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Inondations à Kankan : après le déluge, des victimes du sinistre ressassent leur calvaire  (reportage)

Dans la province de Kankan, la saison pluvieuse de cette année a été marquée par des cas d’inondation, sans précédent. Plusieurs zones situées dans  les quartiers comme Senkefara, Farako, Bordo ou encore à Batè Nafadji, une sous-préfecture située à près d’une vingtaine de kilomètres de la ville, se trouvent en effet sous les eaux, depuis le début de ce mois de septembre, avec des populations sinistrées, sans aucune aide des autorités compétentes, a-t-on constaté sur place.

Des familles entières  sont depuis des jours envahies par les eaux qui ont engendré plusieurs dégâts matériels importants, un cas de disparu et des centaines de déplacés dont certains privés de leurs maisons dorment à la belle étoile.

Dans ces quartiers inondés de Kankan, les citoyens riverains qu’on rencontre n’ont de mot que pour raconter leur malheur et d’implorer l’aide des gouvernants.

Hadja Fanta Kamissoko, la soixantaine  vit avec ses petits fils, dans la zone sinistrée de Bordo. Le déluge l’a dépossédé de ses vivres, y compris sa petite ferme.

« Nous avons été surpris à 2 heures du matin, par cette grande pluie. En un court laps de temps, nous n’avions plus où aller. Tous les passages ont été bloqués. C’est grâce à une pirogue que nous sommes parvenus à nous sauver. Les bêtes que j’élevais, n’ont pas eu cette chance. Ces eaux ont décimé la moitié du bétail que j’avais, toutes mes poules et mes canards ont été emportés sans parler de mes sacs de riz et autres nourritures qu’on avait en stock dans la maison. Moi-même c’est  par la grâce de Dieu que l’eau ne m’a pas emporté. Nous  demandons vraiment aux autorités de nous venir en aide. On n’a même pas où dormir», a-t-elle déploré.

Le plus grave est que ça va faire bientôt deux semaines, que les riverains de ce quartier continuent de vivre dans ce calvaire. Devant l’inaction des autorités, certains sinistrés tentent comme ils peuvent avec les moyens du bord, de se débarrasser de ces eaux qui les entourent. Balla Bérété est à pied d’œuvre, muni d’une pelle, il essaie de creuser un canal de ruissellement pour prévenir d’autres inondations.

« Actuellement, c’est comme vous le constatez, le statuquo. Les flux d’eau sont encore là. Depuis plusieurs jours on appelle au secours mais personne ne nous vient en aide. C’est pourquoi aujourd’hui, je me suis moi-même décidé à creuser une voie pour la circulation de ces eaux qui nous empêchent de vaquer normalement à notre quotidien. Sinon, la situation risque de s’empirer. Chaque fois qu’il pleut, le niveau de l’eau augmente et en cette période, il pleut quasiment tous les jours. Donc on est obligé comme vous le voyez  vous-même, de se démerder comme on peut», a-t-il affirmé.

Pour répondre devant les spirales d’inondations auxquelles nous assistons, les services de la protection civile de Kankan, ne possèdent qu’un seul camion  qui, la plupart du temps est en manque de carburant. C’est ce que nous a confié le colonel Amara Condé, commandant dudit service.

«  Nous n’avons qu’un seul camions. Et quand les gens nous appellent le plus souvent, nous sommes obligé de les faire comprendre qu’on a même pas de carburant pour nous déplacer. Sinon j’ai des hommes compétents et courageux, prêts à l’intervention mais il faut qu’on nous vienne en aide en termes de matériel », a-t-il plaidé.

Par ailleurs, contrairement à ce que pense l’opinion publique, ces nombreux cas d’inondation selon les spécialistes, ne sont pas liées à un débordement du fleuve Milo dû à la pluviométrie.

D’après les précisions d’El Hadj Amara Camara, chef de la station météorologique de Kankan, la pluviométrie ne connait aucun regain extraordinaire cette année.

Selon lui, ces inondations sont plutôt l’œuvre, des constructions anarchiques obstruant la circulation des eaux de ruissellement quand il pleut.

« La quantité d’eau qui est tombée cette année n’est pas extraordinaire. On a eu de 100 à 2000 mètres cubes en 24 heures, le jour où les inondations sont survenues. Cette quantité, ne peut pas être à priori à la base des inondations. La véritable cause, c’est que les gens ont construit de façon totalement anarchique, même le long de la rive. Donc dès qu’il y a une petite quantité, même si elle n’est pas extraordinaire, cela occasionne des inondations. Dans certains quartiers,  on construit mais personne ne prévoit des plans de canalisation des eaux de ruissellement. Donc je peux vous assurer que ce n’est pas le lit du fleuve qui a débordé pour venir envahir les maisons, mais plutôt les constructions anarchiques. Il est temps que les services en charge de l’habitat veillent au grain pour éviter d’autres cauchemars de cette envergure voire  plus », a-t-il prévenu.

A rappeler qu’à l’instar de Kankan, plusieurs autres préfectures à travers la Haute-Guinée sont sérieusement affectées par ce phénomène d’inondation en cette saison pluvieuse.

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