne font rien, on les laisse tranquilles. Mais gare à eux, s’ils s’en prennent à un d’entre nous », prévient le jeune rabatteur.
Sur la même lancée, Ibrahima Diallo, indique: « je pensais que le gouvernement avait mieux à faire que de mettre de l’huile sur le feu. Avec toute la tension qui existe actuellement au niveau de l’axe, il a préféré encore envoyer des hommes armés pour, dit-il, sécuriser les citoyens. C’est juste une provocation et rien d’autre. Le gouvernement sait pertinemment que les jeunes sont antipathiques aux forces de l’ordre. Mais malgré tout le risque que cela comporte, il a quand même déployé ses hommes sur tout l’axe. J’espère seulement qu’il n’y aura pas de bavure », souhaite Ibrahim Diallo trouvé devant son kiosque à Cosa.
Contrairement à ses deux premiers intervenants, un jeune qui se dit militant du RPG-arc-en-ciel salue cette initiative du gouvernement. Pour Souleymane Keita, cette présence des forces de sécurité sur l’axe va diminuer la terreur que la population est en train de vivre actuellement.
« Nous sommes en train de vivre une terreur qui commence à s’installer. De ce fait, il est important que le gouvernement prenne sa responsabilité pour protéger les citoyens. Ce n’est pas non plus une façon de restreindre les libertés des citoyens. Donc, c’est une mesure à féliciter » indique-t-il.
Assurer la sécurité des citoyens est un devoir pour l’Etat. Mais selon, un activiste de la société civile, cela doit se faire dans le respect des lois de la République. Mais cette mesure du gouvernement est anticonstitutionnelle, estime Mamadou Bobo Bah, membre de la cellule Balai Citoyen.
« Le déploiement des forces de défense dans certaines zones considérées sensibles notamment au niveau de l’axe n’est pas de nature à faire baisser les tensions sociales et politiques en cours. Il constitue une violation flagrante de notre constitution en son article 142. Donc, l’Etat doit prendre des dispositions pour assurer la sécurité des citoyens tout en respectant la loi », indique l’activiste de la société civile.
Très souvent, des bavures sont enregistrées lors des opérations de maintien de l’ordre. Et à chaque fois, la police et la gendarmerie sont pointées du doigt par les citoyens.
Cependant, ces derniers ne parviennent pas à identifier clairement les mis en cause. Pour pallier cela, les citoyens souhaitent l’immatriculation des engins des forces de l’ordre qui sont déployés dans ces zones.