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Immigration clandestine à Labé : Témoignages pathétiques des familles de victimes et candidats

C’est un secret de polichinelle. Le Fouta en général et la région administrative de Labé en particulier sont frappés de plein fouet par le fléau de l’immigration clandestine qui continue à endeuiller de nombreuses familles. Face à cette situation qui ne fait que s’accroître du jour au lendemain, la rédaction régionale de Guineenews basée à Labé a eu l’opportunité d’échanger avec des familles endeuillées ou inespérées. Des familles qui se sont prêtées à des témoignages inédits sur les conséquences dramatiques de cette forme d’immigration dévastatrice.

« C’est le 14 août dernier qu’on m’a annoncé la mort de mon fils. Il est en Libye depuis 7 mois. J’étais rassuré car il travaillait comme manœuvre dans des chantiers depuis au moins 3 mois. On communiquait de temps à autre et tout allait très bien. C’est contre toute attente qu’on nous a annoncé sa mort mardi dernier.

Selon l’informateur, il aurait embarqué avec un groupe de jeunes le 09 août 2021. Mais que leur pirogue ou bateau, je n’en sais pas trop a chaviré et qu’ils n’avaient que des bidons de 10 et 20 litres comme canots de sauvetage.

Donc, ils se sont accrochés à ces bidons durant des heures et des heures. Ils étaient une dizaine mais c’est seulement deux qui auraient survécu. Tous les autres y ont trouvé la mort après des heures de résistance accrochés aux bidons », raconte Hadja Mariama Diallo, la mère de Mamadou Bilo Diallo, jeune ayant trouvé la mort récemment au large de la Libye.

A la question de savoir comment elle a eu ces informations, Hadja Mariama précise : « c’est un jeune qui nous a appelé depuis la Libye pour nous informer. Que ce sont les rescapés qui ont relaté la scène et que c’est ainsi qu’ils ont informé les familles des autres victimes. Car selon lui, chaque candidat doit impérativement laisser un numéro à appeler avant de s’embarquer.

Donc, on n’a pas vu de corps mais on était obligé de s’en tenir à cette version et comme vous le voyez, le deuil est consommé. Les gens viennent de partout pour présenter les condoléances. Ainsi va la vie, c’est la volonté de Dieu ».

Contrairement à cette première, Amadou Barry n’a, depuis un bon moment, aucune nouvelle de son frère qui aurait pris la route de la Libye. De fil à aiguille, il aurait retrouvé l’un des passeurs mais sans gain de cause. « Depuis maintenant 3 mois, je n’ai pas de nouvelle de mon petit frère Abdourahmane Barry âgé seulement de 19 ans. C’est le 11 juillet dernier qu’il avait dérobé de l’argent dans mon magasin. Depuis cette date, il a quitté Labé. C’est la seule fois qu’il nous a appelé pour nous dire qu’il était vers Bamako. Depuis plus rien. Les jeunes m’ont indiqué celui qui serait le passeur ou son intermédiaire ici à Labé. J’ai tout fait pour avoir des détails auprès de ce monsieur mais impossible. On a failli se battre. Finalement, j’ai même été voir la sécurité mais qui s’est malheureusement déclaré aussi incompétente dans cette affaire. Donc, je suis là à attendre sans le moindre espoir », soutient-il.

Oncle d’un jeune en situation irrégulière du côté de l’Algérie, ce commerçant qui a préféré garder l’anonymat explique : « tantôt on nous dit que notre enfant est en prison, tantôt on nous informe qu’il est malade. La famille a financé au moins 28 millions GNF en rançon et frais d’hospitalisation. Quand ils nous appellent, c’est un bip. Ils nous font comprendre que c’est pour une question de vie ou de mort. Donc, il faut qu’on transfère l’argent aussitôt. Quand tu reçois ce genre de message, tu es obligé d’agir aussitôt.

Mais tout dernièrement, il (le jeune clandestin) nous a appelés pour nous faire part d’un autre projet pouvant lui permettre d’arriver en Europe. On l’a juste répondu qu’on ne finance plus rien pour lui. S’il veut partir en Europe, qu’il revienne d’abord ici ».

Avec une autre démarche, Mamadou Kouyaté a dépensé en vain environ 50 millions GNF : « mon fils est au Maroc depuis un peu plus de deux ans maintenant. Il avait entendu parler d’un réseau de passeurs très sûr. Un réseau qui aurait fait ses preuves avec beaucoup de jeunes du quartier. Donc, on a mobilisé les fonds demandés qui s’élèvent à un montant de 4 000 euros. On a fait son passeport et il a pris l’avion pour se rendre au Maroc. Sur place, il a suivi la procédure annoncée, il a payé tous les frais mais le processus est toujours bloqué. Il est là-bas mais ça ne bouge pas et il refuse de rentrer au pays. Personnellement, j’ai fini par comprendre que c’est une arnaque mais il ne veut pas y croire. Aux dernières nouvelles, il aurait même trouvé un petit travail sur place, il se débrouille ».

Il faut signaler que ces jeunes sont très souvent issus de familles nantis mais qui pour la plupart refusent de fournir le moindre effort pour assurer leur avenir. Une situation qui pousse ces jeunes à passer par tous les moyens possibles pour atteindre leur Eldorado.

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